Homicide sexuel désorganisé – arme blanche (canif) – viol
Montréal, Mont-Royal – 2 SC
Roland-Charles Chassé, pendu.
Le 25 février 1945, deux jeunes enfants ont découvert le corps de John Benson, 9 ans, sur le Mont-Royal. Les pieds et les mains liés, la petite victime gisait dans un banc de neige. Une récompense de 100$ a tout de suite été offerte afin de retrouver l’assassin car les policiers n’avaient aucune piste à explorer.
Le 14 avril, on a remarqué un homme qui couchait au refuge Meurling de la rue Champ-de-Mars et qui parlait dans son sommeil, répétant sans cesse le nom du petit Benson. Une fois informée, la police s’est lancée aux trousses du suspect. Au soir du 16 avril, l’individu est revenu au refuge et a immédiatement été arrêté. Il s’agissait de Roland-Charles Chassé, 43 ans, natif de Saint-Joseph-de-Beauce. Chassé était un ex-bagnard et ancien patient de l’institution Saint-Jean-de-Dieu. Devant un crime à caractère sexuel, un sujet très tabou à l’époque, la police a refusé de livrer les détails de l’agression aux journalistes. Dans ses aveux, Chassé a dit avoir croisé le jeune Benson qui se promenait avec ses skis. Il lui a donc demandé s’il allait faire du ski et l’enfant, intimidé, avait répondu oui. Chassé en avait vanté la beauté avant de lui demander combien il les avait payés.[1] Chassé l’a ensuite plaqué au sol à l’aide d’un croc-en-jambe. Il a ensuite frappé l’enfant d’un coup de poing, suivi de coups de pied. Lorsque l’enfant a perdu conscience, Chassé l’aurait agressé sexuellement. Mais lorsque le petit Benson a repris conscience et qu’il a résisté, l’homme l’a poignardé avec un canif.
Il avait ensuite pris la fuite, abandonné son couteau et ses vêtements, et une fois dans sa chambre il a découpé ses pantalons ensanglantés en morceaux avant de les dissimuler dans un matelas. Au moment de son arrestation, il a confié aux policiers qu’il ne dormait plus depuis le meurtre. Il avait d’ailleurs perdu une quarantaine de livres. En 1913, Chassé avait été arrêté à Sunchook dans l’État du New Hampshire « comme délinquant pour des affaires de moralité. » Le 14 juin 1923, alors qu’il avait 21 ans, il était condamné au bagne d’Alcatraz pour « vol de grand chemin et larcin », ce qui lui avait mérité une peine de 5 ans. Le 2 juin 1924, on le transférait au pénitencier de Leavenworth, Kansas. C’est là qu’il aurait avoué aux policiers américains avoir volé de l’argent pour offrir à de jeunes garçons en échange de certaines faveurs sexuelles. En 1933, à Boston, il était condamné au bagne pour vol et dès sa libération en 1934 il était déporté au Canada. Cela ne l’a cependant pas empêché de retourner aux États-Unis pour y commettre d’autres crimes. C’est en 1939 qu’il a été interné à Saint-Jean-de-Dieu à Montréal, où il serait resté pendant 4 ans.
Lors de son procès, Chassé a témoigné pour sa défense. Il a tout nié en bloc. Il a finalement été condamné à mort et pendu dans la nuit du 15 février 1946.
[1] La Patrie.
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