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1852, 25 février – Charles Pépin



Homicide à motif indéterminé – arme blanche (hache) – aliénation mentale

Trois-Rivières, prison – 1 SC

Thomas Therrien, apparemment déclaré inapte et envoyé en institution psychiatrique.

Le vendredi 20 février 1852, Thomas Therrien, qui croupissait derrière les barreaux de la prison de Trois-Rivières depuis quatre mois pour avoir tenté de tuer sa femme, s’est retrouvé le soir dans la même cellule que Charles Pépin et Adolphe Beaudoin, incarcérés « pour n’avoir pas payé une amende de 25s […]. »[1] Les deux hommes avaient une sentence d’une semaine à purger. Pour passer la journée, Pépin a demandé à un gardien de lui prêter une hache afin de s’en servir comme modèle pour fabriquer un manche. Le soir, alors que les détenus devaient retourner à leur cellule, Therrien a réussi à dissimuler la hache dans ses vêtements.

Vers 19h10, le gardien Lanigan a entendu un cri alors qu’il venait à peine de refermer la porte de la cellule qui contenait les trois détenus. Il a alors découvert que Pépin était grièvement blessé et que Beaudoin avait été atteint à un bras. Heureusement, Beaudoin a réussi à désarmer Therrien et s’est empressé de remettre l’arme du crime au gardien. Quelques minutes plus tard, Pépin devait succomber sur le plancher de la cellule.

Lors de l’enquête du coroner, la blessure de la victime a été décrite comme ayant une longueur de 5 pouces (12,7 cm) et « deux pouces de profondeur. » À la lecture de cette enquête, on constate que Therrien a lui-même contre-interroger les témoins, ce qui laisse entendre qu’il a tenu à se représenter lui-même. Il a d’ailleurs fait remarquer que c’est Pépin et Beaudoin qui avaient demandé à passer la nuit dans la même cellule que lui. D’autres part, certains échanges laissent entendre que Therrien n’avait pas toute sa tête.

Le procès de Therrien s’est déroulé le 13 septembre 1852, au terme duquel il a été déclaré coupable mais envoyé à l’asile de Beauport.[2] Il y serait décédé avant la fin du siècle.[3]


 

[1] La Minerve, 2 mars 1852.

[2] Il y a quelques années, j’ai fait des démarches pour tenter d’obtenir le dossier psychiatrique de Thomas Therrien, mais on m’a expliqué qu’étant donné la nature confidentielle des dossiers médicaux même la loi du 100 ans ne s’appliquait pas. Ces dossiers, en admettant qu’ils aient été conservés, ne seront jamais rendu publics.

[3] La Patrie, 15 mars 1905.  Pour affirmer que Therrien était décédé à l’asile de Beauport (maintenant devenu l’Institut universitaire en santé mentale de Québec après avoir été le centre Robert Giffard), le journal montréalais, alors présent dans la région de Trois-Rivières concernant l’affaire du meurtre de Sclater, se disait informé par le directeur de la prison William Ginnis, qui occupait ce poste depuis 1865.


 

Enquête du coroner Valère Guillet:


Un autre document de Guillet est la déposition des témoins.  Cette fois le document est en français et on décrit Pépin comme journalier « de la dite ville des Trois-Rivières ».

Richard Lanigan, le « turn keys » de la prison commune des Trois-Rivières est assermenté et dit : « I know the prisonner Thomas Therien.  I was here last night I believe there was no quarrel between the prisoner and Charles Pépin yesterday.  I shut them up in their room last night at about five or six minutes before seven o’clock.  I heard the noise in the room where I shut up the three prisonners at about ten minutes after seven o’clock I heard crying [mot rayé] and calling in the room.  I want near the door of the room and [I saw] Beaudoin wounded and Charles Pépin was lying down.  Charles Pépin said a few words in french but I did not understand them.  I saw then the prisonner and he was standing up.  He had nothing in the hands.  The witness cannot say who had the axe, but Beaudoin gave it to him.  Immediately after called on Mr Ginnis that he might have the Doctor.  I am sure there was no other person in the cell but the accused, Beaudoin and Charles Pépin.  I know the axe shown to me belong to this house since fourteen years.  It is the same axe I received from Beaudoin.  I think it is Davieau the other turn key that [???] the axe.  The accused was in goal since octobre last

Lanigan expliqua aussi que Thérien aurait demandé un prêtre et qu’il ne paraissait pas excité.  Et il semblait que Pépin est mort vers 19h30.

Crossed examined [contre-interrogatoire par l'accusé] par l’accusé.

q. l’accusé demande au témoin s’il sait qu’il a été huit jours sans manger.

r. the day before yesterday one the the prisonners Beaudoin or Charles Pépin told me that the accuse date ate bred once in the tow days last past, in saying once I mean to say a meal.

q. est-il venu quelqu’un dimanche et mardi derniers me demander?

r. I can not say if any came on Sunday [illisible] had any body come he would not have got in.  But the other days those who asked for him have been admitted in.

