1932, 3 novembre – Adélard Blais
- 20 nov. 2024
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Homicide domestique par un conjoint non suicidaire/Parricide250 – arme à feu (pistolet de calibre .32)
Shawinigan – 1 SC
Ildège Blais, son fils de 24 ans, pendu.
Au matin du 3 novembre 1932, Ildège Blais, 24 ans, a acheté un pistolet de marque Savage de calibre .32 et des cartouches pour la somme de 15$. Un peu après 18h00, c’est sur la 4ème rue, entre Mercier et Tamarac, à Shawinigan, que son père Adélard l’a retrouvé. À ce moment-là, Ildège s’approchait de sa petite amie, Valéda Lafontaine. Celle-ci avait appris récemment qu’il avait fait un séjourné au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul et elle voulait le quitter. Pour se venger, Ildège a donc tiré sur Valéda, qui s’est écroulée, tandis que son père sautait dans la mêlée afin de le désarmer. Au cours de la lutte qui s’est engagée entre le père et le fils, un coup de feu est parti. Blessé, Adélard Blais s’écroulait sur le trottoir pendant que son fils prenait la fuite. Il a été arrêté quelques minutes plus tard par le chef de police Napoléon Longval alors qu’il marchait lentement tout en fumant un cigare.
L’enquête préliminaire, tenue le 18 novembre, a permis d’entendre les deux blessés sur leur lit d’hôpital. Affligé par la douleur, le père a refusé d’incriminer son fils. Il a toutefois succombé à sa blessure le 10 décembre, alors que Valéda resterait paralysée pour le reste de ses jours. À l’automne 1933, le premier procès de Blais a avorté en raison de l’état de santé de l’un des jurés. Son second procès, tenu immédiatement après, s’est soldé par une condamnation à mort. À l’aube du 18 mai 1934, Ildège Blais, 26 ans, a été le 7ème et dernier pendu dans l’enceinte de la vieille prison de Trois-Rivières.251
Témoignage d'Ildège Blais à son procès, 9 novembre 1933:
Le 2 novembre 1932 avez-vous couché chez vous?, lui a demandé Me Hormidas Gariépy, son avocat.
Oui, monsieur.
À quelle heure vous êtes-vous couché?
Vers les 22h30, je crois.
Qui y avait-il chez vous?
Mes deux petites sœurs et mon frère.
À quelle heure vous êtes-vous levé?
Vers les 8h00.
Le lendemain?
Le 3 au matin.
Est-ce qu’il y avait quelqu’un chez vous?
Non, j’étais seul.
Qu’est-ce que vous avez fait?
Je me suis levé, ensuite de ça je me suis pris à déjeuner.
Vous avez préparé votre déjeuner?
J’ai préparé mon déjeuner moi-même. Ensuite je suis sorti vers les 9h30, je crois bien, 9h30, 9h45.
Vers 9h30, 9h45 vous êtes parti de chez vous?
Oui, monsieur.
Où êtes-vous allé quand vous êtes parti de chez vous?
Je me suis rendu à l’Hôtel Shawinigan. Je me suis fait faire les cheveux chez un barbier qu’il y a là. Ensuite de ça je suis continué jusqu’au Shawinigan taxi.
Est-ce là qu’était employé un nommé Armand Boisvert?
Oui, monsieur.
Qu’est-ce que vous alliez faire au Shawinigan taxi?
J’allais pour essayer à rencontrer un ami pour m’aider à faire de la peinture, à travailler.
Aviez-vous de la peinture à faire cette journée-là?
Oui, monsieur.
Pour le compte de qui?
Pour mon père.
Vous souvenez-vous de l’heure à laquelle vous êtes arrivé au Shawinigan taxi?
Il devait être alentour de 10h00, je crois.
Qui y avait-il au Shawinigan taxi quand vous êtes arrivé là?
Je me rappelle pas au juste qui il y avait là. Il y avait Armand Boisvert et une couple de personnes, je crois, je me rappelle pas trop.
Est-ce que Descoteaux était-là?
Je crois que oui. Je suis pas certain.
Est-ce que Stanley McDonald était là?
Lui y était.
Est-ce que la personne que vous alliez chercher était là au poste de taxi?
Non, monsieur.
Avez-vous causé avec les gens qu’il y avait au poste de taxi?
Oui, quelques mots.
Êtes-vous resté là longtemps?
