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1953, 12 janvier - Adrienne Payant



Meurtre par passion – Empoisonnement (strychnine)
Saint-Isidore-de-Laprairie – 1 SC
Fortunat Dubuc, son conjoint de 53 ans, pendu.
            Fortunat Dubuc, un cultivateur de 53 ans qui habitait avec sa femme, Adrienne Payant, à Saint-Isidore-de-Laprairie, se laissait parfois attirer dans les jupons de d’autres femmes. Le 25 novembre 1952, sa maîtresse, Micheline Perreault, lui annonçait qu’elle attendait un enfant. Dubuc l’a rassuré en lui disant qu’il couvrirait les frais de l’avortement. Sa femme étant au courant de ses liaisons, il a entrepris de se débarrasser d’elle en l’empoisonnant avec de la strychnine. Le 12 janvier 1953, Adrienne était retrouvée morte. Au moment où les policiers ont arrêté Dubuc, le 8 avril 1953, il s’apprêtait à épouser sa jeune maîtresse de 16 ans, qui attendait son enfant pour le mois suivant.
Le procès de Dubuc s’est déroulé du 28 septembre au 3 octobre 1953 à Montréal devant le juge Wilfrid Lazure. L’accusé, défendu par Me Alexandre Chevalier, a témoigné pour sa défense. Entre autres choses, il a réfuté les aveux qu’il avait faits devant les enquêteurs en déclarant que « je n’avais aucune intention de tuer ma femme. Je me suis fait passer au « bat » par la police. Ils m’ont mis les questions et les réponses dans la bouche. »[1] Selon lui, sa femme avait fait une tentative de suicide une vingtaine d’années plus tôt en se jetant dans un puits. Il s’est également permis une critique sévère à l’endroit de ceux qui avaient témoigné contre lui pour la Couronne : « il n’y a que Mlle Blanche Bayant qui ait dit la vérité ici dans la salle. Les autres, ça vaut pas grand’chose. »
            Quant aux circonstances du crime, il a dit être allé nourrir ses cochons « et ma femme a saigné deux poules qu’elle avait vendues au village. Quand je suis parti pour la crémerie, ma femme était de bonne humeur et en bonne santé. Elle est venue me donner un coup de main pour charger les bidons de lait sur l’arrière du tracteur. » C’est en revenant de sa course – il disait avoir acheté de la moulée au village – qu’il aurait découvert le désordre dans la cuisine. Dans la chambre à coucher, sa femme était étendue sur le dos, morte. Lorsque le juge lui a demandé pourquoi il n’avait pas prévenu immédiatement les secours, Dubuc a répliqué : « je ne savais pas comment me servir du téléphone à cadran. » Ainsi, il avait choisi de courir chez sa voisine, Mme Longtin. Il a ajouté qu’Adrienne lui demandait d’acheter régulièrement du brandy pour verser dans sa tisane.
            Questionné par Me Loranger de la Couronne, à savoir si sa femme était du genre jalouse, Dubuc a répondu ceci : « Ma femme a toujours été jalouse. Elle venait chaque fois au village avec moi. Ce n’est pas de ma faute, ma première faiblesse a été en 1944, mais je vais vous expliquer. Sur certains rapports ma femme était anormale… »
Quand son propre avocat lui a demandé s’il aimait les femmes, il a affirmé que « c’est toujours les femmes qui m’ont fait faiblir. » Questionné à savoir s’il aimait sa maîtresse, Micheline Perreault, il a seulement lancé : « Comme ça. Je commençais à être accoutumé aux femmes. »
            Sans trop de surprise, Dubuc a nié avoir eu connaissance des changements au testament qui le liait à son épouse. La Couronne a pourtant démontré que l’accusé avait donné 2$ à un dénommé Larivière afin de se procurer de la strychnine. Micheline Perreault, 16 ans, a témoigné à l’effet qu’elle avait eu un enfant avec l’accusé et que celui-ci s’était chargé de tous les frais médicaux, en plus de lui conseiller de rester chez elle le temps que tout ceci se règle.
            Dans sa plaidoirie, Me Chevalier a opté pour la stratégie selon laquelle les aveux de son client étaient faux et il a remis en question les conclusions du chimiste Bernard Péclet, allant jusqu’à affirmer que la victime n’était pas morte empoisonnée. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 15 janvier 1954 mais une requête en Cour d’appel a repoussé le moment fatidique. Dubuc a finalement été pendu le 18 juin 1954. « Dubuc, qui n’a manifesté aucune émotion, est tombé dans la trappe de l’échafaud, peu après 1h ce matin, et le médecin de la prison a constaté sa mort à 1h18. Plus tôt Dubuc avait entendu la messe dite par l’aumônier de la prison et reçu la sainte communion. »[2] Si Dubuc n’avait pas eu d’enfant avec la femme qu’il a assassiné, sa jeune maîtresse lui en avait donné un qui ne connut cependant pas son père. Selon La Presse, cet enfant est né en mai 1953.

[1] La Patrie, 3 octobre 1953.
[2] La Presse, 18 juin 1954.
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