top of page

1954, 9 mars - Gilles Bourassa, 18 ans

  • 30 oct. 2024
  • 4 min de lecture
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire– Arme à feu (calibre .22)
Shawinigan-Sud, 37 rue Maisonneuve – 1 SC
Gérard Abel, 19 ans, condamné à mort; 2e procès, 7 ans de prison.
Le dimanche 7 mars 1954, Colette Lefebvre, 17 ans, a pris la décision de rompre avec son petit ami Gérard Abel, 19 ans. Elle en avait assez de sa jalousie maladive. Dévasté par cette nouvelle, Abel l’a menacé de se venger. Deux jours plus tard, le mardi 9 mars, il a tenu parole. Colette se trouvait alors chez elle, au 37 rue Maisonneuve à Shawinigan-Sud, en compagnie de son nouveau petit ami, Gilles Bourassa, 18 ans. Peu après 20h00, Gérard Abel s’est présenté sur les lieux. Dans l’espoir de protéger sa nouvelle copine de l’ex-conjoint possessif, Bourassa a décidé d’aller ouvrir. En voyant apparaître ce dernier devant lui, Abel a sorti une carabine de calibre .22 de sous son manteau qu’il a épaulé avant de faire feu. Mortellement atteint à la poitrine, Bourassa s’est écroulé sur le plancher de la résidence des Lefebvre.
Le bruit de la détonation a alerté Mme Benoît Lefebvre, la mère de Colette, qui est venue porter secours à la victime. L’agresseur, toujours planté devant l’entrée, a épaulé son arme pour la seconde fois avant de tirer un projectile dans l’abdomen de Mme Lefebvre. Réalisant enfin ce qu’il venait de faire, Abel a tourné les talons et prit la fuite. Le Dr J. Brunelle a été parmi les premières personnes à arriver sur les lieux. Après avoir constaté la mort du jeune Bourassa, il a ordonné qu’on transporte Mme Lefebvre d’urgence vers l’hôpital Sainte-Thérèse. Pendant ce temps, au poste de police, le chef Arthur Loranger recueillait la confession verbale d’Abel en plus d’aviser la Sûreté provinciale. Celui-ci s’était livré presque immédiatement après son crime. C’est en sanglotant qu’il a déclaré à un policier : « je viens de tuer quelqu’un. Je regrette ce que j’ai fait à cause de mes parents, mais je n’ai pas de peine pour Bourassa. » Le lieutenant-détective Ubald Legault, de l’escouade des homicides de la Sûreté provinciale, a dit aux journalistes que le mobile de ce meurtre s’expliquait par la jalousie. Selon les autorités médicales, on ne craignait pas pour la vie de Mme Lefebvre.
            Le procès de Gérard Abel s’est ouvert au palais de justice de Trois-Rivières devant le juge Léon Lajoie, le 15 novembre 1954. Me Maurice Langlois occupait pour la Couronne, tandis que l’accusé était défendu par Me Raymond Daoust. Les audiences allaient se poursuivre jusqu’au 19 novembre. Abel a témoigné pour sa défense et « il a pleuré en faisant le récit de ses allées et venues durant les trois jours qui ont précédé le crime dont on l’accuse. Environ une heure après son entrée dans la boîte, il demandait grâce à son procureur : « Je suis fatigué … je n’en peux plus ». […] Abel buvait depuis trois jours quand il se rendit près de la demeure de Colette Lefebvre, au début de la soirée du 9 mars. Il buvait parce que Colette Lefebvre lui avait dit qu’elle ne l’aimait plus. Plus tôt, il s’était rendu à la taverne Au pied du Courant où il avait pris deux bouteilles de bière avec un ami. »[1]
            Abel « était dans un état d’affaiblissement complet » lorsque le jury l’a déclaré coupable. Son exécution a aussitôt été fixée au 11 février 1955. Peu après, cinq juges de la Cour d’appel lui ont accordé un second procès. Étant donné la publicité faite en Mauricie autour de cette affaire, la défense, représentée par Me Raymond Daoust, a obtenu un changement de venue dans le district de Québec. Le 21 mai 1957, au palais de justice de Québec, devant le juge J.-Alfred Dion, « un jeune homme de 21 ans, Gérard Abel, portant veston beige, a fait son apparition. Les membres de sa famille et l’assistance ont porté vers lui leurs regards. Il était calme. Il s’est assis. […] Mais justement, il n’y a pas eu de procès. Le procureur de la Couronne, Me Noël Dorion, s’est levé pour annoncer à la Cour, l’abandon de l’acte d’accusation tel que porté, soit celui de meurtre pour le changer en celui d’homicide involontaire coupable (manslaughter). Le président du tribunal, l’hon. Juge J.-Alfred Dion, s’est adressé à l’accusé pour enregistrer son plaidoyer. D’une voix faible, à peine perceptible, Gérard Abel a répondu : « coupable ». Me Raymond Daoust, de l’étude Daoust, Grégoire et Dansereau, de Montréal, s’est alors levé et s’est adressé au tribunal en ces termes : « Je désire profiter d’une occasion qui est rarement donnée aux procureurs de la défense, pour rendre hommage public au procureur de la Couronne, Me Noël Dorion, après l’attitude humaine et compréhensive dont il a fait preuve dans la cause de Gérard Abel. Nous avons ici la preuve tangible, de dire Me Daoust, que l’administration de la justice est faite sainement au Canada, ce qui est tout à l’honneur des procureurs de la Couronne qui savent si bien s’acquitter de leurs devoirs ». »[2]
Le 28 mai 1957, Abel a finalement écopé d’une sentence de 7 ans de prison.


[1] Le Nouvelliste, 19 novembre 1954.
[2] Le Nouvelliste, 22 mai 1957.

Posts récents

Voir tout

Commentaires


  • Facebook
  • LinkedIn

©2020 par DHQ. Créé avec Wix.com

Toute reproduction partielle ou complète des dossiers publiés sur ce site est illégale sans le consentement des auteurs du DHQ.

bottom of page