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1937, 20 juillet – Hyacinthe Côté

  • 26 déc. 2024
  • 3 min de lecture


Homicide commis lors d’un vol – strangulation

Saint-Laurent – 1 SC

Exalaphat « Pitou » Benoît, 31 ans, pendu;  et Lionel Gauthier, condamné à mort, sentence commuée.

Le 20 juillet 1937, Lionel Gauthier a loué une voiture avant de passer prendre Exalaphat Benoît, 31 ans, chez son père. Ce dernier a emporté avec lui un paquet contenant un bâton et du linge. Les deux complices avaient choisi de s’en prendre à Hyacinthe Côté, un homme assez bien bâti, d’où la présence du bâton. Selon ce que Gauthier a expliqué à l’enquête du coroner, son intention était de l’attacher, et de lui prendre ses clés et son argent. Côté avait la réputation de conserver beaucoup d’argent chez lui.

Après leur passage dans un bain public, sur la rue Saint-Laurent, ils ont pris la direction de la rue Saint-Jacques, où ils avaient l’intention de prendre Côté avec eux. À leur arrivée, Côté était dans la cour. Benoît est descendu du véhicule en laissant le bâton à l’arrière de l’auto. Gauthier a fait un tour du bloc et à son retour Côté est monté avec eux. Il a pris place à l’avant au côté de Gauthier alors que Benoît s’est installé à l’arrière. Dans le nord de la ville, ils ont dépassé la maison de Benoît. Après avoir regardé si personne ne les observait, « Tout à coup j’ai entendu quelque chose siffler à mes oreilles et Côté a dit : « Qu’est-ce qu’il y a ? » En même temps son poing gauche a frappé ma main droite qui était sur le volant. L’auto a fait un écart et je me suis occupé de remettre la voiture sur la route. »

Benoît a dit à son complice d’entrer dans des broussailles, tandis que Côté était affaissé sur son siège. Les deux complices ont fait descendre leur victime pour l’étendre sur un muret de pierre avant de le ligoter. Sa tête était déjà couverte de sang. Benoît l’a bâillonné et fouillé. Après leur crime, Gauthier et Benoît se sont rendus au restaurant chez Théo pour y prendre quelques consommations. De la somme volée dans les poches de Côté, Gauthier dira avoir reçu 13$. Après avoir fait un tour de la ville, les deux voyous ont passé la nuit à l’Hôtel Royal, coin Berri et Notre-Dame.

Lorsqu’on a retrouvé le corps de Côté, le Dr Rosario Fontaine a déterminé que la victime portait également des blessures au crâne mais que celles-ci n’étaient pas mortelles. En fait, Côté est mort étranglé.

Le procès de Benoît s’est déroulé du 4 au 6 octobre 1937 à Montréal devant le juge Wilfrid Lazure. La Couronne était représentée par Me Ivan Sabourin tandis que la défense de l’accusé était assurée par Me Joseph Cohen et Me Antoine Sénécal. Lionel Gauthier, qui a décidé de témoigner contre Benoît, a admis avoir fait des aveux « sur les instances du détective Hilaire Beauregard et non parce que cela lui plaisait. » Il aurait décidé de tout raconter lorsqu’on lui avait dit qu’il serait accusé de meurtre.

Les avocats de Benoît n’ont présenté aucune défense. Toutefois, lors de sa plaidoirie, Me Sénécal a dépeint son client comme le mouton noir de sa famille. Pendant ce monologue, l’accusé a fondu en larmes. C’est devant une audience de plus de 300 personnes que Benoît, les menottes aux poings, a reçu le verdict de culpabilité. Entouré de six gardes, il est demeuré impassible. Lorsque le greffier Jules Godin lui a demandé s’il avait quelque chose à déclarer. c’est « dans un mouvement violent » que « Benoît s’avança sur la barre de cuivre. D’une voix vibrante et sanglotante [sic] il cria : « Votre Honneur, je ne prétends pas obtenir de faveurs, mais je déclare que je suis catholique et que comme il y a un autre monde, je vais y aller pour une fois. En me condamnant, vous condamnez un innocent. Le vrai coupable, c’est Lionel Gauthier, qui a machiné toute cette affaire contre moi, avec un Judas qui se nomme Blouin. C’est ce Blouin qui a amené Tremblay et Gaudry pour témoigner contre moi.  Du fond de mon cœur, je vous jure sur mon âme que je suis innocent. Rendez votre sentence, Votre Honneur ». »[1]

Lorsque Benoît a fait un geste pour s’avancer, les gardes l’ont maîtrisé. Son exécution a été fixée au 14 janvier 1938, une date qui sera cependant reportée au 22 avril 1938. Ce matin-là, le supplicié est monté sur l’échafaud à 7h55. Contrairement à sa dernière apparition en Cour, Benoît paraissait résigné et calme. Au cours de la nuit, il aurait même mangé avec appétit. Dès la fin de l’exécution, le corps a été réclamé par les frères de Benoît, qui prévoyaient l’inhumer dans un endroit qu’ils ont évité de révéler aux journalistes.

Lionel Gauthier a subi son procès devant le juge Wilfrid Lazure du 8 au 10 novembre 1937. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 18 février 1938 avant que sa peine soit commuée en emprisonnement à vie au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.



[1] La Patrie, 7 octobre 1937.

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