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1966, 9 janvier – Jean-Marie Gagnon, 25 ans 

  • 19 nov. 2024
  • 4 min de lecture


Homicide argumentatif – Arme blanche (couteau) 

Sainte-Anne-de-la-Pérade – 1 SC 

Normand Perreault, 19 ans, 5 ans de pénitencier. 

Le 9 janvier 1966, Normand Perreault a été appelé par ses amis à participer à une partie de pêche aux petits poissons des Chenaux, sur la rivière gelée à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Au cours de la nuit qui a suivi, une altercation est survenue entre un groupe de Trois-Rivières, dont faisait partie Perreault, et un autre en provenance de Sainte-Anne-de-la-Pérade, dans lequel se trouvait la victime, Jean-Marie Gagnon. Une bagarre a éclaté et au cours de laquelle Gagnon a été tué à coups de couteau. 

Lors de l’enquête du coroner, le Dr Jean-Paul Valcourt, qui a réalisé l’autopsie, a parlé « de nombreuses blessures au thorax, au cou. » Il a ensuite détaillé la présence de quatre plaies du côté droit du cou et faites par un instrument tranchant. Par ces blessures, il estimait la largeur de la lame à un demi-pouce. Pour les blessures au tronc, il avait trouvé cinq plaies différentes, deux à la poitrine du côté droit et deux autres du côté gauche, en plus d’une cinquième dans le haut de l’abdomen. En voyant le couteau de Perreault déposé en preuve, il a expliqué que l’arme était tout à fait compatible avec les blessures. Quant à la cause de la mort, il a expliqué qu’une « lame de couteau ayant pénétré à la poitrine gauche, avait traversé l’enveloppe du cœur et le cœur du côté droit pour ensuite continuer à travers le diaphragme et pénétré dans le foie du côté gauche sur une profondeur d’un pouce dans le foie. »167 

Richard Dion, 16 ans, a raconté comment il s’était rendu à Sainte-Anne avec ses copains Réjean Morinville, Gilles Pépin, Louis Paillé et quelques autres, pour aller jouer une partie de ballon balai. Il connaissait Perreault, mais il a expliqué que celui-ci n’avait pas fait le voyage avec eux. Plus tard, après la partie, une dispute a éclaté dans un restaurant. Deux membres de son groupe, Albert Corbin et Gilles Pépin, ont démarré une dispute avec d’autres jeunes de la place. Selon Dion, Jean-Marie Gagnon est arrivé un peu plus tard au volant de sa voiture pour s’engueuler avec Corbin. Pendant ce temps, un adversaire de leur partie de ballon balai est allé débattre avec Gilles Pépin. Corbin s’est ensuite tourné vers ce grand gaillard en lui disant : « Tu ne vois pas qu’il n’est pas de ta grosseur!? ». Puis, peu après, les choses se sont calmées. 

Les jeunes trifluviens sont retournés à leur cabane de pêche, jusqu’à ce qu’Albert Corbin revienne leur annoncer que Pépin venait de se faire invectiver, encore une fois. Tous ensemble, la bande est revenue au restaurant. Toujours selon Dion, un membre du gang adverse aurait voulu les écraser avec son véhicule. Ensuite, alors que la dispute se poursuivait au restaurant, Dion a affirmé avoir vu Gagnon sortir un tournevis de sa poche. « Il m’a menacé avec son tournevis, puis il a voulu m’en donner un coup. Je l’ai évité puis là, à ce moment-là, bien, il est venu pour m’en donner un autre coup. » 

Après ça, Dion a sauté sur Jean-Marie Gagnon et a réussi à lui faire perdre son tournevis. Pendant que Normand Perreault venait s’en mêler, Dion est allé chercher le tournevis et en a donné un coup sur la tête de Gagnon. Profitant d’une petite panique au cours de laquelle des clients se précipitaient à l’extérieur, Dion aurait pris la fuite lui aussi, avec Perreault sur ses talons. En revenant à la cabane à pêche, Dion avait dans ses mains le tournevis et Perreault son couteau. Mais le couteau était maintenant taché de sang. 

Les jeunes sont revenus vers Trois-Rivières, et Perreault a confié son couteau à un ami en disant qu’il en avait « passé un » au couteau. Questionné sur l’origine de la querelle, Dion pensait que cela avait commencé parce que les copains de Gagnon avaient perdu le match de ballon balai. Le policier Alain Courchesne, 27 ans, est venu témoigner à l’effet d’avoir retrouvé le couteau dans un puisard à Trois-Rivières, au coin des rues Hertel et Des Commissaires, sous les indications de Claude Noël. 

Perreault a reconnu son couteau déposé en preuve, en plus d’avouer son intention de s’en débarrasser. Sans surprise, le jeune homme de 19 ans a été tenu criminellement responsable de la mort de Gagnon. 

En février, au moment de l’enquête préliminaire tenue au palais de justice de Trois-Rivières, on a refusé l’accès à plus de 200 personnes. L’un des témoins a nié le fait que Gagnon ait voulu utiliser un tournevis lors de la confrontation. Un autre ami de Gagnon, cependant, a avoué s’être rendu sur les lieux où travaillait Gagnon et que celui-ci s’était muni d’un tournevis pour assurer sa défense.168 

À la fin d’octobre 1966, au moment de l’ouverture de son procès, Perreault a plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire. En décembre, on le condamnait à 5 ans de pénitencier. Le juge Marchand a évidemment tenu compte du fait que Gagnon s’était armé d’un tournevis, « Cependant, de dire le juge, si le tournevis pouvait alors être considéré comme une arme, il s’agissait d’un instrument beaucoup moins dangereux que le couteau que vous aviez en poche, à votre disposition immédiate, bien avant la querelle, et que vous avez décidé d’utiliser dans des circonstances et de manière à en faire une arme des plus dangereuses. La preuve a en effet établi que ce sont vos coups de couteau qui ont causé la mort de Jean-Marie Gagnon. »169 

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