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1957, 8 juillet - Bertha Labrie, 12 ans

  • 3 nov. 2024
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 déc. 2024



Homicide sexuel / Infanticide par un tueur d’âge adulte – Strangulation – Objet contondant – Surpuissance – Mutilation
Saint-Joachim-de-Tourelle (Gaspésie) - ? SC
Léonard Mainville, son cousin de 24 ans, condamné à mort, sentence commuée.
            Le 8 juillet 1957, il était 13h30 lorsque Bertha Labrie, une jeune fille de 12 ans, a annoncé à son père Louis son intention d’aller cueillir des groseilles sur le bord du fleuve Saint-Laurent. Puisqu’il s’agissait d’une activité très populaire auprès des enfants de la région, son père a rapidement acquiescé. Bertha est donc partie seule avec un gobelet pour se diriger jusqu’à la Petite Tourelle, situé à environ 5 arpents. Vers 17h30, les Labrie ont commencé à s’inquiéter, d’autant plus que Bertha avait l’habitude de revenir au plus tard vers 16h00. Des recherches ont aussitôt été organisées. Chemin faisant, la mère de la disparue a rencontré Léonard Mainville, cousin de la petite. Ce dernier, un pêcheur de 24 ans, lui a offert de l’aider en se joignant aux recherches. Une fois à l’anse de la Petite Tourelle, Mainville a proposé de faire demi-tour. C’est seulement plus tard qu’on a compris qu’à ce moment précis ils étaient à deux doigts de trouver le cadavre de la fillette.
Mme Labrie a poursuivi ses recherches en s’arrêtant chez plusieurs voisins afin de leur demander s’ils n’avaient pas vu Bertha. Devant l’échec de leurs recherches, le couple Labrie a d’abord cru que leur fille avait été victime d’un accident en lien avec la falaise toute proche. Louis Labrie est retourné sur les lieux et c’est là qu’il a croisé Mainville, qui à nouveau a offert son aide. Peu après, c’est en fouillant les buissons de l’anse que Labrie a découvert les jambes nues de sa fille. Juste après, il constatait que la tête était recouverte d’une pierre dont le poids a été estimé à au moins 75 livres. Le visage de Bertha avait été sauvagement mutilé, si bien que son père a pu la reconnaître uniquement par ses vêtements : un chandail jaune relevé jusqu’aux aisselles et des culottes bleues « baissées jusqu’au nombril. »[2] Son gobelet a été retrouvé près elle. Il contenait six ou sept groseilles.
            Le cri qu’a poussé le père en découvrant le corps a attiré plusieurs curieux, dont sa femme. Edmond Therrien et Eugène Mainville l’ont ensuite aidé à remonter le corps. Peu de temps après, c’est en observant la falaise que Louis a compris que Bertha n’avait pu se tuer accidentellement, que ce soit en chutant ou par un quelconque éboulis. Le coroner Delphis Miville et le détective Adrien Boisvert étant absents, c’est le curé Bigeault qui est allé examiner le corps de la petite dans la maison des parents. Celui-ci leur a conseillé de ne plus toucher au cadavre et même de ne pas le laver. Au matin du 9 juillet, le détective Boisvert débarquait sur les lieux pour commencer son enquête. Rapidement, il a constaté qu’il s’agissait d’un meurtre et il a communiqué avec la Sûreté provinciale, qui a dépêché sur les lieux le détective Jean-Pierre Bernier et le Dr Gustave Desrochers, médecin légiste.
            Entendues par Boisvert, Jeannette Mimeault, 21 ans, Ghislaine Mimeault, 16 ans, et Yolande Therrien, 13 ans, ont expliqué avoir vu Léonard Mainville dans l’anse vers 14h00, c’est-à-dire une trentaine de minutes après que Bertha soit parti de chez elle. Ces jeunes filles avaient remarqué que la chemise blanche du jeune pêcheur que l’on surnommait également « le Nord de Marceline » comportait des taches de sang. Mainville leur avait expliqué qu’il s’était coupé un doigt. Le détective Boisvert a appris que, vers 15h00, un jeune homme de 15 ans, nommé André Vallée, pêchait à l’anse de la Petite Tourelle au moment de voir un homme qui se cachait dans les buissons. Cet homme portait un pantalon noir et une chemise blanche et tenait quelque chose dans une main. En procédant à l’arrestation de Mainville, Boisvert a repéré une ancienne blessure à sa main.
