Homicide sans discernement commis lors d’un vol – Mise en scène
Namur, Outaouais – 2 SC
Omer Girard, un bûcheron de 34 ans, pendu.
Le 6 avril 1936, Alfred Dudevoir, 72 ans, ainsi que Léon Leclerc, 84 ans, ont été retrouvés morts dans une maison de Namur, en Outaouais. La femme de Dudevoir a également été assassinée mais son corps n’a sera jamais retrouvé. Le mobile du triple meurtre aurait été le vol.
Le 12 avril, l’enquête a conduit les policiers à l’arrestation d’Omer Girard, un soi-disant bûcheron de 34 ans, que l’on a aussi accusé d’avoir incendié la demeure de ses victimes après son crime. Le procès de Girard a lieu du 30 novembre au 5 décembre 1936 au palais de justice de Hull devant le juge Alfred Duranleau. Le jury a entendu 55 témoins qui ont prouvé l’implication de l’accusé dans ce triple meurtre. La Couronne était représentée par Me Noël Beauchamp alors que l’accusé était défendu par Me Paul-A. Boivin. Lorsque celui-ci a annoncé n’avoir aucun témoin à présenter, la Couronne a livré sa plaidoirie. « Une contradiction concernant la déclaration signée par Girard et acceptée par la Cour ressortait de la déposition de plusieurs témoins au procès. Georges Martel, de Namur, un fermier, a juré que contrairement à ce que prétend l’accusé, il n’a jamais donné d’enveloppe contenant de l’argent le 7 avril à Paul Molly. Molly a conduit en automobile M. Omer et Mme Girard de Namur à Montréal après l’incendie. »[1] Pour des raisons qu’on ignore, la Couronne a refusé de laisser témoigner Irma, la jeune épouse de l’accusé.
Après la tombée du verdict, Me Boivin a demandé à ce qu’on libère son client sous prétexte que le procès n’avait pas fait la preuve directe de sa culpabilité. Reconnu coupable, le juge a plutôt fixé sa pendaison au 26 février 1937. Selon La Presse, Girard traînait derrière lui une longue carrière de délinquance. En 1918, il avait été arrêté pour vol par effraction, de même qu’en 1920. En 1922, il écopait d’une sentence de 5 ans pour vol à main armée. En 1927, c’était pour voies de fait sur un adolescent et en 1930 il était condamné à 7 ans de pénitencier et à 20 coups de fouet. En 1934, un an après avoir été acquitté du viol de sa future femme, on l’arrêtait pour menaces.[2]
Au matin du 26 février 1937, à 4h45, Girard a entendu la messe de l’abbé Poirier avant que le cortège se dirige « dans la cour de la prison où la potence avait été érigée de manière à ce que le triste spectacle ne fut pas vu de l’extérieure. Omer Girard monta les treize marches de l’échafaud seul, sans hésiter, et à 5h22 il tombait dans la trappe. Quinze minutes plus tard, il était déclaré mort. »[3]
[1] La Patrie, 5 décembre 1936.
[2] La Presse, 7 décembre 1936.
[3] La Presse, 26 février 1937.
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