Je suis resté là, j’ai pas calculé le temps que j’ai resté là; environ une demi-heure, je crois, la première fois que j’y ai été.
Là, vous êtes parti?
Je suis parti de là et je suis retourné à l’Hôtel Shawinigan.
Êtes-vous retourné ensuite au poste de taxi?
Oui, monsieur.
Et qui y avait-il là quand vous êtes arrivé?
Je me souviens pas au juste.
Est-ce que Boisvert était là?
Oui, monsieur.
Quelle heure était-il quand vous êtes retourné?
22h45, je crois, 11h00 de l’avant-midi.
Qu’est-ce que vous avez fait quand vous êtes arrivé là cette fois-là?
Comme d’habitude, je me suis assis. J’ai parlé avec le monde qu’il y avait là.
Mais est-ce qu’il s’est passé quelque chose de particulier pendant que vous étiez là?
C’est-à-dire sur le moment je le sais pas. Boisvert m’a offert des cigarettes qu’il m’a dit qu’elles étaient très bonnes.
Comment vous a-t-il dit ça? C’est Armand Boisvert?
Armand Boisvert lui-même.
Comment vous a-t-il dit ça?
Tiens, il dit, « prends cette cigarette-là ». Il dit « fumes-la, tu vas fumer quelque chose de bon ».
L’avez-vous accepté cette cigarette-là?
Je l’ai acceptée, tout probable.
L’avez-vous allumée?
Oui, monsieur.
L’avez-vous fumée?
Je l’ai fumée complètement.
Et avez-vous remarqué quelque chose?
Oui, monsieur.
Qu’est-ce que vous avez remarqué?
J’ai trouvé que la cigarette avait un goût étrange, qu’elle était fade.
Est-ce qu’elle avait le goût des cigarettes ordinaires?
C’est-à-dire non, monsieur. Elle était d’un goût complètement étrange. C’est la première fois que j’en fumais une semblable.
Est-ce que Boisvert vous a donné seulement cette cigarette-là?
Quelque temps après, il m’en a donné une autre.
Longtemps après?
Ah, un quart d’heure, 20 minutes, je crois.
L’avez-vous accepté l’autre?
Oui, comme la première.
Vous l’avez allumée?
Oui, monsieur.
Vous l’avez fumée?
Oui, monsieur.
Après ça, qu’est-ce qui est arrivé?
J’ai continué à parler avec les autres quelques instants, mais je ne peux pas dire si c’est longtemps après. J’ai perdu complètement la mémoire des choses. Je ne peux pas dire à quelle heure, combien de temps après. Je me souviens pas complètement.
Voulez-vous dire que votre mémoire …?
Ma mémoire fait pas défaut, c’est que je me rappelle pas ce qui s’est passé là, je me rappelle pas complètement.
Vous jurez ça?
Je ne sais pas ce qui s’est passé.
Quand êtes-vous revenu à vous?
Ah, tard durant la veillée, sur le lendemain matin, je crois bien. Je me rappelle pas au juste.
Où étiez-vous?
J’étais dans ma cellule.
Où ça?
Au poste de police.
Au poste de police à quel endroit?
À Shawinigan Falls.
Vous connaissiez Valéda Lafontaine?
Oui, monsieur.
Vous la courtisiez?
Depuis environ six mois.
Est-ce que vous la voyiez souvent?
Oui, quatre ou cinq fois par semaine, je pense.
Vous souvenez-vous l’avoir vue la journée du 3 novembre 1932?
Non, monsieur.
Vous ne l’avez pas vue?
Non, monsieur.
Avez-vous vu votre père le 3 novembre 1932?
Non, monsieur.
Quand aviez-vous vu votre père pour la dernière fois avant le 3 novembre 1932?
Le 2 au matin, avant qu’il parte en promenade.
Avant qu’il parte en promenade pour Louiseville?
Oui, monsieur.
Quand aviez-vous vu Mlle Lafontaine pour la dernière fois?
Le 2 au soir.
Aviez-vous des griefs contre votre père, monsieur Adélard Blais?
Non, monsieur.
Comment vous entendiez-vous avec lui?
Très bien.
Aviez-vous eu des difficultés dans les journées qui ont précédé le 3 novembre 1932?
Non, monsieur.
Vous vous entendiez bien avec votre père?
Très bien.