 

Adolphe Beaudoin est décrit comme journalier de Trois-Rivières il déclare : « je suis prisonnier depuis sept jours.  Je restais dans une même cellule avec Thomas Thérien et Charles Pépin, deux autres prisonniers.  Charles Pépin et moi, Adolphe Beaudoin ».  Il dit que vers 19h00 ils ont été renfermés tous les trois dans la même cellule « pour y passer la nuit ».  « Quand nous avons été entrés, Charles Pépin et moi, nous sommes couchés après avoir fait notre prière; et [aussitôt j’ai entendu des cris on veut me tuer et c’était la voix  de Therien qui était avec nous].  Notre chandelle était encore allumée et dans le même temps, j’ai entendu frapper un coup sur le dit Charles Pépin, qui s’est mis à crier en [???], O monsieur, on me tue dans le [???], je me suis retourné, j’ai vu l’accusé qui avait une hache [???] et qui venait frapper sur moi et qui m’a frappé en effet dans le côté droit; en recevant le coup j’ai dit à Charles Pépin ».  Pépin l’aurait aidé à prendre la hache des mains de Thérien.  Pépin et Beaudoin ont ensuite crié et appelé de l’aide.  Beaudoin ajoute qu’il avait reçu aussi un autre coup au genou gauche.  Il confirme aussi que Richard Lanigan le tourne-clef est arrivé le premier et c’est à Daviau que Beaudoin dit avoir remis la hache.  Il dit aussi qu’avant-hier Daviau avait demandé qu’on lui fasse un manche de hache.  « Charles Pépin lui a dit prêtes nous en une et on te fera un manche ça nous désennuiera; il nous a prêté la hache et nous lui avons fait le manche.

« Nous avons commencé à en ébaucher encore chacun un, c'est-à-dire Charles Pépin et moi et monsieur Ginnis, le geolier, ayant besoin de la hache, nous lui avons remise et après que Mr Ginnis en a eu fini, nous l’avons demandée de nouveau à Daviau que nous la prêtée; c’était hier après-midi; ensuite nous avons entré du bois, après avoir laissé la hache où on s’en servait; après avoir entré le bois, nous n’avons pas revu la hache; c’est moi qui l’ai pas revue et je ne sais comment elle est parvenue dans notre cellule.  L’accusé c'est-à-dire Thomas Thérien, était resté seul dans l’endroit où nous avons [???] la hache et n’[???] entré de bois avec nous : après avoir entré le bois, nous avons soupé et ensuite avons été enfermés dans notre cellule avec le dit Thomas Thérien.  J’ai la conviction que le dit Thomas Therien avait caché la dite hache dans sa paillasse ou [???] pour exécuter son [???].  après que Pépin a été frappé, et avant que je le tasse j’ai vu la hache

Genou gauche pour Beaudoin

Beaudoin dit avoir mis ses deux mains sur la plaie de Pépin mais le sang lui glissait entre les doigts.  Il estimait que Pépin avait vécu encore vingt minutes après avoir reçu le coup. 

Puis Thérien pose les questions suivantes au témoin :

q. ne m’avez-vous pas mis vous et Charles Pépin, un morceau de viande dans mon plat avec mes patates?

r. après avoir été emprisonné ma [femme] m’a envoyé de la viande pour faire du bouillie, vu que j’étais malade et avait de [illisible] j’ai mis un morceau de [???] dans son plat, en lui disant mange si tu veux.

q. Tu [plusieurs mots rayés] vous êtes entrés dans la prison Pépin et vous, n’avez-vous pas n’avez-vous pas demandé à coucher avec moi dans ma cellule?

r. c’est Daviau, le tourne clef, qui nous a demandé si on voulait coucher dans la même cellule et nous y avons consenti.

q. après la première nuit, la femme de Charles Pépin n’était pas venue le voir?

r. oui, elle est venue

q. n’a-t-elle pas demandé à son mari comment ça va et n’avez-vous pas répondu ça va bien vite et n’a-t-elle pas répondu ne le faites pas [???]

r. j’ai répondu ca va bien, nous ne nous ennuyons [???] et notre [???] bien vite.

q. n’avez-vous pas dit que vous vouliez m’oter [???]

r. Nous n’avons jamais dit cela.

q. n’ai-je pas été huit jours sans manger?

r. J’ai [???] qu’il a été trois jours sans manger, c’est vrai je ne l’ai pas vu manger pendant trois jours de suite.

q. n’ai-je pas demandé à la femme de Pépin de dire au curé de venir me voir?

r. oui l’accusé lui a demandé cela.

Dans le témoignage de Daviau on comprend que Ginnis lui reprocha d’avoir oublié la hache.  Puis Thérien demande à Daviau :

q. Ne vous ai-je pas dit d’aller chercher le curé?

r. l’accusé me l’a demandé hier et il m’a dit que Mr Ginnis, le geolier, était obliger d’aller le chercher et l’accusé

Dans son témoignage, Ginnis dit être arrivé avant que Pépin rende l’âme, si bien que Pépin aurait eu le temps de lui dire : « il m’a dit que c’était une affaire étrange et qu’il savait bien qu’il allait mourir du coup qu’il avait reçu de Thomas Thérien, l’accusé.

C’est le 2 mars 1852 que Thérien est examiné et interrogé, cultivateur de Ste-Monique dans le comté de Nicolet, devant Joseph Edouard Turcotte et Denis Genest Leblanc.  « félonieusement, volontairement et de sa malice prémédité.  Quand ont lui demande de quelle paroisse il vient, sa réponse fut : « je ne puis pas vous rire dans ce temps-ci ».  Puis on lui demande « Pouvez-vous dire pourquoi vous ne pouvez rien dire dans ce temps-ci? »

« à cette question le dit Thomas Thérien reste muet et s’obstine à ne pas répondre nonobstant la demande qui lui est faite plusieurs fois.

 

 


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