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1951, 22 janvier - William Sloan, 65 ans

Homicide commis lors d’un vol – Arme à feu (calibre .38)
Montréal, 1986 rue Saint-Antoine – 1 SC
Thomas Luckie, 23 ans, pendu; et Thomas Mullin, 22 ans, pendu.
            Le 22 janvier 1951, William Sloan, un marchand de 65 ans, du 1986 rue Saint-Antoine, à Montréal, a été assassiné à coups de « pistolet » par plus d’un voleur. La tentative de braquage a visiblement mal tourné. « Le corps gît actuellement sur les dalles de la morgue de la rue Saint-Vincent, où il y fut transporté au cours de la nuit. Une enquête sera ouverte, incessamment, par un jury sous la présidence du coroner du district de Montréal, Me Richard-L. Duckett. »[1]
Le soir du drame, Mme Sloan a quitté le restaurant de son mari, qui faisait également office de magasin général, vers 22h00 après avoir fait un appel téléphonique. C’est alors que son mari s’est retrouvé seul pour faire face à deux jeunes cambrioleurs armés qui ont exigé son argent. Selon les comptes-rendus des journaux, le sexagénaire aurait tenté de défendre son bien, ce qui aurait poussé l’un des braqueurs à ouvrir le feu. « On croit que deux coups de feu auraient été tirés par celui des deux bandits qui était armé d’un revolver ou d’un pistolet automatique. Un des projectiles se logea au côté droit de la victime. »[2] Sloan a été transporté d’urgence à l’hôpital Général de Montréal, où son décès a été constaté peu de temps après, à 23h15.
            La Patrie a affirmé qu’au moment du braquage l’un des voleurs était resté près de la porte alors que l’autre s’était avancé vers Sloan pour frapper à coups de poing sur la caisse enregistreuse. Selon cette version, Mme Sloan « sortit de la boîte du téléphone qui fait face à la caisse et courut à l’arrière du magasin pour avertir son mari. Effrayée, elle continua sa course à travers son logis et en sortit par la porte privée qui donne également sur la rue Saint-Antoine. »[3] C’est alors que Sloan aurait tenté de s’interposer mais uniquement pour se mériter une balle dans le côté droit. Un jeune noir, client habituel de Sloan, a été renversé par la sortie des deux voleurs. Plus tard, il expliquera à la police avoir vu les deux suspects fuir en direction de la rue Canning. Contrairement à l’histoire publiée par Le Canada, son rival La Patrie parla d’un seul coup de feu au lieu de deux, en plus d’ajouter que le projectile, de calibre .38, serait ressorti dans le dos de Sloan au niveau de l’omoplate. Les voleurs étaient repartis sans rien dérober. La police finira par procéder aux arrestations de Thomas Luckie, 23 ans, et Thomas Mullin, 22 ans.
Leur procès a été entendu à Montréal les 7 et 8 juin 1951 devant le juge Wilfrid Lazure. La Couronne était représentée par Me John Bumbray. La défense de Mullin était assurée par Me Jean-Paul Massicotte tandis que celle de Luckie l’était par Me Jean Miquelon. Me Massicotte a dit qu’il n’y avait aucune preuve que son client puisse être l’assassin. Pour sa part, Me Miquelon dira que son client avait tiré sous le coup de l’émotion et seulement pour se défendre de l’arme que tenait Sloan au moment de l’altercation. Dans son adresse au jury, le juge Lazure a expliqué qu’il n’y avait que deux verdicts possibles, meurtre ou acquittement. « Le président des Assises explique que depuis 1947, après l’acquittement d’un nommé Hughes qui avait tué un restaurateur au cours d’un vol à main armée, Ottawa a révisé la loi. Aujourd’hui, le seul fait d’être en possession d’une arme à feu, lors d’un crime, même si la victime essaie à se défendre et menace, constitue le meurtre si la mort s’en suit. Il est vrai que seul Luckie a tiré, mais Mullins l’accompagnait et devient tout aussi coupable que lui, d’après l’article 69 du code pénal, qui définit la conspiration. »[4]
Le juge Lazure a ajouté que « même si les inculpés n’avaient pas l’intention de tuer leur victime, même s’ils ont tiré sous le coup de l’énervement, en se croyant en état de légitime défense, c’est un meurtre, à cause de l’arme qu’ils avaient avec eux. Vous ne pouvez pas rendre de verdict d’homicide involontaire. Vous devez dire meurtre ou acquittement. » Après que le jury eut délibéré durant 10 minutes, Luckie et Mullin ont été reconnus coupables. Le juge Lazure a ajourné durant quelques minutes avant de rendre sa sentence « la salle se vide lentement. Quatre sœurs, une amie des jeunes criminels, et deux mamans accablées, partent en pleurant. Un officier charitable leur conseille de ne pas revenir. »[5]
Il était 16h15 lorsqu’on a demandé à Mullins s’il avait quelque chose à déclarer et celui-ci de répondre « j’étais malade, loin de chez nous lorsqu’on a trouvé le revolver et on m’accuse de meurtre. » Quant à Luckie, il a seulement dit : « il y a beaucoup de preuve que l’on n’a pas produite. On en a trop caché ». Des paroles bien futiles, puisque les deux hommes ont été pendus le 2 mai 1952. « La trappe de l’échafaud s’est ouverte peu après 1 heure ce matin et les deux ont été déclarés morts à 1 heure et 15 minutes. »[6]

[1] Robert Lemyre, Le Canada, 23 janvier 1951.
[2] Le Canada, 23 janvier 1951.
[3] La Patrie, 23 janvier 1951.
[4] Le Canada, 9 juin 1951.
[5] Adolphe Nantel, Le Canada, 9 juin 1951.
[6] Le Nouvelliste, 2 mai 1952.

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