Aviez-vous eu des difficultés avec Valéda Lafontaine?
Non, monsieur.
Est-ce qu’il avait été question que vous cessiez de sortir avec Valéda Lafontaine?
Oui, elle m’en avait parlé quelque temps auparavant. Elle m’avait dit qu’elle avait eu des nouvelles d’une jeune fille de Montréal.
Bien, vous pouvez laisser faire ça. Ces événements-là ou cette conversation à laquelle vous voulez faire allusion, ça aurait eu lieu ou ça aurait eu lieu combien de temps avant le 3 novembre 1932?
Ah, à peu près une dizaine de jours, je crois.
L’aviez-vous revue dans cet intervalle-là, entre ces dix jours et le 3 novembre?
Oui, monsieur.
Est-ce qu’il avait été question encore de difficultés avec elle?
Pardon?
Est-ce qu’il avait été encore question dans ces dix jours-là de ces difficultés?
Non, c’étaient pas des difficultés. Nous n’avons jamais eu de difficulté ensemble.
Vous n’en aviez pas eues?
Non, monsieur.
Avez-vous dit à Mlle Lafontaine que si elle vous laissait, qu’elle le regretterait ou qu’elle se souviendrait de vous?
Non, monsieur. C’est faux. J’ai pas dit ça.
Quand il a été question entre vous et Mlle Lafontaine de ne plus sortir ensemble, lui avez-vous dit quelque chose?
Oui, je lui ai dit quelque chose.
Qu’est-ce que vous lui avez dit?
Je lui ai dit qu’elle était libre de faire ce qu’elle voudrait; que, par exemple, je lui ai dit comme ça « Valéda, tu me regretteras plus tard parce que je ne suis pas un garçon comme tu penses ». C’est tout ce que je lui ai dit.
Ildège Blais, vous savez que votre père est mort?
Oui, monsieur.
Vous savez que vous êtes accusé d’avoir causé sa mort?
Oui.
Avez-vous, à aucun moment, voulu la mort de votre père?
Me Philippe Bigué, de la Couronne, s'est objecté aussitôt à la question en soulignant que ce serait aux jurés de décider de cette question. Immédiatement après, l’avocat de la défense lui céda sa place et le procureur Bigué put donc contre-interroger l’accusé.
Ildège Blais semblait vouloir apporter pour sa défense le fait d’avoir consommer deux cigarettes aux origines plutôt étranges, sans pour autant pouvoir prouver ce qu’elles contenaient vraiment, en plus de démentir plusieurs allégations entendus jusqu’ici au cours de la dernière année. Restait à savoir si sa défense allait tenir le coup devant les questions du procureur de la Couronne.
Quelqu’un est-il allé vous chercher chez vous pour vous amener au poste de taxis dans l’avant-midi du 3 novembre ou si vous êtes allé de vous-même?, questionna Me Bigué.
Je suis allé de moi-même, répondit Blais.
Quelqu’un vous avait-il demandé pour y aller à cette heure-là ou si vous y êtes allé parce que vous avez voulu y aller?
Personne m’avait demandé. Je suis allé pour demander un ami pour m’aider à faire de l’ouvrage.
Voulez-vous dire quel est cet ami que vous vouliez rencontrer?
Pour dire le nom même, je le sais pas. J’allais pour rencontrer un de mes amis.
Maintenant, vous dites que vous avez rencontré un monsieur Boisvert là, en arrivant, et puis un autre monsieur qu’on a mentionné, monsieur McDonald que vous croyez qui était présent. Avez-vous demandé à l’un ou à l’autre de ces messieurs si le monsieur que vous croyiez rencontrer était là ou s’il était allé là?
Je me rappelle pas au juste, monsieur.
Vous alliez pour rencontrer quelqu’un?
Oui.
Vous ne voulez pas mentionner son nom, c’est votre affaire.
Me François Désilets de la défense s’objecta aussitôt en prétextant que la question n’était pas juste en disant que « le témoin n’a pas dit qu’il ne voulait pas donner le nom ».
Dites-vous que vous ne vous rappelez pas du nom de la personne, de votre ai que vous vouliez aller chercher pour vous aider à peinturer?, reprit Me Bigué.
J’ai plusieurs amis. J’allais pour essayer à en rencontrer un pour m’aider à faire l’ouvrage. J’ai pas dit que je voulais pas le nommer.
