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1957, 5 novembre - Joseph Ignace Paquet, 73 ans



Homicide situationnel envers une victime âgée – Battu à mort – Par incendie – Mise en scène
Saint-Nicolas (Chaudière-Appalaches) - 1 SC
Fernand Aubé, 29 ans, condamné à mort, sentence commuée; Jean-Guy Wagner, 12 ans de pénitencier pour homicide involontaire.
Le 5 novembre 1957, Joseph Ignace Paquet, 73 ans, a été battu à mort dans sa résidence de Saint-Nicolas. Son assassin ne s’est pas arrêté là, car il a aussi mis le feu à la maison avant de quitter les lieux, ce qui est une façon de mettre en scène son crime.
L’enquête a mené les policiers vers Fernand Aubé, un barbier de 29 ans, dont le procès s’est ouvert le 21 avril 1958 devant le juge Gérard Lacroix, au palais de justice de Québec. Il a fallu toute une journée pour sélectionner les douze jurés.[1] L’accusé était défendu par les criminalistes Raymond Maher et Lawrence Corriveau. Me Jean-Robert Beaudoin, qui occupait pour la Couronne, a déclaré d’entrée de jeu que la victime vivait seule à l’étage d’une maison qui faisait office de magasin. Dans son résumé d’ouverture, il a expliqué son intention de vouloir démontrer qu’Aubé et un complice du nom de Jean-Guy Wagner avaient passé une partie de cette soirée à l’hôtel Montcalm pour y prendre quelques consommations avant de se déplacer au Chalet-des-Cèdres, qu’ils avaient quitté vers 2h30 au matin du 5 novembre. Ensuite, Aubé et Wagner se seraient rendus chez Paquet à Saint-Nicolas, où ils étaient arrivés vers 3h30. Il était prévu que Wagner fasse sortir Paquet et qu’Aubé entre dans la demeure pour y commettre le vol, mais comme Wagner n’arrivait pas à faire sortir le vieil homme, les deux comploteurs s’étaient introduits par effraction. Réveillé par des bruits, Paquet s’est redressé dans son lit, apercevant Fernand Aubé qui tenait un marteau dans ses poches. Wagner aurait alors rassuré le vieillard en lui disant qu’Aubé faisait partie de la police tout en lui demandant de descendre. Par la suite, Wagner a dit avoir entendu des bruits derrière lui et qu’en se retournant il avait vu Aubé avec le marteau dans ses mains. Peu après, Aubé a mis le feu à la propriété.
En passant sur le pont de Québec, Aubé aurait demandé à Wagner de ralentir afin de lancer son marteau ensanglanté dans les eaux du fleuve Saint-Laurent.[2] Le 31 janvier, pris de remords, Wagner avait tout rapporté à la police. Au terme des audiences, le jury a délibéré durant 35 minutes avant de rendre un verdict de culpabilité. « Ganté de noir et coiffé du tricorne de même couleur, le juge visiblement gagné par l’émotion, s’adressa à Aubé pour lui rappeler que son sort devenait maintenant fort pénible après avoir été trouvé coupable d’une offense aussi grave que le meurtre. « Le verdict prononcé contre vous, indique que vous avez enlevé la vie à un vieillard qui ne vous avait rien fait et qui avait le droit de vivre encore toutes les années que voudrait bien lui laisser la Providence. » Il lui a annoncé qu’il serait détenu jusqu’au vendredi 29 août 1958 pour être ensuite pendu. À ce moment, l’honorable juge Lacroix, bouleversé par l’acte qu’il venait de poser, ne put contenir plus longtemps ses sanglots. Il déclara ensuite aux jurés qu’il endossait leur verdict, les remercia « de ce que vous avez fait. Vous avez donné un exemple à la société ». »[3]
Pour sa part, le condamné n’a pas bronché. « Ni le prononcé du verdict, ni sa condamnation à mort ne parurent l’impressionner, au contraire car il a même esquissé un sourire rempli d’ironie. Son attitude arrogante a été fortement remarquée. »[4] Éventuellement, sa sentence sera commuée en emprisonnement malgré le refus du jury de le recommander à la clémence.
Son complice, Jean-Guy Wagner, a subi son procès en novembre 1958. Il y sera défendu par Me Gérard Lévesque. Appelé comme témoin, un gardien de prison a décrit ses crises d’angoisse. Wagner disait vouloir mourir pour ne plus ressentir les regrets qu’il avait depuis le crime.[5] « Témoignant à son propre procès, Jean-Guy Wagner a fait une crise de larmes ce matin en racontant tout ce qu’il a ressenti après les événements tragiques du 5 novembre. »[6] « D’après son avocat, Wagner n’est pas un criminel et qu’au cours de cette nuit tragique il a subi l’influence néfaste de Fernand Aubé, qui a fait dix ans de pénitencier. »[7] Après les délibérations, Wagner a été reconnu coupable d’homicide involontaire. La sentence, prononcée quelques jours plus tard, l’a envoyé au pénitencier pour 12 ans.

[1] Selon L’Action Catholique, ces douze jurés étaient Roland Beaulieu, Maurice Drolet, Irénée Nadeau, Charles Dumas, Honoré Couture, Henri Bergeron, Arthur Cantin, J. B. Bourget, Irénée Carrier, Edmond Godbout, Henri Demers et Gaston Voyer.
[2] Puisque Aubé a été défendu par Me Raymond Maher, qui faisait également partie de l’équipe de la défense de Wilbert Coffin quelques années plus tôt, il est étrange de constater la similitude de ce marteau jeté du haut du pont de Québec alors qu’une rumeur tenace voudrait aussi que Me Maher ait jeté une carabine volée par Coffin à partir du même pont.
[3] Le Soleil, 5 mai 1958.
[4] Ibid.
[5] Le Soleil, 14 novembre 1958.
[6] Le Soleil, 17 novembre 1958.
[7] Le Soleil, 18 novembre 1958.

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