Le 10 décembre 2024, les médias nous apprenaient qu'un homme de 41 ans aurait tué son père afin de voler au secours de sa mère. En effet, Mathieu Bellemare-Desjardins aurait tué son père de 70 ans, Luc Desjardins, en utilisant un couteau parce que ce dernier était en train d'étrangler sa mère.
Je me suis tout de suite rappelé quelques cas similaires qui ont parsemé notre histoire. Pourquoi? D'abord parce que le parricide n'est pas une catégorie d'homicide très répandue, et deuxièmement parce que les cas véritable de légitime défense sont également assez rares.
Le DHQ n'a pas pour but de lire dans l'avenir, mais la classification des crimes violents permet de présenter certaines possibilités pour entrevoir la suite du dossier.
Parmi les parricides que nous avons répertoriés jusqu'à maintenant, on constate que dans une certaine proportion les pères sont généralement tué par un fils dont les troubles mentaux sont apparents. En effet, on serait porté à croire qu'il faut être déséquilibré pour s'en prendre à l'un ou l'autre de ses parents, voire les deux.
Dans une proportion, cependant, la maladie mentale semble absente. En effet, certains parricide semble avoir été motivé par la légitime défense.
Le 30 avril 1968, à Gentilly, Jean-Claude Pépin, 27 ans, a téléphoné aux policiers pour leur dire simplement: "Je viens de tuer mon père". En fait, il était sorti de la maison pour aller boire quelques consommation au village et emprunter le fusil d'un ami. En revenant chez lui, il a tiré son père à travers l'une des fenêtres de la demeure. Au moment de son procès, des membres de la famille Pépin ont décrit le climat de violence entretenu par le père et Jean-Claude s'est mérité une sentence de 6 mois de prison.
Le 6 mars 1968, c'est à Saint-Édouard-de-Napierville que Gérard Serres a tué son père de 72 ans. Ce dernier aurait démontré des signes d'agressivité envers sa mère. Selon des témoins, une dispute a éclaté entre le père et le fils lorsque le vieil homme a menacé de s'en prendre à sa femme, donc la mère de Gérard. Le patriarche a même poussé sa chance jusqu'à pointer un revolver sur son fils. Un projectile a effleuré le fils, mais plutôt que de reculer il a foncé sur son père. D'autres coups de feu ont été entendus, jusqu'à ce que le vieille homme en reçoive une dans la tête.
En octobre 1968, Gérard a été acquitté.
Le 5 décembre 1963, Marcel Perron, 16 ans, a tué son père à Shawinigan. L'adolescent a expliqué au jury avoir agi ainsi parce qu'il était convaincu qu'un jour son père allait tuer sa mère. Le jeune homme a été acquitté.
Le 8 février 1951, Lucien Demers a utilisé un morceau de bois pour tuer son père, Paul Demers. Sa version de légitime défense a été accepté et le juge l'a exonéré.
Le 11 mars 1950, Earl Sutton, 16 ans, a pris une carabine pour la pointer sur son père et lui dire: "Si tu ne laisses pas maman et si tu ne restes pas tranquille, je vais te tirer dans une jambe et te rendre infirme pour le reste de ta vie." Le père, Arthur Sutton, a répondu: "Ça ne me fait rien, ma vie est finie, elle ne vaut plus la peine." Et le fils a tiré.
Au procès, on a démontré que le père brutalisait régulièrement son fils. Le jeune Sutton a été acquitté.
Quels seront les faits présentés dans la cause de Mathieu Bellemare-Desjardins? Si la défense utilise la stratégie de la légitime défense, quelles sont ses chances d'être acquitté?
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