Profit personnel – Battue à mort - Surpuissance
Montréal, Île Saint-Hélène – 2 SC
Roger Trudel alias Aumont, 34 ans, pendu.
Dans la nuit du 2 novembre 1948, vers 0h30, les policiers J. Charbonneau et B. Bourdage, attachés au poste de l’île Sainte-Hélène à Montréal, ont entendu une femme crier « POLICE! » Sur une section du pont Jacques-Cartier, ils ont découvert une femme qui gisait dans une mare de sang. La blessée a été transportée à l’hôpital Saint-Luc, où elle est décédée à 7h30. Elle s’appelait Angelina Bertha Desjardins[1]. Elle était l’épouse de Sylvio Bessette. La femme de 48 ans était handicapée[2] et mère de famille. Elle habitait au 5242 rue Chambord.[3]
Les enquêteurs ont d’abord envisagé la piste du vol puisque le sac à main de la victime n’a pas été retrouvé sur la scène de crime, d’autant que la victime avait pour habitude de transporter d’importantes sommes d’argent sur sa personne. On l’avait vu pour la dernière fois vers 15h00 alors qu’elle se rendait au cinéma. Selon La Patrie, l’autopsie a révélé une double fracture du crâne, une fracture des deux clavicules, fracture d’un bras et d’une épaule, et fractures des côtes. De plus, la victime souffrait également, au moment de sa découverte, de contusions généralisées, en plus de ne plus avoir une seule dent dans la bouche. « De l’avis des policiers qui font enquête dans cette cause, ils n’ont jamais vu une femme si cruellement blessée. »[4] D’après cette description, il faudrait envisager que le tueur ait fait preuve de surpuissance et que, par conséquent, le vol n’était peut-être pas sa principale motivation.
Le fils de la victime a précisé que sa mère ne connaissait personne sur la rive sud du fleuve, ce qui lui faisait dire qu’elle y avait été amenée de force. L’enquête policière conduite par Ubald Legault a confirmé cette crainte, puisqu’il a établi que la victime avait été enlevée avant d’être conduite jusqu’au pont Jacques-Cartier. Un individu l’aurait donc forcé à monter dans la voiture d’un complice avant de la frapper pour lui voler sa sacoche. Au final, le tueur aurait tenté de la balancer par-dessus le pont pour faire croire à un suicide.
Roger Trudel, un placier de cinéma âgé de 34 ans, a été arrêté. Vraisemblablement, la victime aurait tenté de lui confier ses économies pour que Trudel en fasse des placements. Le soir du drame, ils ont pris l’autobus ensemble pour descendre sur l’Île Sainte-Hélène. Là-bas, Angelina lui a confié qu’elle avait changé d’idée et qu’elle ne donnerait certainement pas son argent à un homme qui irait ensuite la donner à une autre femme. Après avoir reçu une gifle de sa victime, Trudel avait pété les plombs. Au moment de son arrestation, Trudel avait 650$ sur lui. Il a été jugé, reconnu coupable et pendu un peu après minuit le 5 mai 1950.
[1] Selon le répertoire de Gadoury et Lechasseur, elle avait pour prénom Angelina alors que La Patrie optait plutôt pour Sylvie. Sur le registre d’état civil de Généalogie Québec, elle porte les prénoms suivants : Marie-Angelina-Bertha. Dans son édition du 5 décembre 1948, La Patrie décrivait cette fois Angelina comme une femme de 50 ans.
[2] Elle avait une jambe plus courte que l’autre.
[3] Son mariage avec Sylvio Bessette remontait au 24 juin 1926.
[4] La Patrie, 3 décembre 1948.
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