Homicide commis lors d’un vol – Objet contondant
Georgeville, Estrie – 2 SC
Arthur Côté, 24 ans, condamné à mort, sentence commuée.
Le 12 août 1940, un cadavre a été retrouvé le long d’une route déserte près de Georgeville, en Estrie. C’est George Wilson, un gamin de 10 ans, qui a fait la triste découverte en s’amusant dans des broussailles. Les vêtements de la victime avaient disparus et il était évident que l’homme avait été sauvagement battu avec une arme contondante. Dans la soirée du 17 août, la police de Montréal a reçu un télégramme de l’Ontario demandant à ce qu’on recherche un disparu nommé Jeffrey Munn, un cultivateur retraité de 50 ans de Hamilton, en Ontario. Ce détail a permis l’identification du corps.
Pendant ce temps, les hommes d’Armand Brodeur avaient déjà retrouvé une voiture Buick sedan ensanglantée et portant des plaques ontariennes. Ceux-ci ont eu droit à des félicitations de la part de Louis Jargaille, le sous-directeur de la Police provinciale. Selon toute vraisemblance, le meurtre aurait été commis la veille à McGown’s Point et le vol en serait le mobile. Les policiers ont fini par mettre la main sur Arthur Côté, un chauffeur marié âgé de 24 ans.
Le procès de Côté s’est ouvert le 27 janvier 1941 pour se terminer le 3 février à Sherbrooke devant le juge Hector Verret. Côté était défendu par Me Nadeau alors que la Couronne était représentée par Me Césaire Gervais. Le jury a délibéré près de cinq heures avant de rendre son verdict. Reconnu coupable, « Côté devint pâle et s’appuya fortement à la barre des accusés, pendant que sa sœur, Mme L.-P. Giguère, de Montréal, poussait un cri strident, montrant le poing aux douze hommes qui venaient de trouver son frère coupable et s’écriait : « vous êtes des méchants ». »[1] Lorsque le juge lui a demandé s’il avait quelque chose à déclarer, Côté a répondu : « C’est un homme innocent que vous avez condamné, non pas vous, monsieur le juge, parce que vous m’auriez trouvé innocent, mais c’est aux jurés que je m’adresse. L’on ne devrait pas laisser douze hommes décider de la vie d’un homme. Vous savez, vous, monsieur Nadeau, que je suis innocent et je prie le bon Dieu que ma pauvre mère vive assez vieille pour assister à ma réhabilitation. Le jury m’a jugé, mais Dieu un jour le jugera comme il jugera Jargaille et ses hommes. »
Devant un prétoire bondé de curieux, le juge Verret a fixé la date de l’exécution au 9 mai 1941. La peine de Côté a toutefois été commuée en emprisonnement à vie au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.
[1] La Patrie, 4 février 1941.
Comments