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1951, 10 octobre - Maxime Gélinas, 67 ans

Dernière mise à jour : 24 févr.

Homicide sans discernement commis lors d’un vol – Battu à mort
St-Étienne-des-Grès – 2 SC
Gaston Gervais, 32 ans; et son frère Marcel Gervais, 26 ans, pendus.



            Le 19 octobre 1951, le coroner Camille Michaud de Saint-Paulin s’est rendu dans la paroisse de Saint-Léon-le-Grand, plus précisément sur la route Saint-Yves qui traverse la route 44 dans le rang Saint-Charles. Comme plusieurs autres personnes, il avait entendu la rumeur selon laquelle on venait d’y retrouver un cadavre. Puisqu’il était sur place, vers 15h30, il a été appelé à constater le décès de Maxime Gélinas, un chauffeur de taxi âgé de 67 ans. Sur la scène de crime, il a aussi vu la présence d’une plaie au-dessus du sourcil gauche et un épanchement sanguin sous la peau du front. Des larves avaient commencé à se développer dans la bouche, ce qui lui a indiqué que la mort remontait à quelques jours. Le corps reposait sur un rocher recouvert de mousse.

            L’enquête policière a permis de remonter jusqu’aux frères Gaston Gervais, 32 ans, et Marcel Gervais, 26 ans. Le 9 octobre, Gaston, appelé par son jeune frère, s’est rendu chez sa sœur qui habitait au 1358 rue Notre-Dame, à Trois-Rivières. Sur place, les deux frères s’étaient mis à comploter afin de commettre un vol de banque à Saint-Boniface-de-Shawinigan. Pour se procurer une arme, ils envisageaient de voler le revolver d’un policier qui avait l’habitude d’effectuer sa ronde sur la rue Saint-Antoine, à Trois-Rivières. Le 10 octobre, incapables d’atteindre leur but, ils ont quitté en direction de Saint-Boniface-de-Shawinigan en montant dans un autobus de la compagnie Carrier & Frères qui les a conduit jusqu’à Saint-Étienne-des-Grès. Là-bas, ils sont montés dans le taxi de Maxime Gélinas afin d’effectuer le reste du trajet. En route, ils ont bifurqué dans un chemin situé entre Saint-Étienne et Sainte-Angèle-de-Prémont. Dans cette région boisée, Gaston a forcé Gélinas à descendre du véhicule en le suivant, pendant que son frère lui disait : « tu sais ce que tu as à faire. » À environ 200 pieds de la route, Gaston a assommé Gélinas d’un coup de poing, lui fracturant également le nez. De retour vers la voiture, les deux frères se sont éloignés. Après avoir roulé un quart de mille, Marcel a dit : « je vas aller voir si tu as bien fait ça. » En revenant sur place, Marcel est retourné auprès du chauffeur de taxi. Quelques minutes plus tard, il revenait auprès de son frère en disant : « tu n’entendras plus parler de lui pour longtemps. »

 



           Dans son résumé des faits présenté au ministère de la Justice à Ottawa, le juge Lajoie a écrit : « les deux frères, l’accusé et son complice, sont vus par la suite sur la route conduisant le taxi de Maxime Gélinas et on relate leur présence dans la région du Lac St-Jean. Une preuve abondante a été faite par les Gardiens du Parc National qui ont pris le numéro du taxi T-12207 et affirmant que celui qui conduisait a même donné le nom de M. Gélinas. » À leur retour dans la région de Yamachiche, les frères Gervais ont perdu la maîtrise du véhicule, qui s’est enlisé dans un fossé. Le conducteur qui les suivait s’est arrêté pour leur porter secours.

            Gaston Gervais a fait des aveux le 7 novembre 1951 devant les détectives Ubald Legault et Merrill Lawton de la Sûreté provinciale. Ceux-ci ont plus tard été admis en preuve lors du procès. Les frères Gervais ont eu droit à des procès séparés. Gaston a été le premier à passer dans le tordeur, son procès se déroulant du 10 au 12 décembre 1951 au palais de justice de Trois-Rivières, devant le juge Léon Lajoie. Le procureur de la Couronne était Me Lucien Comeau, alors qu’à la défense on retrouvait Mes A. Sénécal, Jean-Paul Massicotte, et Raymond Daoust. Parmi les témoins de la Couronne, il y avait Pierre Lessard, 35 ans, neveu de la victime. C’est lui qui avait identifié le corps à la morgue Marion de Louiseville, le 19 octobre. Il a confirmé que son oncle possédait une Studebaker immatriculée T-12207.

            Le 11 décembre, la Couronne a appelé à la barre Mme Albéric Lévesque, née Gabrielle Gervais, 29 ans, qui demeurait au 1368 rue Notre-Dame à Trois-Rivières. Dans la soirée du 9 octobre 1951, elle a confirmé que son frère Gaston Gervais était venu à son logement. Selon elle, les deux frères avaient discuté seuls derrière la porte fermée de la cuisine. Ainsi, elle n’aurait rien entendu à propos de leur projet funeste. Malgré cette affirmation, le procès s’est terminé par une condamnation à mort.

Le procès de Marcel s’est tenu du 17 au 19 décembre 1951, toujours devant le juge Léon Lajoie, à Trois-Rivières. Reconnu coupable à son tour, on l’a condamné à être pendu le même jour que son frère, soit le 14 mars 1952 à la prison commune de Montréal. L’ancien gardien de prison Roger Duguay écrira plus tard que les frères Gervais ont été les premiers suppliciés avec qui il avait été mis en contact. Étrangement, il les a décrits comme des gamins de 16 et 18 ans et « taciturnes ». Si on en croit Duguay, deux gardes costauds ont escorté les deux frères vers la potence après la messe qui s’est terminée à 23h00 : « les condamnés qui, les yeux hagards, étaient restés relativement calmes jusque-là, du moins extérieurement, s’agitèrent alors. Surtout le plus jeune, qui se mit à hurler : « Maman, je ne veux pas mourir! Maman, aide-moi! Je ne veux pas mourir! » Il s’accrochait à la vie. […] Son frère se montra plus stoïque. Il eut ce mot d’encouragement, un peu cynique : « Laisse faire, on va la retrouver au paradis, notre mère! ». […] ils furent attachés dos à dos, le bourreau leur passa lentement la corde au cou, leur mit une cagoule, puis il y eut un bref moment de répit. Un silence solennel régnait que vint bientôt rompre un bruit sec : la trappe, actionnée par le bourreau, venait de s’ouvrir. »

            Dans un documentaire réalisé quelques décennies plus tard sur la carrière du criminaliste Raymond Daoust, on découvre qu’à la suite du verdict il avait littéralement craqué. La cause des frères Gervais aurait été pour lui un échec profond, ce qui l’aurait amené, par la suite, à militer contre la peine de mort.



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