Alors, pouvez-vous nous dire lequel? Vous avez dit dans votre examen en chef que vous vouliez rencontrer un de vos amis?
Un de mes amis.
Vous vouliez rencontrer un de vos amis pour lui demander de travailler à la peinture avec vous. Vous ne pouvez pas le nommer?
C’est-à-dire j’en ai plusieurs. Va-t-il falloir que je nomme tous les amis que j’ai?
C’est comme vous voudrez. Je vous pose cette question-là parce que je crois devoir vous la poser.
S’il faut que je nomme tous les amis que j’ai, je vais les nommer.
Qui aviez-vous dans l’esprit qui aurait pu vous aider pour faire cet ouvrage-là?, intervint le juge.
Des amis qui ont l’habitude d’aller au stand de taxis.
Vous n’avez pas d’objection à dire à qui vous pensiez?
Bien, dire juste à qui je pensais à ce moment-là … ça fait un an de ça, je me rappelle pas au juste la personne.
C’était avant les cigarettes ça, n’est-ce pas?
Je ne comprends pas.
C’était avant les cigarettes que vous alliez là pour rencontrer un ami pour vous aider?
C’est-à-dire j’ai parti de chez nous dans l’intention de rencontrer un ami pour m’aider à faire l’ouvrage.
Vous deviez avoir quelqu’un dans l’idée qui aurait pu vous aider à faire ce peinturage-là?
Bien, j’oublie, moi, ça fait un an de ça.
Maintenant, reprit Me Bigué, l’offre des cigarettes, de la première cigarette, des deux cigarettes en question, vous aurait été faites vers 11h00, 10h45?
À peu près, monsieur.
Avant ce temps-là, aviez-vous demandé à monsieur Boisvert ou à d’autres personnes pour vous acheter une arme ou un revolver?
Non, monsieur.
Vous jurez ça positivement?
Oui, monsieur.
Avant ce temps-là, avez-vous demandé à monsieur Boisvert, en présence de monsieur Descoteaux, s’il vous avait procuré ce que vous lui aviez demandé?
Non, monsieur. J’ai jamais demandé de question semblable.
Vous nous avez dit maintenant que vous aviez accepté une première cigarette que vous avez fumée et que vous lui avez trouvé un goût étrange. Qu’est-ce que vous voulez dire par là?
Je veux dire que le goût de la cigarette était complètement étrange aux autres tabacs que j’ai fumés. C’était la première fois que j’en fumais.
Seulement ça?
C’est-à-dire que maintenant … dans le moment, durant le moment que je la fumais je ne pouvais pas trouver les conséquences bien complètes dans cette cigarette-là. Maintenant je le sais.
Pour le moment vous avez trouvé que c’était un goût étrange?
Oui, j’ai trouvé un goût étrange.
Voulez-vous dire pourquoi vous en avez accepté une deuxième après ça que vous avez fumé?
Bien, j’ai accepté tout bonnement comme ça, vu que c’était une connaissance, un ami qui me l’offrait. Je l’ai accepté la deuxième fois et je l’ai fumée.
Boisvert était un ami comme vous dites?
Oui, c’est-à-dire un ami, ça faisait longtemps que je le connaissais.
Boisvert vous avait-il proposé de faire quelque chose que vous lui aviez refusé ou qu’il vous répugnait de faire?
Qu’est-ce que vous entendez par ça?
Bien, vous dites que vous auriez fumé deux cigarettes qui vous auraient fait perdre l’usage de la raison?
Oui.
Des cigarettes offertes par Boisvert?
Oui.
Boisvert vous avait-il demandé de faire quelque chose, ou vous avait-il poussé à faire quelque chose?
Pas auparavant. Après, je le sais pas. Pas à ma connaissance.
Il ne vous a jamais demandé de faire aucune chose qu’il vous aurait répugné de faire?
Pas à ma connaissance.
Vous dites qu’après vous ne le savez pas. On vous a appris ce qui s’était passé vers 18h00?
Pardon?
On vous a appris ce qui s’était passé vers 18h00 en présence de la résidence de Mlle Lafontaine?
Oui, plus tard.
On vous a appris ça?
Oui, plus tard.
Monsieur Boisvert vous avait-il jamais demandé de faire ce que vous auriez fait là?
Pas à ma connaissance, monsieur.
