1897, 30 octobre – Jean-Baptiste Laplante, 42 ans
- 18 nov. 2024
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Profit personnel – battu à mort
Saint-Liboire, rang Saint-Georges – 1 SC
Jean-Baptiste Guillemain, son neveu de 17 ans, condamné à mort, sentence commuée.
Le 30 octobre 1897, vers 19h15, alors que la noirceur s’était installée sur la région de Saint-Liboire, Hormidas Lapierre, un voiturier de 29 ans, découvrait le corps ensanglanté de Jean-Baptiste Laplante dans le rang Saint-Georges. Selon Mathilda[1], la femme de Laplante, celui-ci s’était absenté à Sainte-Rosalie afin d’emprunter de l’argent pour acheter du foin. Selon les premières constatations, Laplante a été sauvagement battu, au point où son crâne a été défoncé et un œil était sorti de son orbite. On lui a également fait les poches.[2]
Ce commerçant de foin de 42 ans travaillait avec son frère Isaïe, et il était le père de sept enfants. On le disait joyeux mais vantard. On présume qu’il n’aurait pas eu le temps de pousser un seul cri lorsqu’on l’a agressé, d’autant plus qu’il était presque arrivé chez lui.
Une première hypothèse voulait que trois individus aperçus à l’Hôtel Quintal le jour même du meurtre soient les auteurs du crime. Devant le coroner Blanchard, la veuve a expliqué que son mari avait quitté la maison la veille pour prendre le train de Saint-Hyacinthe. Il avait l’intention d’emprunter 200$ à son frère[3] et 1 274$ à un certain Siméon Touchette de Saint-Liboire. Au moment où Lapierre est venu frapper à sa porte, elle se souvenait avoir dit à ses enfants « c’est peut-être votre père qui est mort. » Si elle ne lui connaissait aucun ennemi, elle a cependant précisé que « vendredi dernier, il a reçu une lettre d’avocat. Je ne sais pas s’il a fait un règlement. Il devait voir hier soir la personne qui lui a fait écrire la lettre d’avocat. » Interrogée sur la relation qu’elle entretenait avec son mari, Mathilde n’a eu que de bons mots.
Jean-Baptiste Guillemain, 17 ans, le neveu de Laplante, s’était installé récemment aux États-Unis avec ses parents afin de trouver de meilleures conditions de travail. Depuis trois semaines, il était revenu au Québec afin de travailler pour son oncle. Selon lui, le couple Laplante était en très bon terme. Le soir du meurtre, « lorsque monsieur Lapierre est venu et a demandé si monsieur Laplante était ici, ma tante a répondu non. Monsieur Lapierre est reparti de suite pour aller avertir monsieur Nadeau, le voisin. Je n’ai pas reconnu le corps qui était dans le chemin. Ce sont les petits garçons qui ont établi l’identité de leur père. »
Deux semaines après l’enquête du coroner, la police a annoncé l’arrestation de Jean-Baptiste Guillemain.[4] Entre temps, le jeune homme était retourné au sud de la frontière pour effectuer de folles dépenses, ce qui avait aussitôt mis la puce à l’oreille des policiers. Le grand connétable Lambert de Montréal et le procureur général Me Blanchet s’étaient même déplacés jusque dans le Maine pour superviser l’arrestation. Guillemain a ensuite livré une autre version selon laquelle il se disait amoureux de sa tante et qu’il avait agis sous les ordres de celle-ci. Finalement, il a présenté une troisième version dans laquelle il avouait avoir agis seul.
Le procès de Guillemain s’est ouvert le 20 juin 1898[5]. L’accusé a témoigné pour sa défense, mais le jury l’a tout de même reconnu coupable. Le juge a fixé son exécution au 30 septembre. Une semaine avant que Guillemain ne monte sur l’échafaud, sa peine a été commuée en emprisonnement à vie. Il aurait été libéré de prison le 25 juillet 1911[6]
[1] Selon La Patrie, Mathilde Berthiaume était âgée de 39 ans, mais d’autres sources la décrivent à 42 ans.
[2] La Patrie mentionna une somme de 1 274$ mais il semble que Laplante ait remboursé cette somme à quelqu’un peu de temps avant sa mort et ne pouvait donc l’avoir en sa possession au moment d’être tué.
[3] Selon Daniel Proulx, Les grands procès du Québec, 1996, p. 43-49, c’est plutôt auprès de son père que Laplante aurait fait cet emprunt.
[4] Étrangement, c’est sous le nom de « Jean-Baptiste Quintel » que La Patrie désigna le neveu à l’époque de l’enquête du coroner et de l’arrestation.
[5] Proulx, op. cit., le procès aurait plutôt débuté le 27 juin 1898.
[6] Proulx, op. cit., p. 49.
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