top of page

1964, 29 août – Leslie McWilliams, 58 ans; et Alfred Pinisch, 37 ans

Dernière mise à jour : 23 nov. 2024



Cautionné par un groupe/extrémiste politique – Arme à feu

Montréal, rue Bleury – 1 SC

Edmond Guenette et François Schirm, 32 ans, condamnés à mort, sentence commuée; Gilles Brunet, prison à vie.

            Le 29 août 1964, vers 18h00, deux individus sont entrés au magasin d’armes à feu International Firearms, sur la rue Bleury à Montréal, pour demander au commis de voir une carabine FN-M31. Le commis, Sotiriades Pamayotis, a retiré le chargeur avant de leur présenter l’arme. Toutefois, l’un des individus a alors sorti un chargeur de sa poche qu’il a inséré dans l’arme avant de la pointer en hurlant : « C’EST UN HOLD-UP! » Immédiatement, deux autres bandits ont fait leur entrée dans le commerce pour s’emparer d’armes et de munitions qu’ils ont engouffré dans une Pontiac 1964 garée à l’extérieur.

            Le gérant du magasin, Leslie McWilliams, 58 ans[1], s’est interposé mais il a aussitôt été abattu d’une rafale. Cependant, l’alarme avait été secrètement activée et les policiers étaient déjà en route. Les premiers agents arrivés sur les lieux, Georges Brazeau et Régis Fortin, ont cependant fait l’erreur de se diriger au Nations House Café, situé tout près. À leur sortie du café, c’est un passant du nom de Léora Gagné qui leur a indiqué où il avait vu entrer les bandits. En fait, Gagné travaillait au magasin d’armes et avait réussi à sortir sans attirer l’attention des dangereux voleurs.

Une fusillade a éclaté et s’est prolongée sur une quinzaine de minutes. Un employé du nom d’Alfred Pinisch, 37 ans, est sorti pour venir aider les policiers, mais il a été tué par les balles qui sifflaient dans tous les sens. Une semaine plus tard, Allô Police a précisé que Pinisch « a été tué par un policier qui, pendant la fusillade, croyait avoir affaire à l’un des bandits. M. Pinisch, qui ne comprenait pas le français, n’aurait pas obéi à l’ordre d’arrêter que lui intimait l’agent. »[2]

Lorsque l’un des bandits, identifié plus tard sous le nom de François Schirm, a été atteint d’une balle à la cuisse gauche, il a immédiatement laissé tomber sa carabine au sol en criant « vive les séparatistes! » Parmi les policiers qui sont accourus sur lui afin de lui passer les menottes, l’un d’eux lui a répliqué : « on va t’en faire des séparatistes! »

            Peu après, les policiers ont découvert qu’au 1011 Bleury gisaient deux cadavres. En tout, quatre suspects ont été arrêtés sur place, alors qu’on en cherchait un cinquième qui avait pris la fuite dans un taxi. Transporté à l’hôpital Saint-Luc, Schirm souriait et lorsque le photographe d’Allô Police s’est approché pour immortaliser ce moment, le blessé lui a lancé : « tu m’en enverras une copie. »

En inspectant les lieux, les enquêteurs ont découvert dans la voiture des bandits la présence de 25 carabines de type FN et beaucoup de munitions. Allô Police n’a pas manqué de rappeler que c’est une arme du même genre que Georges Marcotte, que l’on surnommait aussi le Père Noël, avait utilisé lors de son désormais célèbre hold-up qui avait coûté la vie à deux policiers en décembre 1962. Mais Schirm, un homme de 32 ans d’origine hongroise, a dit sur son lit d’hôpital avoir agis au nom de l’Armée révolutionnaire du Québec (ARQ). Selon Allô Police, Schirm aurait combattu au côté de Fidel Castro lors de la révolution cubaine en plus d’avoir fait la guerre d’Algérie et de l’Indochine. Il aurait déjà été arrêté en lien avec certaines activités du FLQ avant d’être relâché, faute de preuve.  « Selon la police, ce jeune homme, prénommé François, serait le chef des terroristes de l’ARQ.  Ses adeptes porteraient l’uniforme, à l’occasion, et ils seraient, en grande majorité de nationalité canadienne-française. »[3]

Peu de temps après la fusillade, Guenette a été arrêté près de Shawinigan. C’est lui qui avait pris la fuite dans le taxi après avoir menacé le chauffeur d’une arme et avoir forcé une passagère à descendre.