            L’autopsie a permis de constater que la fillette n’avait pas été violée mais qu’elle avait été étranglée par des mains humaines. Finalement, de lourdes roches lui avaient causé des fractures du crâne et des côtes. Le scénario envisagé était à l’effet que l’assassin lui avait fait des propositions à caractère sexuel et qu’en refusant Bertha avait signé son arrêt de mort. En se jetant sur elle, il aurait tenté de la dévêtir, comme en témoignait la position du chandail et des culottes. Fou de rage, il l’aurait donc étranglé avec ses mains. Il a ensuite tenté de la dépersonnaliser en la frappant violemment au visage. Selon Allô Police, Mainville avait été arrêté à plusieurs reprises dans le passé pour « des assauts sur des enfants ».
            Le chimiste Bernard Péclet a déclaré aux journalistes que les analyses de sang ne servaient qu’à accumuler de la preuve circonstancielle puisque l’identification du groupe sanguin ne suffisait pas à isoler un seul suspect, comme ce sera le cas plus tard avec l’ADN. L’annonce de ce meurtre a créé une commotion évidente dans le village de Saint-Joachim-de-Tourelle, dont la population était alors estimée à 1 700 personnes. « Dans ce village de pêcheurs, il existe un quartier appelé « Petite Tourelle » qui est habité par une centaine de familles dont les membres sont tous parents, à un degré ou à un autre. C’est là que s’est joué le drame du 8 juillet dernier. »[3] Bertha Labrie était une élève de troisième année du couvent du village, fille de Louis Labrie, un journalier de 31 ans, et de Berthe Therrien. La petite avait deux frères et deux sœurs : Jean-Louis, 10 ans; Lina, 5 ans; Louisa, 3 ans; et Bruno, 2 ans.
            Le procès de Mainville[4] s’est instruit du 10 au 13 juin 1958 à Percé devant le juge Antoine Lacoursière. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 5 septembre 1958 avant que sa peine soit finalement commuée en emprisonnement à vie, au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.
            Dans La Presse du 31 mai 1973, on apprenait que « un homme de 40 ans qui avait été condamné à être pendu en 1958 pour avoir assassiné une fillette de 12 ans de Gaspé après l’avoir assaillie sexuellement, mais dont la peine avait été commuée en emprisonnement à vie, comparaîtra lundi prochain sous une nouvelle accusation : tentative de meurtre. Léonard Mainville se serait attaqué à une garde-malade avec un couteau alors qu’il bénéficiait d’un congé de 12 heures de l’Institut Leclerc. Il n’était pas accompagné d’un gardien. » Il bénéficiait d’un régime de sortie depuis 1972. Le 13 mars 1973, on lui donnait sa première occasion de sortir seul et il en a profité pour tenter de commettre un autre meurtre. « La police a indiqué que l’infirmière de l’hôpital Notre-Dame, victime de l’attentat, se trouvait dans son appartement lorsqu’un homme est entré et a demandé à manger. Selon la version de l’infirmière de 28 ans, elle a offert du pain et un couteau à l’individu afin qu’il se fasse un sandwich. Prétextant que le couteau n’était pas assez tranchant, l’homme s’empara d’un autre couteau à découper la viande et bondit sur sa victime. »[5] Heureusement, elle avait réussi à prendre la fuite pour se réfugier chez sa sœur.
            En septembre 1983, alors qu’il était âgé de 51 ans, Mainville a été retrouvé mort dans sa cellule. Il s’était pendu.

[1] Le Soleil a même parlé de 8 ans.
[2] Allô Police.
[3] Allô Police.
[4] Dès son arrestation, il circulait des rumeurs quant à la santé mentale du tueur. Le 11 juillet 1957, Le Soleil titrait son article : « Les policiers mettent sous arrêt un « arriéré mentale » ».
[5] La Presse, 31 mai 1973.

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