Homicide conflictuel – arme à feu (fusil de chasse)
Saint-Eustache – 1 SC
Théophile Bélanger, son beau-frère, pendu.
Le 12 février 1903, à Saint-Eustache, Antoine Séguin a été abattu d’au moins un coup de fusil tiré par son beau-frère, Théophile Bélanger. Ce dernier est allé chercher le Dr Lecavalier en lui demandant de venir voir, prétextant que Séguin était malade. Une fois sur place, lorsque le docteur a fait remarquer que Séguin était peut-être mort, Bélanger est devenu silencieux. Peu après, il a refusé d’entrer dans la grange, affirmant qu’il devait s’occuper de son cheval à l’extérieur.
Dans l’étable, le corps de Séguin gisait à plat ventre dans le foin, sa casquette derrière la tête et les bras étendus droit devant. Le Dr Lecavalier a constaté la présence de plusieurs trous dans le crâne. Le témoin Vincent Paquette a même trouvé la bourre d’un fusil de chasse dans la barbe de la victime. Le docteur a alors pris la décision de boucler la scène de crime en postant des gardes à l’entrée de la grange pour ne laisser entrer personne avant l’arrivée des autorités. Déjà, plusieurs curieux s’étaient rassemblés autour du bâtiment.
Selon un notaire qui a assisté à l’enquête du coroner, il s’agissait probablement d’un meurtre à saveur politique. L’autopsie, pratiquée le même soir, a permis de retirer une centaine de plomb de la tête de la victime, ce qui démontre bien l’utilisation d’un fusil de chasse. Les os du visage avaient été fracassés par la puissance de la décharge. On a donc considéré que la mort avait été instantanée. Aucun autre organe n’a été touché. Le crâne a ensuite été inséré dans un sac de glace avant d’être expédié au Dr Parizeau, à Montréal.13 Quelques jours plus tard, Bélanger a demandé au Dr Lecavalier s’il était possible de faire la différence entre du sang humain et animal.14
Durant le procès de Bélanger, qui s’est tenu du 15 au 25 mars 1904 à Sainte-Scholastique, le notaire Champagne a expliqué qu’en 1901 on avait demandé son aide pour gérer certaines difficultés familiales entre Bélanger et Séguin. En fait, Bélanger serait venu le voir pour lui demander s’il était possible de se débarrasser du père Séguin. Le notaire lui avait alors répondu : « Eh bien, mon cher, c’est impossible. Vois-tu, Séguin a le droit de rester chez vous en vertu de certains actes de donation. À tout événement, je verrai Séguin, ces jours-ci, et nous tâcherons d’arranger ça. »
En janvier 1902, Champagne et l’abbé Cousineau étaient revenus chez Bélanger pour éviter qu’une autre dispute ne dégénère. Bélanger avait même demandé au notaire de préparer des papiers pour le libérer de ses obligations envers Séguin. Ce dernier s’était aussitôt emporté : « On veut me chasser d’ici. Bélanger est arrivé chez nous sans le sou. Il trouve que je suis un obstacle à ses projets. Il a tort, car je ne lui fais aucun mal. Au contraire, je fais instruire ses enfants. » Le notaire et l’abbé avaient quitté les lieux après avoir compris qu’il serait impossible de résoudre ce litige.
Au terme du procès, Bélanger a été reconnu coupable et le juge l’a immédiatement condamné à mort. Il a été pendu à 8h06 le 10 juin 1904.
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