1966, 27 octobre – Charles Turcot, 52 ans
- 19 nov. 2024
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Homicide conflictuel – Arme à feu – Mise en scène
Montréal, 400 rue McGill / Canal Lachine – 2 SC
Michael Kontowt, son ami de 43 ans, condamné à perpétuité.
Le corps de Charles Turcot a été retrouvé vers 6h30 au matin du vendredi 27 octobre 1966, dans une automobile immergée dans le canal Lachine, au bout de la rue des Seigneurs, à Montréal. L’auto lui appartenait. Turcot était un homme d’affaires. Il était marchand d’appareils de réfrigération, et père de trois enfants. Il habitait au 314 rue Maisonneuve, à Mont-Laurier. Selon des témoins, la voiture a plongé dans le canal vers 2h30 de la nuit. Ce ne pouvait être un accident car son corps a été criblé de six balles.
Lors des premières constatations, les policiers ignoraient les allées et venues de Turcot pour les dernières 24 heures de sa vie. Tout ce qu’on savait, c’est qu’on l’avait vu pour la dernière fois jeudi dans un magasin de la rue McGill. « Turcot a été installé à l’état de cadavre derrière son volant. Un indice corrobore cette possibilité : les yeux du mort n’étaient pas bandés, comme on l’a cru au début, mais plutôt recouverts de tampons apparemment destinés à contenir une hémorragie susceptible de laisser des traces compromettantes. On sait que trois des balles meurtrières ont frappé M. Turcot à la tête et un sang abondant pouvait s’échapper de ses blessures. Par ailleurs, la manière dont on a tenté de se débarrasser du cadavre prouverait la complicité de plusieurs personnes. »[1]
En novembre 1966, un marchand montréalais d’origine ukrainienne, Michael Kontowt, 43 ans, a été tenu criminellement responsable de la mort de Turcot par un jury du coroner. Kontowt aurait abattu Turcot dans une sorte de crise de jalousie. Le meurtre n’aurait donc rien à voir avec le succès en affaire de la victime. « Une fille de table de 27 ans, Yolande Bergeron, du 4446 rue Drolet, est venue à son tour déclarer qu’elle connaissait M. Turcot depuis six ans et qu’elle l’avait rencontré par l’entremise de Michael Kontowt, qu’elle dit connaitre depuis 10 ans. Elle notera ensuite quelle n’avait pas revu Turcot depuis un an et demi ou deux ans. Elle raconte que, le soir du drame, ou du moins dans les heures qui l’ont précédé, elle s’était rendue, au début de la soirée, à l’établissement de Kontowt, Global Surplus Inc., au 400 rue McGill, et qu’elle avait revu M. Turcot en présence de Kontowt. Tous trois ont trinqué au gin. »[2]
À un certain moment, Turcot s’est rendu à sa voiture et Mlle Bergeron est allé le rejoindre. Sur la banquette de l’auto, le couple s’est embrassé, et c’est là que Kontowt les a surpris. Yolande aurait souhaité que Turcot reste encore avec elle, mais celui-ci a dit qu’il devait absolument aller récupérer sa belle-mère. Turcot a remis 10$ à la jeune femme, puis, avec elle, il a rejoint Kontowt à l’intérieur. Finalement, elle avait fini par les quitter après 1h30.
Soudainement, les avocats de Kontowt sont intervenus pour empêcher les journalistes de divulguer comment les policiers avaient réussi à accumuler la preuve qui incriminait leur client. Quoiqu’il en soit, le coroner a su que Kontowt a fini par abattre Turcot avec une arme de poing de marque Mauser de calibre .32. C’est avec cette arme qu’il a tiré sur lui à cinq ou six reprises. Semble-t-il, il a agi parce que Turcot voulait lui voler le cœur de Yolande Bergeron.
Le meurtre a donc eu lieu dans l’établissement de Kontowt, qui s’est lui-même organisé pour installer le corps dans l’auto. Il s’est ensuite glissé derrière le volant pour emprunter la rue William et finalement la rue des Seigneurs, avant de jeter la voiture dans les eaux du canal Lachine.
Kontowt a été accusé de meurtre qualifié. En octobre 1967, au terme de son procès, il a été reconnu coupable et s’est mérité une sentence d’emprisonnement à perpétuité.
[1] La Presse, 31 octobre 1966.
[2] La Presse, 16 novembre 1966.
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