1942, 25 novembre – François Mingam, 62 ans
- 30 déc. 2024
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Homicide sans discernement commis lors d’un vol – objet contondant (levier ou barre de fer)
Montréal, 3140 rue Rouen, atelier de la Guaranteed Pure Milk – 1 SC
Roger Beaudoin et Lucien Valiquette, pendus simultanément.
Au matin du 25 novembre 1942, c’est dans l’atelier de la Guaranteed Pure Milk, situé à l’arrière du 3140 rue Rouen, que François Mingam, 62 ans, a été tué « d’un seul coup donné avec une force terrible à l’aide d’un levier de fer long de plusieurs pieds. »[1] Selon les policiers, le pauvre homme aurait été surpris car il n’a pas eu la chance de se défendre. « M. Mingam était assis sur un banc, dans d’atelier [sic], à manger son lunch quand les bandits entrèrent. Comme la victime tournait le dos à la porte elle n’eut que le temps de se lever et de tourner la tête. Elle reçut un terrible coup qui l’atteignit juste au milieu du front et lui fracassa le crâne. M. Mingam s’écrasa sur le sol et fut apparemment tué du coup. »[2]
Le crime aurait été commis vers minuit, heure à laquelle Mingam avait l’habitude de prendre sa pause. L’enquête a permis de comprendre que les bandits avaient d’abord pénétré par la cave en forçant un carreau avant de monter jusqu’au bureau. C’est là qu’ils ont réussi à ouvrir un petit coffre-fort qui, toutefois, s’est avéré être vide. Ils ont alors tenté d’ouvrir un plus gros coffre, mais leur insuccès les aurait poussés à se diriger vers l’atelier où se trouvait Mingam, à 300 pieds de là. « Ils savaient apparemment que le gardien était à cet endroit », a écrit La Patrie. « Après l’avoir assommé ils prirent la fuite sans rien voler là non plus. »
C’est vers 5h54 au matin du 25 novembre que trois employés[3], qui s’apprêtaient à atteler leurs chevaux pour commencer leur tournée quotidienne de lait, ont découvert Mingam qui baignait dans son sang. Les trois hommes ont rapidement contacté la police, qui a confié l’enquête au détective Armand Brodeur, ainsi que ses collègues Alain, Fitzpatrick et Greenberg. Près du corps, ceux-ci ont trouvé une pomme et une tasse de thé renversée, ce qui les a convaincus de révéler à la presse leurs doutes sur le manque d’expérience des criminels. Quant au montant du vol, il a été estimé à environ 20$.
En quelques heures, on a procédé aux arrestations de Lucien Valiquette, 26 ans, qui demeurait au 6990 rue Saint-Hubert, et Roger Beaudoin, un soldat de 20 ans qui résidait au 251 rue Bellechasse. Selon La Patrie, tous deux étaient d’anciens employés de la compagnie de distribution de lait, ce qui expliquerait pourquoi les agresseurs semblaient si bien connaître les lieux. Beaudoin était considéré comme un déserteur de l’armée et, tout comme son complice, avait des antécédents judiciaires. « Le premier des deux à être capturé fut Valiquette qui fut appréhendé pour vol d’une automobile, environ une heure avant que le meurtre ne fut découvert. Quelques minutes après 4 heures, hier matin, Mlle Florence Lewis, 1321 ouest, rue Sherbrooke, rapportait à la police que son auto, stationnant dans la rue, venait d’être volée. »[4]
Le procès de Valiquette s’est déroulé du 22 au 24 février 1943 devant le juge Wilfrid Lazure au palais de justice de Montréal. Reconnu coupable, sa pendaison a été fixée au 20 août 1943. Avant d’en arriver à cette journée fatidique, son complice devait subir lui aussi son procès du 17 au 19 mai 1943. Tout comme Valiquette, Beaudoin a dû faire face au juge Wilfrid Lazure. Même crime, même verdict et même date d’exécution. Notons que les deux complices s’accusaient l’un et l’autre du meurtre.
Le 20 août 1943, Valiquette et Beaudoin ont été pendus ensemble à 0h29. « D’après les quelques renseignements que nous a fournis, ce matin, le gouverneur Alfred Legault, de la prison commune, où a eu lieu l’exécution, les deux condamnés se sont rendus d’un pas ferme sur la trappe fatale accompagnés de leur aumônier et, avant d’effectuer le plongeon dans l’éternité, ils se sont mutuellement serré la main et se sont définitivement réconciliés. »[5]
[1] La Patrie, 25 novembre 1942.
[2] Ibid.
[3] Ces trois hommes étaient Gérard Lecours, du 2613 rue Hogan; Lucien Comptois (ou Comtois), du 12131 rue Brunet, Montréal-Nord; et Henri L’Escarbot du 3497 rue Cartier.
[4] La Patrie, 26 novembre 1942.
[5] La Presse, 20 août 1943.
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