Monsieur Boisvert avait-il des indispositions contre votre père ou contre Mlle Lafontaine?
Je l’ignore.
Croyez-vous sur votre âme et conscience que monsieur Boisvert pouvait avoir quelque intérêt à vous faire tirer sur Valéda Lafontaine ou sur votre père?
Je ne sais pas. Je l’ignore.
S’était-il passé auparavant quelque chose qui pourrait vous justifier de croire que Boisvert, votre ami Boisvert, voulait vous faire tuer votre père et Mlle Lafontaine? S’était-il passé quelque chose qui pourrait vous faire penser ça aujourd’hui?
Pas à ma connaissance.
Avait-il été question entre vous et Boisvert qu’il vous ferait faire quelque chose qu’il vous coûtait de faire, que vous ne vouliez pas faire et qu’il aurait pu vous droguer pour vous faire faire cette chose-là?
C’est-à-dire, il m’en a pas parlé à moi, pas à ma connaissance. J’ai pas eu connaissance qu’il m’ait dit des choses semblables.
Maintenant, à quelle heure plus ou moins précise auriez-vous perdu la raison cette journée-là?
Ah ça. Je peux pas dire l’heure au juste. Je ne peux pas dire l’heure juste.
Vous aviez collecté des loyers pour votre père?
Oui, monsieur.
Vous avez donné des reçus?
Oui, monsieur.
Vous vous êtes rendu à deux ou trois reprises dans l’avant-midi au Shawinigan taxi, n’est-ce pas? Vous avez dit ça?
Deux fois, je crois, au meilleur de ma connaissance. Deux fois que j’ai été là.
Et à aucune de ces fois-là vous n’avez eu la curiosité, ou vous n’avez cru devoir demander si monsieur un tel ou un tel, ou quelqu’un des amis que vous aviez dans l’idée, s’était rendu là?
Je me rappelle pas si j’ai demandé.
Vous rappelez-vous avoir donné de l’argent à monsieur Boisvert?
Non, monsieur.
Vous en aviez de l’argent sur vous?
Oui, quand j’ai parti de chez nous j’avais de l’argent sur moi, j’avais $24.00, je crois.
Pas besoin de vous demander si vous vous rappelez être allé sur la rue Tamarac?
Pardon?
Vous rappelez-vous être allé sur la rue Tamarac?
Quand?
Vers 18h00 le 3 novembre?
Non, monsieur.
À la sortie des employés de la manufacture de coton?
Non, monsieur.
Vous ne vous rappelez pas avoir rencontré votre père?
J’ai pas eu connaissance dans ce temps-là, j’ai pas eu connaissance de rien de ce qui s’est passé. Ils m’ont appris ces nouvelles-là quelques jours après.
Vous rappelez-vous d’avoir rencontré monsieur St-Cyr?
Non, monsieur.
Vous rappelez-vous avoir demandé à monsieur St-Cyr si le revolver qu’il vous avait vendu par l’entremise de monsieur Boisvert était en ordre?
Non, monsieur. J’ai pas eu connaissance de ça du tout.
Vous rappelez-vous enfin avoir pris le revolver et d’avoir tiré deux coups d’une manière sûre pour ne pas blesser personne, dans une carrière?
J’ai pas eu connaissance de ça du tout.
Vous rappelez-vous y être allé avec monsieur St-Cyr, monsieur Boisvert et monsieur Descôteaux?
J’ai pas eu connaissance du tout.
En automobile?
J’ai pas eu connaissance de ça.
Vous ne vous rappelez pas non plus, après votre retour, être allé à l’Hôtel Shawinigan et avoir pris quelques consommations de bière?
Non, monsieur, du tout.
Vous ne vous rappelez pas non plus avoir été arrêté?
Non, monsieur.
Vous ne vous rappelez pas que le chef Longval vous ait mis en état d’arrestation et amené au poste de police de Shawinigan?
Non, monsieur.
Vous ne vous rappelez pas avoir caché dans vos souliers du tabac à cigarette et des allumettes?
Non, monsieur.
Et du papier à cigarette?
Non, monsieur.
Vous ne vous rappelez pas de ça?
C’est en dehors de ma connaissance.
Mais jusqu’à 11h00 vous aviez votre connaissance avant de fumer la première cigarette?
Oui, monsieur.
Alors jusqu’à ce moment-là vous en étiez-vous mis du papier et du tabac à cigarette, et le couteau qui a été produit comme exhibit ici?
