1947, 8 février – Émilienne Leclerc, 23 ans
- 2 janv.
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Dernière mise à jour : 17 oct.
Homicide par négligence criminelle – opération illégale
Ste-Marie-de-Beauce – 1 SC
Charles Alfred Molleur, condamné à mort, 2e procès pour homicide involontaire,
Émilienne Leclerc, une jeune femme de 23 ans de Sainte-Marie-de-Beauce, a subi un avortement, acte illégal pour l’époque, des mains du Dr Charles Alfred Molleur, 58 ans.[1] Les choses ont mal tourné et la jeune femme est décédée le 8 février 1947. Accusé de meurtre, le Dr Molleur a subi un premier procès en mai 1947 qui s’est soldé par un désaccord du jury. On lui avait alors permis de retrouver sa liberté moyennant une caution de 10 000$.
Le procès s’est tenu au palais de justice de Montréal du 14 au 17 octobre 1947 devant le juge Wilfrid Lazure. L’accusé était défendu par Me Lucien Gendron. Pour la défense de son client, celui-ci a appelé des experts à la barre afin d’appuyer l’idée selon laquelle la jeune femme serait morte d’une hémorragie vaginale. La poursuite, représentée par Me John Bumbrey, prétendait plutôt que l’accusé aurait dû prévenir les parents de la victime et les autorités dès le constat du décès et non attendre plusieurs heures comme il l’avait fait.
Appelée à témoigner, l’épouse de Molleur a raconté avoir accueilli Mlle Leclerc chez elle le 8 février vers 14h30 et avait immédiatement constaté son teint pâle. « La patiente était très faible et son état empirait à vue d’œil. Elle lui enleva ses vêtements, et après avoir exécuté les préliminaires à son entrée dans la salle d’opération, elle constata que Mlle Leclerc saignait abondamment sur le plancher du bureau. C’est tout ce qu’elle sait sur l’état de la jeune fille qui mourut environ 3 heures plus tard. »[2]
Dans son numéro du 18 octobre, La Patrie annonçait que « pour la première fois dans nos annales judiciaires, un médecin est trouvé coupable de meurtre à la suite d’une opération illégale et est condamné à la pendaison. » Fait particulier, tout le monde dans le prétoire serait resté debout pendant que le juge prononçait la sentence. Et lorsqu’il a demandé au condamné s’il avait quelque chose à déclarer, Molleur a calmement répliqué : « vous vous êtes trompés. » La date de l’exécution a alors été fixée au 6 février 1948.
Peu après, Me Gendron a annoncé son intention de porter la cause en appel. Ses démarches connurent un certain succès puisqu’il obtint un autre procès pour son client, cette fois sous l’accusation réduite d’homicide involontaire. En avril 1948, plutôt que d’obtenir un second procès, sa sentence a été commuée en emprisonnement à vie.
Ce que les journaux de l’époque semblaient ignorer, c’est que le Dr Molleur avait été accusé au moins à deux reprises par le passé, une première fois en 1925 pour avoir causé la mort de Gladys Sharp, 25 ans, et encore en 1937 pour avoir causé la mort de Germaine Maheu au cours d’un avortement. Dans les deux cas, cependant, il avait été acquitté par manque de preuve. Doit-on envisager que le Dr Molleur ait été un tueur en série oublié de notre histoire?
[1] Selon La Patrie, il avait plutôt 63 ans.
[2] La Patrie, 17 octobre 1947.




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