1866, janvier – Marie-Aglaé Babin, 28 ans
- 17 nov. 2024
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Homicide domestique – par noyade
Buckingham, rivière du Lièvre - ? SC
Non élucidé. Pasteur Jérémie Babin, acquitté.
Le cadavre en décomposition de Marie-Aglaé Babin, 28 ans, a été retrouvé le 25 juin près de la rivière du Lièvre à Buckingham. Infirme, Marie-Aglaé était incapable de se déplacer toute seule. En janvier 1866, en même temps que la disparition de Marie-Aglaé, son frère Joseph avait quitté pour les États-Unis. Le même soir, une dispute serait survenue entre le révérend Jérémie Babin et Joseph. Ce dernier était venu lui confier la garde de sa sœur handicapée, mais le pasteur de la mission St. Stephen ne voulait pas s’occuper d’elle. « Très peu de gens au village avaient entendu parler de cette jeune femme infirme avant que le corps ne soit retrouvé, flottant entre des billes de bois. Le révérend l’avait installée à l’étage, dans une petite chambre avec vue sur le cimetière. En trois mois et demi, jamais elle n’a quitté cet endroit, sauf pour aller rejoindre la mort. Elisabeth Abbott, la femme du révérend Babin, et aussi la cousine du député d’Argenteuil et futur premier ministre du Canada, John Caldwell Abbott, était enceinte de leur premier enfant. À l’époque, plusieurs croyances absurdes vis-à-vis des personnes au physique différent circulaient. L’une d’elles : la vue d’une personne handicapée pouvait nuire au développement normal de l’enfant à naître. »[1]
Marie-Aglaé a été inhumée sans cérémonie, mais le fossoyeur a constaté qu’elle avait les pieds difformes, une information qui a été suffisante pour convaincre le coroner de procéder à une exhumation. La cause du décès a alors été attribuée à la noyade. Toutefois, puisqu’elle était apparemment incapable de se déplacer toute seule, on en a déduit qu’elle avait été assassinée. Pour sa défense, Jérémie Babin a affirmé avoir confié sa sœur à un certain Moïse Ledoux, mais ce dernier est demeuré introuvable. Le procès du pasteur s’est ouvert en janvier 1867 à Aylmer et il a été acquitté. En 1869, après la mort de sa femme, il a confié ses enfants à ses beaux-parents avant de disparaître aux États-Unis, où il est décédé en 1913, happé par une voiture en Ohio.[2]
[1] Mathieu Bélanger, « 141 ans plus tard, L’affaire Babin enfin résolue », Le Droit, 17 novembre 2007.
[2] En 2007, l’historien Raymond Ouimet a affirmé avoir retrouvé la trace de Moïse Ledoux et avoir élucidé l’affaire. Rappelons seulement que sans le verdict d’un procès légal un homicide ne peut être officiellement résolu.
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