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1914, 10 mai – Marie-Blanche Dubois, 19 ans 

  • 6 déc. 2024
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 déc. 2024



Homicide à motif indéterminé – objet contondant (marteau de cordonnier) 

Québec, 775-779 rue Saint-Vallier – 1 SC 

Non élucidé. Joseph Dion, un ancien employé, acquitté. 

À la mort de son père, le 2 octobre 1913, Marie-Blanche Dubois98 et sa mère ont hérité du commerce familial situé au 775-779 rue Saint-Vallier, à l’intersection de la rue Massue, à Québec. Le dimanche 10 mai 1914, Wilfrid Dubois, 21 ans, est descendu au rez-de-chaussée vers 8h15 pour servir un client, le fils du Dr De Blois. Peu de temps après, sa sœur Marie-Blanche y est allée pour lui ramener des souliers boutonnés pendant que Wilfrid se préparait pour se rendre à la grand-messe. 

Sur l’entrefaite, vers 9h45, Honoré Duguy, 22 ans, sonnait à la porte. La veille, Marie-Blanche lui avait vendu une paire de bottes qui ne lui convenaient pas. Depuis son appartement situé à l’étage, Mme Mélanie Dubois lui avait dit « ouvrez ». Duguy a alors lancé « je viens faire changer une paire de bottines, est-ce que je pourrais voir Wilfrid? » Mme Dubois a répondu : « entrez au magasin, vous allez voir la jeune fille, elle va vous les changer tout de suite. » Pendant que Marie-Blanche servait Duguy, Wilfrid est venu les rejoindre pour se choisir une paire de chaussettes. Peu après, Duguy a quitté le magasin. 

À 9h55, Marie-Rose avait déjà quitté pour la messe, et Wilfrid est sorti avec son cousin Lucien Paquet99, 7 ans, pour se rendre à l’église Saint-Sauveur, à quelques pas de là. Ainsi, il ne restait plus que Marie-Blanche et sa mère à la maison. Selon le témoignage de la mère, c’est à 10h30 que sa fille a pris les clés pour descendre à la boutique après lui avoir confié qu’un autre client souhaitait changer ses chaussures. Du haut de l’escalier, Marie-Blanche a vu le client avec un paquet dans les mains, mais sans jamais révéler à sa mère son identité. 

À son arrivée, à 10h40100, une tante a fait remarquer à Mélanie que l’absence de Marie-Blanche se prolongeait. Inquiète, Mme Dubois s’est rendue au rez-de-chaussée pour découvrir que le magasin était inoccupé. Dans l’arrière-boutique, elle a découvert sa fille étendue sur le dos, dans une mare de sang. À l’arrivée du Dr Leclerc, la blessée de 19 ans, qui faisait à peine quatre pieds et onze pouces, râlait déjà. Son corps était froid et sans pouls. Après avoir constaté le décès, Leclerc a découvert dans l’arrière-boutique un marteau de cordonnier laissé sur le plancher, et près de l’endroit où se trouvait la tête de la victime. Le manche était fracassé près de la tête du marteau, dont celle-ci était encore couverte de quelques fragments d’os et de matière cervicale. Les boîtes de chaussures se trouvant sur les tablettes étaient tachées de sang. En fait, les giclures s’étaient répandues sur une longueur de douze pieds et jusqu’à huit pieds de hauteur vers le plafond. L’autopsie a permis de déterminer qu’il n’y avait eu aucune tentative de viol. 

Rapidement, les soupçons se sont tournés vers Joseph Dion, un ancien employé de la boutique Dubois. Il avait travaillé pour eux du 26 avril au 31 décembre 1913. L’enquête du coroner le tiendra d’ailleurs criminellement responsable du meurtre de Marie-Blanche. Lors de l’enquête, lorsque le procureur a demandé au frère de la victime d’expliquer la raison du départ de Dion, une objection de la défense l’a empêché de répondre, nous privant ainsi, peut-être, d’une information importante. 

Le procès qu’on a intenté à Dion pour meurtre a démontré qu’il avait réalisé des dépenses importantes, essentiellement parce qu’il prévoyait s’installer en ménage avec une jeune femme. Il savait également que la boutique faisait de 400$ à 600$ de profit en un seul samedi. Le 7 mais, Dion s’était présenté chez les Dubois pour leur demander de dire un bon mot en sa faveur dans l’éventualité où il perdrait son emploi à la Consolidated Rubber Company.  Wilfrid a raconté que Dion « rôdait à la boutique pour voir notre cordonnier. On l’a laissé libre, on lui a laissé rien voir, mais on ne l’a pas repris pour le samedi ». 

Le dimanche qui avait précédé le crime, pendant la grand-messe, Marie-Blanche avait donné à Dion une paire de bottines de marque McCready. La mère de la victime a dit sous serment que Dion avait l’habitude de sonner mais que le jour du meurtre ni elle ni sa tante n’avaient entendu quoi que ce soit. Chez les Dubois, on avait l’habitude de prononcer le nom du client avant de descendre, alors pourquoi Marie-Blanche n’avait rien dit ce matin-là?  De plus, selon Mélanie, ses enfants ne descendaient pas lorsqu’un inconnu se présentait sur les heures de la grand-messe. 

En dépit de tous ces soupçons, Dion a été acquitté. Le meurtre de Marie-Blanche n’a jamais été élucidé. Sa mère, Mélanie Paquet, s’est éteinte à Québec le 28 mars 1952. Son frère Wilfrid a lui aussi passé le reste de sa vie dans la Vieille Capitale, pour y mourir le 28 avril 1955. Un monument honore aujourd’hui leur mémoire dans le cimetière Saint-Charles.


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