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1917, 8 août – Paul Morin Sr; et Paul Morin Jr



Meurtre par vengeance / Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – Arme à feu

Snake Creek, près de Mattawa, Lac Témiscamingue – 1 SC

Aurèle Veuillette, son fils adoptif de 17 ans, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.

Dès son tout jeune âge, Aurèle Veuillette a été recueilli par Paul Morin, qui tenait une ferme à Snake Creek, à deux miles environ de Mattawa, dans le nord-ouest du Québec. C’est là qu’il avait passé la majeure partie de sa vie. Par ailleurs, Morin était père de trois enfants, deux filles et un fils de 5 ans prénommé Paul Jr.

L’une des filles de Morin, âgée de 15 ans, a fini par attirer l’attention de Veuillette, qui était maintenant âgé de 17 ans. En fait, il en serait tombé follement amoureux. Au début de l’année 1917, Morin a ordonné à sa fille et à Veuillette de cesser immédiatement cette idylle.  Veuillette a alors quitté la ferme Morin pour aller travailler sur des chantiers de la région avant d’être engagé sur la ferme de Harry Morel, un député canadien français à la législature ontarienne. La ferme de Morel était voisine de celle de Morin. Ce dernier est venu rencontrer son voisin pour lui conseiller de chasser complètement Veuillette de la région. Le jeune homme a eu vent de cette tentative d’exclusion et c’est ce qui l’aurait convaincu de se venger.

Au matin du mercredi 8 août 1917, Aurèle Veuillette a demandé congé à Morel. Au déjeuner, il a déclaré à l’épouse du fermier que « c’est aujourd’hui que je règle mon affaire avec Morin. » Peu après, le jeune homme s’arrêtait chez un autre voisin, un vieillard de 87 ans du nom de Delphis Gauthier, pour lui emprunter sa carabine. Aurèle prétextait vouloir s’en servir pour la chasse. Une dizaine de minutes plus tard, le vieillard entendait des coups de feu claquer chez Morin.

Paul Morin était en train de sarcler son jardin derrière ses bâtiments lorsqu’il a vu passer Veuillette dans un chemin. Immédiatement, il est retourné dans sa maison pour boire un peu d’eau et profiter de l’occasion pour avertir sa femme : « tiens, je viens de voir passer Aurèle avec une carabine. » Morin a ensuite regagné son jardin pour continuer ce qu’il avait à faire. Deux ou trois minutes plus tard, un coup de feu a claqué depuis une ouverture dans le haut de la grange. Morin s’est effondré, abattu d’une balle en plein cœur. Son fils de 5 ans, qui jouait devant la maison, a couru vers son père. Pendant que Paul Junior relevait la tête de son paternel entre ses petites mains, un deuxième coup de feu s’est fait entendre. Paul Jr s’est effondré sur son père, une balle en pleine tête.

Effrayées, la mère et ses deux filles se sont précipitées hors de la maison. Tandis que les jeunes filles fuyaient le plus loin possible de cette scène horrible, la femme de Morin a été atteinte à son tour à un bras en tentant d’aller porter secours à son mari et son fils. Sur les trois tirs, le tueur avait fait mouche à tous les coups.

Peu après, selon le North Bay Nugget, Veuillette est réapparu chez des voisins, sans arme, en disant qu’on venait de lui tirer dessus. Cependant, la réalité du drame s’est rapidement fait connaître. Le tueur a été arrêté. Sur le train qui le conduisait vers Bryson pour sa première comparution, Veuillette, sous bonne escorte, s’est contenté de fredonner la chanson « Tipperary. »

La Patrie a sorti la nouvelle le 10 août 1917 en écrivant qu’un « ouvrier agricole devient l’assassin de toute une famille de cultivateurs. Le détective Lorrain est dépêché sur le théâtre du crime. » Selon une version, c’est le détective Dieudonné Daniel Lorrain qui aurait lui-même procédé à l’arrestation de Veuillette alors qu’une autre mentionne que l’assassin a été cerné par des habitants du secteur. Quoi qu’il en soit, Lorrain s’est chargé de faire venir le coroner Davis de Hull afin de procéder à l’enquête sur les corps des victimes. Lorrain a retrouvé l’arme du crime, qui avait été jetée dans le bois.

Le procès de Veuillette s’est tenu devant le juge W. A. Weir à Bryson, du 24 au 26 avril 1918. C’est au cours de l’après-midi du 26 avril que le verdict est tombé : coupable de meurtre. Tandis que le juge fixait son exécution au 28 juin, Veuillette a perdu connaissance durant une vingtaine de minutes. « Cette scène a produit toute une sensation dans la cour remplie de curieux », a écrit La Patrie.

La défense a porté la cause en appel en s’appuyant sur le fait que quatre jurés francophones n’avaient pas bien compris toutes les subtilités de la charge du juge, qui s’était faite uniquement en anglais. Le juré Demers a dit dans sa déclaration sous serment : « il y a beaucoup de choses qui ont été dites pendant le procès de Veuillette et dans la charge au jury du juge Weir que je n’ai pas comprises. » Le 16 décembre 1918, La Patrie annonçait que la Cour d’appel rejetait cette requête. Le juge Lamothe s’est montré dissident. L’équipe de la défense a porté la cause jusqu’en Cour Suprême. En 1919, celle-ci leur a donné raison en cassant la décision de la Cour d’Appel. On ignore cependant si Veuillette a eu droit à un nouveau procès mais on sait que sa peine de mort a été commuée en emprisonnement à vie et qu’il a dû la purger au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.

Aurèle Veuillette aurait été libéré après 25 ans, sous condition de ne pas retourner dans la région où il avait commis son crime. Puisqu’il n’a pas respecté cette condition, on l’a renvoyé en prison pour une période que nous ignorons.


 

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