Meurtre par passion – Arme à feu (calibre .12)
Lac Castagnier -
Gaston Boudreault, 23 ans, condamné à mort, sentence commuée; Alice Lampron, 32 ans, 12 ans de prison.
Le 29 mai 1947, Joseph Laplante, 51 ans, a été tué au Lac Castagnier. Son corps a été retrouvé sur une route isolée du canton de Lamorandière, dans la région d’Amos, par l’abbé L. Cloutier, curé de Champcoeur, et l’abbé Louis-Émile Girard, curé de Rochebeaucourt. La victime portait une blessure à la tête vraisemblablement causée par une arme à feu.
L’enquête a mené les policiers à accuser Gaston Boudreault (ou Boudreau), un trappeur célibataire de 23 ans[1], et Mme Laplante (née Alice Lampron), 32 ans, l’épouse de la victime. Le couple était marié depuis 1934 et avait eu dix enfants. Aux enquêteurs, Alice « raconte, dans sa déposition, qu’elle incita ce dernier [Boudreault] à assassiner son mari, âgé de 51 ans, dont le cadavre fut trouvé sur une route déserte près du Lac Castagnier, le 29 mai dernier. La victime fut tuée d’une balle à la tête. Elle témoigna contre son admirateur Boudreau, mais ce dernier, ayant refusé de dire un seul mot, fut condamné pour la forme à un jour de prison pour mépris de Cour. »[2]
Dès son arrestation, Boudreault a fait une confession complète, expliquant avoir tiré sa victime à bout portant avec une arme de calibre .12. Il a également avoué sa liaison avec Alice Lampron. C’est à Amos qu’a eu lieu son procès, du 22 au 26 septembre 1947, devant le juge Paul-Émile Côté. L’accusé était défendu par Me Lucien Gendron. Mme Laplante, que l’on disait avoir engraissé d’une vingtaine de livres depuis son incarcération, a créé un remous en revenant sur ses aveux livrés lors de l’enquête préliminaire. « Énergique et combative, elle a tenu tête à l’interrogatoire habile de Me Noël Dorion, C. R., avocat de la Couronne, qui pendant trois heures a essayé de lui faire répéter les déclarations incriminantes qu’elle avait faites à l’enquête préliminaire. »[3]
« Mlle Marie-Jeanne Beauregard, infirmière domiciliée à Lac Castagnier a déclaré que vers les onze heures a.m., le 29 mai, elle avait croisé M. Joseph Laplante, alors qu’il se dirigeait en voiture vers l’endroit où une heure plus tard on trouvait son cadavre, dans le rang 7 et 8 du canton Lamorandière. […] L’agent Léo Lefebvre, le sergent Maurice Dupont, et le chef local de la Sûreté Provinciale, le sergent-détective Gustave Massue ont témoigné de la position du cadavre et produit devant la Cour des bourres de cartouches ainsi que la casquette de la victime traversée de plombs dans sa partie supérieure. […] Un fusil produit en cour par le détective Albert Oggier et trouvé chez M. Paul-Henri Aubuchon où l’accusé Gaston Boudrault l’avait déposé le 31 mai, deux jours après la tragédie, a permis au docteur Jean-Marie Roussel, médecin légiste de Montréal, de déclarer que le plomb trouvé dans le crâne de la victime était identique au plomb dont sont remplies des cartouches qui peuvent être tirées par ce fusil, un douze de marque Winchester. Le docteur Roussel a aussi communiqué aux jurés le résultat de son autopsie à savoir que Joseph Laplante était mort instantanément d’une blessure causée par la décharge d’une arme à feu. L’écartement des plombs quand ils ont atteint la victime fait dire au témoin que le coup a dû être tiré d’une distance de 15 pieds environ, de haut en bas, soit que le tireur ait été au-dessus de sa victime, ou que celle-ci ait été penchée quand elle a reçu la décharge de l’arme à feu. »[4]
Reconnu coupable, l’exécution de Boudreault a d’abord été fixée au 30 janvier 1949 avant que sa peine soit commuée en emprisonnement à vie au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul. Selon La Gazette du Nord du 26 septembre 1947, Alice Lampron devait subir son procès « au cours du présent terme. » On y apprenait également que le procureur de la Couronne était Me Jacques Miquelon, assisté de Me Noël Dorion et de Me Jean Beaudoin. Ces deux derniers étaient de Québec. La défense était assurée par Me Charles-N. Barbès, un avocat d’Amos qui avait pour conseiller Me Lucien Gendron. Quelques semaines plus tard, Alice écopait d’une sentence de 12 ans de prison. Au cours de ce procès, elle a finalement admis sa complicité avec Boudreault. « En présence d’une foule qui remplissait la salle d’audience, Alice Laplante a reçu en sanglotant la sentence de la cour et elle a ensuite pris le chemin des cellules. »[5]
[1] Selon La Patrie, il avait plutôt 32 ans.
[2] La Patrie, 16 juin 1947.
[3] La Patrie, 26 septembre 1947.
[4] La Gazette du Nord, 26 septembre 1947.
[5] La Presse, 24 octobre 1947.
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