            Les autres suspects dans cette affaire étaient Gilles Brunet, 29 ans; Marcel Tardif, 22 ans; Syriaque Délisle, 29 ans; et Edmond Guenette, 20 ans. Le coroner Marcel Trahan a présidé l’enquête sur la mort de McWilliams et au cours de laquelle Schirm a tenté de s’imposer en demandant aux journalistes qui leur avait donné la permission de photographier « ses » hommes. « Il faut dire que les hommes de Schirm avaient plutôt l’air de brebis », écrira Allô Police tout en rappelant que, par exemple, Gilles Brunet était le père de cinq enfants et qu’il a constamment pleuré lors des procédures. Me Jacques Ducros agissait à titre de procureur de la Couronne lors de cette enquête de coroner, tandis que les accusés étaient représentés par Me Paul Aubut.

Le procès conjoint de Schirm et Guenette s’est déroulé du 17 au 21 mai 1965 à Montréal devant le juge André Sabourin. Selon Allô Police, Schirm s’est montré arrogant et « faussement héroïque » durant toute la durée du procès. Étant donné les soi-disant motivations politiques et terroristes des accusés, les autorités ont étroitement surveillé l’entrée du palais de justice en plus de fouiller toute personne entrant dans le prétoire. 

« Jouant jusqu’au bout et merveilleusement son rôle de héros national, Schirm a posé un geste qu’il a voulu légendaire après avoir entendu le prononcé de sa sentence : debout, le bras droit élevé vers l’avant, imitant de ses deux doigts le geste légendaire du vieux Churchill, le V de la victoire, il a lancé d’une voix qui avait perdu de son assurance et de son arrogance : Vive le Québec libre ». Cinq ou six jeunes gens, dans l’assistance, ont imité le geste de Schirm et ont lancé le slogan des terroristes. »[4]

Allô Police a accusé Schirm de s’être servi de la cause indépendantiste pour s’adonner à des actes de violence. Plus intéressant encore, Schirm s’est défendu sans avocat lors du procès et a dénoncé Gilles Brunet comme un traître pour avoir tout raconté à la police. Il a également été question qu’en 1964 Schirm avait installé son campement près du Lac Allard de Saint-Boniface, au nord de Trois-Rivières. Le procès a permis de comprendre que c’est Schirm et Guenette qui étaient entré dans le commerce, que Schirm avait demandé à voir une arme de type M-1 et que c’est seulement après avoir dit au commis que le prix était trop élevé que les deux voleurs s’étaient reculés de quelques pas, permettant ainsi à Guenette de sortir une carabine qu’il cachait sous son manteau. Schirm avait alors sorti un chargeur de sa poche pour armer la M-1 que venait de lui remettre le commis.

Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 22 octobre 1965 avant qu’il ait droit à un nouveau procès. François Schirm a continué de dire qu’il était prêt à donner sa vie pour la libération du Québec. En 1974, il a refusé une proposition visant à le déporter en Europe. Il sera finalement libéré en 1978 sous certaines conditions. Il s’est éteint le 3 août 2014.

Pour sa part, Brunet a été condamné à l’emprisonnement à vie.[5]


 

[1] On parle aussi de 56 ans.

[2] Allô Police, 13 septembre 1964.

[3] Allô Police, 6 septembre 1964.

[4] Allô Police, 30 mai 1965.

[5] En 2015, l’accès au dossier judiciaire m’a été refusé par Bibliothèque et Archives Canada (BAC).

Posts récents

Voir tout

1969, 24 décembre – Dean Heilman, 3 ans

Filicide par un père – Arme blanche (couteau) Saint-Bruno, 37 rue Seigneurial – 1 SC Darwin Heilman, son père, aucun autre développement...

1969, 17 décembre – Réal Champagne, 31 ans

Homicide commis lors d’un vol – Arme à feu Montréal, rue Rachel – ? SC Non élucidé. Réal Champagne, 31 ans, travaillait comme garde armé...

Comments


  • Facebook
  • LinkedIn

©2020 par DHQ. Créé avec Wix.com

Toute reproduction partielle ou complète des dossiers publiés sur ce site est illégale sans le consentement des auteurs du DHQ.

bottom of page