Homicide à motif indéterminé – Objet contondant (pierre)
Prison de Sorel – 1 SC
Normand Théroux, 18 ans, acquitté pour cause d’aliénation mentale.
Le 28 août 1960, vers 18h00, des détenus circulaient normalement à l’intérieur des murs de la prison de Sorel, discutant de leur cause respective. D’autres s’agglutinaient près du gardien Lionel Cournoyer pour obtenir les nouvelles du jour. Dans un coin, le gardien Maurice Fraser, qui ne se doutait de rien, s’était étendu les mains derrière la tête tandis que le détenu Normand Théroux s’adonnait à la culture physique, tout près de lui. Soudain, Théroux a soulevé une pierre de 25 livres qui servait à bloquer le passage aux rats. Léon Comtois s’est approché de lui en disant « laisse-moi donc essayer ça pour voir. » Théroux, 18 ans, lui a prêté la roche pour s’exercer. Peu après, alors qu’il avait à nouveau la pierre dans ses bras, Théroux l’a soulevé au-dessus de sa tête mais cette fois en hurlant : « FRASER! » Dans la seconde qui a suivi, il laissait tomber la pierre sur le crâne du gardien endormi. Sans tarder, Théroux a ramassé la pierre avec l’intention de frapper une deuxième fois, mais Comtois l’en a empêché.
Pendant qu’on accourait pour donner les premiers soins à Fraser, Théroux a dit à un compagnon : « ce n’est rien qu’une tentative de meurtre ». Fraser a immédiatement été conduit à l’Hôtel-Dieu de Sorel, où le Dr Couillard a recommandé son transfert à l’Institut Neurologique de Montréal. Là-bas, Fraser s’est éteint quelques heures plus tard. Le Dr Rosario Fontaine a pratiqué l’autopsie, ce qui l’amènera à déclarer à l’enquête du coroner Bernard Savignac que la victime « avait pratiquement eu la tête réduite en charpies. Tous les os de la région intérieure du crâne avaient été fracturés, et une hémorragie extrêmement abondante s’était produite. »5
Lorsque le détective Roland Gilbert lui a demandé pourquoi il avait fait ça, Théroux a répondu : « c’était un téteux et je ne lui aimais pas la face. » Après qu’un autre policier lui ait fait remarquer que cela pouvait lui coûter de longues années au pénitencier, Théroux a répliqué : « c’est ça que je veux, mon petit ami est là-bas! » À la sortie de l’enquête du coroner, il a accueilli le verdict avec un large sourire.
Au moment du crime, Théroux attendait son transfert au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul pour y purger une peine de 3 ans pour deux vols à main armée, l’un commis à l’épicerie Gilles Bélisle et l’autre au restaurant de Monsieur Lamoureux, deux commerces de Saint-Guillaume. Après ces deux vols, il avait téléphoné à la police pour leur dire où il se trouvait.
Le procès de Théroux s’est instruit les 16 et 17 février 1961 à Sorel devant le juge George Reid. La défense était assurée par Me Luc Poupart. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 21 avril 1961. Le jeune criminel aux motivations étranges a cependant eu droit à un nouveau procès en janvier 1962, au terme duquel il a été acquitté pour cause d’aliénation mentale.6
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