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1964, 19 mai – Monique Charland, 19 ans

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – Objet contondant (marteau?) – Mise en scène

Sainte-Thérèse – 2 SC

Roger Demers, 34 ans, condamné à mort, sentence commuée.

            Le corps nu de Monique Charland, 19 ans, a été retrouvé le 19 mai 1964 dans une sablière de Sainte-Thérèse par un camionneur du nom de Simon Bélanger, qui travaillait pour la sablière Hains Limitée. L’enquête policière a ensuite révélé que la victime habitait au 71 rue des Commissaires à Québec. Le corps était en état de décomposition avancé.  L’autopsie a été pratiquée par le Dr Gustave Desrochers, médecin légiste de Québec. Sur le sommet du crâne, il a décelé une « perforation d’environ un pouce et demi de diamètre, pouvant avoir été faite par un objet contondant, semblable à un marteau. »[1] Il a cependant été incapable de déterminer si cette blessure avait été infligée avant ou après la mort. « Si cette blessure avait été faite alors que la jeune fille vivait, toutefois, le médecin est affirmatif, la blessure aurait été mortelle à brève échéance. »[2]

Les parents ont identifié la victime, principalement grâce à une cicatrice à la jambe gauche et une autre au pied droit. Le Dr Bonneault, un dentiste de Québec, l’a aussi identifié d’après les mâchoires et la dentition. Les enquêteurs ont rapidement soupçonné son petit ami, Roger Demers, un homme de 34 ans qui habitait au 227 rue Saint-Philippe à Québec. Toutefois, le manque de preuve contre lui a fait stagner l’enquête durant plusieurs mois. Au cours de l’été 1965, l’investigation a fait un bond en avant grâce à la ténacité du sergent Adrien Boisvert. Le 8 juin 1965, Boisvert s’est rendu à l’Institut Leclerc, annexe au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul, parce que Roger Demers demandait à le voir. Ce dernier a fait à l’enquêteur une déclaration libre et volontaire. Il a expliqué que Monique savait qu’il était marié et père de cinq enfants, mais qu’elle avait tout de même accepté de vivre avec lui. Elle devait d’ailleurs lui donner un autre enfant.

C’est au début de juillet 1965 que l’enquête du coroner s’est ouverte sous la présidence du Dr Paul Des Ruisseaux de Québec, tandis que Me Jean Bienvenue agissait à titre de procureur de la Couronne. Le caporal Denis Léveillée de la SQ a ensuite présenté les photos qu’il avait prises sur les lieux de la découverte du corps. Selon lui, le cadavre aurait pu être projeté du haut d’une falaise.

La mère de la victime, Lucienne Charland, du 22 rue Saint-François à Québec, a expliqué avoir vu sa fille pour la dernière fois le 19 avril 1964.  Sa fille travaillait alors comme ménagère chez un voyageur de commerce habitant à Sillery. Le dimanche au soir, elle avait quitté ses parents pour retourner chez cet employeur, qui s’appelait Claude Thériault. Le lundi matin, elle téléphonait à sa mère pour lui signifier à quel point elle était heureuse de l’avoir vue la veille. Ainsi, son dernier appel s’est fait vers 11h00 au matin du 20 avril. Ensuite, la mère a raconté qu’au printemps 1964 Roger Demers lui avait dit, à Lucienne et son mari, avoir jeté leur fille « en bas de son automobile parce que Monique l’avait giflé. Roger aurait voulu battre Monique devant ses parents à un certain moment et ceux-ci durent faire venir les policiers qui l’expulsèrent de la maison. »[3]

Le père de l’accusé, Hector Demers, un homme de 70 ans, a témoigné à l’effet que son fils n’habitait plus chez lui depuis 2 ans. Quant au témoignage de l’enquêteur Boisvert, on a appris que Demers affirmait dans sa déclaration volontaire avoir rejoint Monique chez Thériault vers 11h30 le lundi, après quoi ils avaient eu des relations sexuelles. Vers 16h00, les deux amants se rejoignaient à la gare Saint-Roch. Monique lui aurait alors déclaré avoir démissionné de son emploi chez Thériault.  En voiture, après avoir acheté une caisse de 24 bouteilles de bière, Demers s’est promené avec elle, s’immobilisant de temps à autre pour boire. Vers 22h00, ils se sont retrouvés dans la région de Sainte-Thérèse, où Monique lui a demandé de louer un appartement pour habiter ensemble, mais Demers aurait refusé, prétextant qu’il n’avait pas assez d’argent. C’est alors qu’il aurait demandé à Monique de se rendre chez une tante habitant à Sainte-Catherine, mais celle-ci a refusé parce qu’elle souhaitait demeurer avec lui. En guise de réponse, Demers lui a parlé de ses intentions de reprendre sa vie avec sa femme.

Toujours selon Demers, c’est alors que Monique l’aurait frappé avec une bouteille sur la bouche, lui fracassant son dentier, alors que leur véhicule roulait à environ 24 km/h. Demers aurait éclaté de rire, paraît-il, ce qui aurait poussé Monique à ouvrir sa portière pour se jeter hors de la voiture en marche. Immobilisant finalement son véhicule, il aurait découvert Monique morte en bordure de la route. Ensuite, il aurait installé son corps sur le siège arrière afin de la transporter jusqu’à la sablière. « À cet endroit, dit-il, il est demeuré environ 45 minutes, l’embrassant et lui parlant. Mais, elle n’aurait toujours pas donné signe de vie. »[4]

Ces explications furent inutiles. Le coroner l’a déclaré criminellement responsable de la mort de sa maîtresse. Le procès de Demers a eu lieu le 16 novembre 1964 au palais de justice de Québec devant le juge Gérard Lacroix. Reconnu coupable, son exécution a d’abord été fixée au 24 février 1967 avant que sa peine soit finalement commuée en emprisonnement à vie.


 

[1] Allô Police, 11 juillet 1965.

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

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