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1967, 11 août – Denise Picard, 17 ans[1]; et Suzanne Gilbert, 17 ans

  • 22 nov. 2024
  • 4 min de lecture


Homicide sexuel – Arme à feu (calibre .32) – Objet contondant – Viol

Saint-Simon-de-Rimouski – 1 SC

Non élucidé. Hector Savoie, 67 ans, accusé du double meurtre, il meurt avant d’être condamné.

            Denise Picard et Suzanne Gilbert, deux montréalaises âgées de 17 ans, se sont rendues passer quelques jours de vacances à Saint-Simon-de-Rimouski, près de Trois-Pistoles. Denise Picard habitait sur la rue Chambord, à Montréal. Cet été-là, elle était l’invitée de Suzanne Gilbert, qui lui avait promis de lui faire découvrir son coin de pays aux alentours de Trois-Pistoles. Pour profiter encore plus de leur liberté de jeunesse, les deux copines avaient insisté pour dormir toutes seules dans un chalet situé à proximité de celui des parents de Suzanne.

            Au cours de la matinée du 11 août 1967, puisque les deux adolescentes se faisaient attendre, Mme Gilbert, la mère de Suzanne, a décidé d’aller à leur rencontre. C’est là qu’elle a fait la découverte du drame qui allait marquer la région pour les décennies à venir. Denise et Suzanne étaient mortes. Une lampe à pétrole brûlait encore dans le chalet et « un radio transistor continuait de diffuser dans le chalet. »[2]

            Les deux victimes ont vraisemblablement été frappées par un objet contondant mais elles avaient aussi été abattues par une arme de calibre .32. L’autopsie pratiquée par le Dr Authier, de Québec, a permis d’établir que l’une des deux jeunes femmes avaient été violée, sans toutefois qu’on précise laquelle. Denise aurait reçu une balle dans la tête, tandis que Suzanne en avait reçu deux.

            La Sûreté provinciale a entrepris une vaste enquête qui s’est toutefois avérée difficile dès le départ. On a d’abord constaté que le chalet dans lequel s’est déroulé le double meurtre se situait seulement à 200 pieds de celui qu’occupaient les parents Gilbert. Par ailleurs, deux religieux, le Père Joseph Jean et le Frère Aurèle Jean, en occupaient un autre dans le même secteur. L’arme du crime n’a pas été retrouvée sur les lieux. Selon Le Nouvelliste, c’est Denise Picard qui a été violée. Il se pourrait donc qu’elle ait été la principale victime ciblée par le tueur.

            Le double meurtre a longtemps alimenté le mystère, d’autant plus que l’enquête ne semblait pas progressée, faute d’éléments probants.

En août 1968, devant le coroner Paul Desruisseaux, Hector Savoie, un homme de 67 ans, a été reconnu criminellement responsable de la mort des deux adolescentes. Le coroner a déclaré que « les nombreuses contradictions dans le témoignage de M. Savoie, son attitude et sa grande nervosité, le matin du crime, sont les raisons qui l’amènent à tenir Hector Savoie responsable du double meurtre de Saint-Simon. » Par ailleurs, le coroner a souligné que le pathologiste avait pu déterminer que les décès avaient eu lieu entre 0h00 et 3h00. « Or, M. Savoie a admis être sorti à la même heure, pour voir les étoiles. De plus, la vision des étoiles est un autre fait troublant, selon le coroner, car il n’y a que M. Savoie qui a dit les avoir vues alors que tous les témoins ont affirmé que le temps avait été maussade au cours de la nuit du 9 au 10 août 1967. »

Le coroner a également conclu que le chalet était situé dans un endroit isolé, que l’assassin connaissait les lieux, que les jeunes filles devaient connaître leur agresseur, car elles lui ont apparemment ouvert la porte (aucune trace d’effraction ni de lutte), et que par conséquent l’assassin était quelqu’un du coin et de l’entourage. « Deux témoins ont, par ailleurs, déposé au début de l’enquête qui avait lieu à Rimouski, et ont affirmé que M. Savoie leur avait appris qu’il y avait eu un crime à Saint-Simon et que « deux jeunes filles avaient été tuées et violées ». Le coroner Desruisseaux s’est demandé, à ce sujet, comment il se fait que M. Savoie pouvait être au courant de tous les détails du double assassinat alors que personne ne le savait?

Quant au fameux cheveu trouvé dans la main de Denise Picard lors de l’autopsie, un expert du laboratoire de l’Institut médico-légal est revenu affirmer, hier, qu’il ne pouvait appartenir aux jeunes filles, ni au Père Jean, et ni au Frère Aurel Jean. L’expert a d’autre part soutenu que le cheveu avait le même caractère que ceux de M. Savoie. » [3]

Après l’investigation du coroner, Savoie, un homme bien connu des familles Picard et Gilbert, a été officiellement accusé du double meurtre devant les Assises. Au début d’octobre 1968, au moment de son enquête préliminaire, il a été libéré par le juge Gilles Gagnon. Celui-ci a déclaré : « La preuve qu’on a soumise devant moi ne semble pas suffisante pour envoyer le prévenu à un procès aux assises criminelles. Je libère donc l’accusé. Je n’acquitte pas l’accusé, a poursuivi le juge. Si le ministre de la Justice croit que je fais erreur, a-t-il ajouté, Hector Savoie pourra être accusé à nouveau. Cependant, a conclu le magistrat, je considère que le crime qui a été commis à Saint-Simon est odieux et que son auteur est un psychopathe sexuel dangereux, qui devrait être enfermé le plus tôt possible. »[4]

La justice n’aura cependant pas d’autre occasion de déposer des accusations dans ce dossier. Hector Savoie est décédé en 1971.




[1] Denise Picard est née le 19 mai 190. Elle était la fille de Charlemagne Picard et de Jacqueline Laplante. Charlemagne est décédé en 2000 à l’âge de 84 ans.

[2] « Le meurtre de deux jeunes filles demeure mystérieux », Le Nouvelliste, 12 août 1967.

[3] Michel G. Tremblay, « Savoie est tenu criminellement responsable de la mort de Denise Picard et de Suzanne Gilbert », La Presse, 9 août 1968.

[4] Le Progrès du Golfe, 3 octobre 1968.

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