1960, 29 décembre - Marjorie Taylor, 43 ans; et ses 11 enfants
26 oct. 2024
3 min de lecture
Familicide – par incendie
Noyan, Montérégie - 1 SC
Non élucidé. Abel Vosburg, leur mari et père de 63 ans, décédé avant d’être jugé.
Le 29 décembre 1960, dans la petite localité de Noyan, dans la région de Sherbrooke, un incendie a emporté 12 personnes du même coup. Le drame a été si épouvantable que La Presse n’a pas trouvé d’équivalent dans l’histoire de la province. En effet, ces douze victimes étaient toutes de la même famille.
La maison, qui abritait une famille de 15 personnes, mesurait 25 pieds par 25 pieds. Andrew Day avait fait 8 victimes en décembre 1929 en tuant sa femme et ses sept fils, mais cette fois on s’est retrouvé face au pire familicide de l’histoire du Québec. Les enquêteurs ont d’abord cru à un simple incendie, mais des indices ont commencé à émerger au fil de l’enquête. Lors de l’autopsie, le Dr Jean-Marie Roussel a découvert que Marjorie Taylor, la mère de la famille, n’avait pas de fumée dans les poumons. Par conséquent, elle était décédée avant l’incendie. Cette découverte a eu pour effet de tourner les soupçons vers Abel Vosburg, son mari de 63 ans. Rapidement, on a déposé une accusation de meurtre contre lui.
À l’époque du drame, Vosburg était confus, au point de fournir des déclarations contradictoires aux enquêteurs. Après les funérailles de douze des quinze membres de sa famille, il a pourtant reçu les condoléances de tous et chacun. Puis ensuite, le père de famille aux mains brûlées, s’est plongé dans le mutisme. D’un autre côté, les membres de la famille Taylor ont commencé à révéler des choses. Entre autres, ils ont expliqué que Marjorie était maltraitée lorsqu’elle habitait avec Abel. Devant le coroner, l’un de ses trois enfants qui avaient survécu au brasier, a dit que son père avait menacé de tuer sa mère.
Malheureusement, ce dossier judiciaire devait se terminer avant même qu’il ne commence. En août 1961, alors que son procès devait avoir lieu à l’automne, Abel Vosburg a succombé au cancer très avancé de son poumon gauche à l’hôpital St-Joseph de Rosemont. Selon un porte-parole de l’hôpital, Vosburg a nié jusqu’à la toute fin être responsable du massacre. Il s’est éteint paisiblement dans l’après-midi du 27 août 1961. Deux de ses filles, Gertrude Lockerby et Gladys Maybe, étaient à son chevet. Les deux femmes ne croyaient pas en la culpabilité de leur père. Pour sa part, l’avocat de Vosburg a déclaré qu’il regrettait que son client n’ait pas eu le temps de prouver son innocence.
En juillet 1961, La Patrie du Dimanche a révélé que Vosburg avait déjà commis un homicide avant la tuerie de sa famille. Ce crime remontait à 1928. À cette époque, il se serait amouraché d’une jeune voisine de 18 ans alors qu’il en avait 30. Il l’avait convaincu de venir vivre chez lui alors qu’il habitait avec sa vieille mère. Le couple a pourtant donné naissance à une fillette qui est morte 6 mois plus tard, faute de soins. La mère de Vosburg avait témoigné devant le coroner dans cette affaire de mort suspecte d’un poupon. Vosburg et sa concubine avaient d’ailleurs été tenus responsables de la mort du bébé, mais seul Vosburg s’était mérité des accusations criminelles. À sa sortie de prison, il avait eu trois autres enfants avec la même fille. Marjorie Taylor était sa troisième femme.
Les journaux nous apprennent aussi qu’il s’est évadé en 1931 avant d’être repris à Saint-Jean, mais seulement en 1937 lorsqu’un chef de police l’a enfin reconnu. Il attendait son procès sous une accusation de vol. Vosburg avait alors 38 ans.
Comments