1944, 30 mai – Gérard Lauzon, 29 ans

Homicide à motif indéterminé – Battu à mort

Prison de Bordeaux, Montréal – 1 SC

Marcel Bonneau, un détenu de 26 ans, et René Lavoie, un gardien d’infirmerie de 43 ans, reconnus coupables d’homicide involontaire.[1] Adélard Aubin, gardien de prison de 29 ans, acquitté.

            Gérard Lauzon, un jeune fermier de 29 ans, a été envoyé à la prison de Bordeaux par le juge Léonce Plante afin d’y subir un examen mental. Moins de 24 heures après son arrivée, certains détenus ont profité du fait que Lauzon se trouvait dans une camisole de force pour le rouer de coups. Il a été battu si violemment qu’il en est décédé. Il a eu 14 côtes fracturées et plusieurs autres blessures.

            Lors de l’enquête du coroner, le détenu Marcel Déziel (1948 – Abraham Meyer Sharon) qui était sous observation après avoir tué un marchand en Mauricie, a été appelé comme témoin et n’a pas hésité à identifier Marcel Bonneau[2], Mike le Bossu et Frenchy le Sauvage (Gilbert Thomas French) comme les principaux agresseurs de Lauzon. Au moment où le coroner a annoncé qu’il les tenait criminellement responsables, Frenchy s’est soudainement jeté sur Déziel, alors que celui-ci était attaché à un gardien par des menottes. Frenchy a aussi hurlé « de façon inquiétante », selon La Patrie.[3] C’est l’intervention du chef Louis Jargaille, du capitaine Albert Tanguay et du lieutenant Georges Beaudoin, tous de la Sûreté provinciale, qui a permis de contenir ces individus.

Marcel Bonneau et le gardien de l’infirmerie, René Lavoie, ont été reconnus coupables d’homicide involontaire lors de leur procès, en février 1945. Lors du la tombée du verdict, Bonneau est resté impassible tandis que Lavoie « esquissa un vague sourire en apprenant qu’il échappait à la potence après avoir été accusé de meurtre. »[4] Parmi les témoins appelés durant le procès, on retrouvait Albini Plouffe (1941, 9 novembre – Jeanne d’Arc Marion, 21 ans), un condamné à mort qui attendait l’exécution de sa sentence. On croit que la victime a aussi été battue par Mike Yasham et Frenchy l’Iroquois (Gilbert Thomas French), mais ces deux détenus ont été déclarés aliénés. Pour sa part, Adélard Aubin, un autre gardien de prison âgé de 29 ans, a été acquitté d’une accusation d’homicide involontaire. Le procureur de la Couronne a admis qu’on manquait de preuve contre lui.

[1] Au cours de leur procès, Bonneau et Lavoie ont été défendu par Me Jean Drapeau, futur maire de Montréal.

[2] Bonneau purgeait une peine de 23 mois pour recel de pneus. Il était l’assistant du garde Lavoie à l’infirmerie.

[3] La Patrie, 8 juin 1944.

[4] La Patrie, 25 février 1945.