Non, monsieur.
Vous ne vous en aviez pas mis?
Non, monsieur.
Alors, si ça se trouvait dans vos souliers ces articles-là, il faut que cela ait été mis par vous ou par d’autres?
J’ignore complètement.
Après 11h00 et en dehors de votre connaissance?
En dehors de ma connaissance.
Vous avez dit, maintenant, que quelque temps avant cette journée-là, que Mlle Lafontaine, que vous aviez visitée fréquemment Mlle Lafontaine et que vous n’aviez pas eu de difficulté ensemble. Je veux m’entendre à ce sujet-là; est-ce que vous n’avez pas dit qu’elle vous avait fait des reproches?
C’est-à-dire des reproches … elle n’a pas fait de reproches, elle m’a dit ce qu’une autre personne lui avait dit.
Elle vous adressait des reproches dans tous les cas?
C’est pas directement des reproches.
Qu’est-ce qu’elle vous a dit?
Ce qu’elle m’a dit, elle m’a dit qu’une autre jeune fille venant de Montréal avait été la voir et lui avait appris certaines choses à propos de moi qui ne lui avait pas plu à elle.
Vous a-t-elle dit ce qu’elle avait appris sur votre compte?
Oui, monsieur.
Qu’est-ce qu’elle vous a dit qu’elle avait appris sur vore compte?
Elle m’a dit que j’avais été à St-Vincent-de-Paul et que j’avais été arrêté une autre fois aussi pour voie de fait.
Et que ça ne lui avait pas fait plaisir?
Non, monsieur.
Et est-ce dans ce temps-là qu’elle vous a dit qu’elle avait décidé, ou qu’elle voulait suspendre vos visites, arrêter vos visites?
Ça, je peux pas dire au juste. Elle peut m’en avoir parlé ce soir-là en même temps. La veille au soir elle m’avait parlé aussi.
Ça aurait bien du bon sens que ça soit à cette occasion-là?
Oui, je crois qu’elle m’en a parlé aussi. Je suis pas certain, je ne peux pas certifier.
Et puis elle vous a dit ça? Qu’elle avait appris ces choses-là, que vous aviez été condamné une fois à la prison et une autre fois au pénitencier?
Oui.
Et était-ce vrai, ça?
Oui, monsieur.
Depuis combien de temps que vous étiez sorti du pénitencier?
Ah, 18 mois, un an et demi, je crois.
Et lorsqu’elle vous a dit qu’elle avait appris ça d’une de ses amies de Montréal, est-ce qu’elle vous a dit qu’elle l’ignorait jusqu’à ce temps-là?
Elle devait pas l’ignorer puisqu’elle m’en avait parlé.
Je ne vous demande pas si elle vous en avait parlé, je vous demande si elle vous a dit qu’elle ignorait cela que vous aviez été en prison?
Elle l’ignorait pas parce qu’elle m’en avait parlé bien longtemps auparavant.
Qu’est-ce qu’elle vous avait dit à ce sujet-là?
Lorsque j’ai commencé à sortir avec elle, nous sommes descendus à Trois-Rivières, un samedi, je crois. Elle a rencontré une certaine personne qui lui a dit…
Devant vous?
Pardon, j’étais pas là. Je dis ce qu’elle m’a dit. Que cette personne lui avait dit à peu près la même chose que l’autre jeune fille lui a dit.
À tout événement elle vous faisait cette remarque-là?
Oui, il y a longtemps de ça.
Et voulez-vous répéter à nouveau à la Cour et à messieurs les jurés ce que vous lui avez répondu?
Ce que je lui ai répondu, je lui ai répondu « Valéda, tu me regretteras peut-être plus tard parce que je ne suis pas un garçon comme tu penses ».
Dites-vous que vous lui avez dit « tu me regretteras » ou « tu le regretteras »?
J’ai dit « tu me regretteras ».
Vous étiez convaincu de vous faire regretter malgré tout ce qu’elle vous avait dit? Est-ce que vous ne lui avez pas dit plutôt : « Valéda, tu le regretteras »?
Non, monsieur. J’ai jamais dit ça.
Est-ce que vous ne lui avez pas dit plutôt : « tu te souviendras de moi »?
J’ai jamais dit ça.
C'est sur cette note que le témoignage de Blais s'est terminé.
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