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1958, 22 janvier - Jean-Claude Perreault, 21 ans



Profit personnel – ? – Mutilation – Mise en scène
Montréal, près du centre d’achat Ville Jacques-Cartier – 3 SC
Hector Poirier, 51 ans, inconnu de sa victime, pendu.
Jean-Claude Perrault, un jeune célibataire de 21 ans qui vivait avec sa mère et sa sœur Micheline, 17 ans, était follement amoureux de Claire Roy, une pensionnaire qui habitait sous leur toit au 5145 rue Drolet, à Montréal. Les deux jeunes tourtereaux projetaient d’ailleurs de se fiancer. Mais Perrault[1], qui possédait une magnifique Pontiac 1957, venait de perdre son emploi à la compagnie Chauffage de Luxe qu’il occupait pourtant depuis quelques années. Le 8 janvier, il parcourait les petites annonces de La Presse lorsqu’il est tombé sur le texte suivant : « homme célibataire avec auto modèle récent, confortablement lourd, libre pour longs voyages. Immédiatement. 600$ par mois et boni, dépenses payées. Écrire adresse, téléphone, auto, marque, modèle, année.  Case 244 La Presse. »[2]
            Quelques jours plus tard, Perrault a reçu la réponse d’un certain Dennis, qui lui a fixé un rendez-vous à la gare centrale de Montréal. En revenant chez lui, Perrault a expliqué à sa mère qu’il s’apprêtait à travailler pour une organisation secrète qui lui confierait le soin de transporter des colis portant le sceau du gouvernement américain. Le 22 janvier, Perrault a reçu un appel de Dennis, lui donnant rendez-vous le lendemain soir dans un centre d’achat de Ville Jacques-Cartier. Jean-Claude Perrault a embrassé sa copine avant de sortir. Elle ne devait plus jamais le revoir vivant.
L’homme qui se faisait appeler Dennis a tué le jeune Perreault avant de l’installer dans le coffre. Le tueur, qui s’appelait en réalité Hector Poirier, 51 ans, venait à peine de sortir du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul. Il avait abandonné sa femme et ses deux enfants pour aller vivre avec Mme Eddy Laroche, une femme dont le mari se trouvait à la section psychiatrique de la prison de Bordeaux. Après avoir eu sept enfants avec son premier mari, elle en avait donné un huitième à Poirier. Peu après son crime, il a roulé jusqu’à Ottawa avant de revenir vers Montréal après s’être débarrassé du corps. Il s’est arrêté sur une route isolée pour démembrer sa victime et laisser le tout dans la neige. De retour chez lui, il s’est débarrassé de la tête et des mains dans la fournaise. Convaincu que la police ne pourrait jamais identifier le corps, il a décidé de garder la montre et trois paires de boutons de manchette.[3]
Le vendredi 28 février 1958, Claire Roy se trouvait dans un taxi lorsque, soudainement, elle a reconnu la Pontiac de Jean-Claude. Elle ne pouvait faire erreur, se dit-elle, puisque le numéro de plaque était le même : 60-444. N’écoutant que son courage, elle est descendu du taxi pour aller s’adresser au conducteur. L’auteur Alan Hustak, qui a consacré un chapitre à cette affaire dans Haut et court, publié en 2003, décrit ce qui s’est passé en ces termes : « Le conducteur, un homme dans la cinquantaine, tourna la tête. Il avait un visage au teint cireux criblé de marques de petite vérole, et pourtant une certaine distinction émanait de lui. Il portait une moustache brune poivre et sel, et derrière des lunettes à monture en corne, Claire vit un regard froid comme des éclats de métal. Bien que petit, le conducteur était musclé. Il avait des cheveux gras plaqués en arrière. L’homme ne répondit pas; il appuya sur l’accélérateur et réussit à passer au carrefour. »
Selon les journaux, cependant, deux jeunes filles seraient montées sur la banquette arrière de la voiture avant que Claire lance « c’est la voiture de Jean-Claude Perrault ». Immédiatement, Claire a retrouvé sa place dans le taxi et a demandé au chauffeur de le prendre en chasse. À l’angle des rues Saint-Paul et Saint-Sulpice, elle a de nouveau reconnu la Pontiac, qui avait dû se ranger puisqu’un incendie bloquait le secteur. Claire a alors profité de la situation pour courir vers un policier, le constable Jean-Paul Noël. Rapidement, elle lui a résumé la situation. En apercevant l’homme revenir vers la Pontiac, le policier Noël lui a demandé de le suivre à l’intérieur d’une Caisse populaire. Selon Hustak, c’est à ce moment que Noël lui a demandé ses papiers et c’est là qu’on a appris son nom : Hector Dieudonné Poirier. Selon les journaux, Poirier aurait fait semblant de le suivre avant de tourner les talons et de prendre la fuite. L’agent Noël aurait alors sorti son revolver de service pour tirer un coup de semonce, obligeant le suspect à s’immobiliser. Conduit au poste, Poirier a toutefois été relâché après avoir démontré que ses papiers étaient en règles.
Roger Perrault, le frère de Jean-Claude, a cependant continué d’harceler Poirier, qui a fini par lui livrer une version délirante de l’affaire et selon laquelle Jean-Claude lui aurait vendu sa voiture. Roger refusait d’y croire et il a décidé de se rendre dans les bureaux du journal Nouvelles et Potins où il a raconté son histoire au journaliste Guy Lefebvre. Peu après, Poirier répliquait dans les journaux, mais c’était trop tard. Le 30 mars 1958, le cadavre sans tête de Jean-Claude Perrault était découvert le long d’une route à 8 km de Montebello. Cette découverte confirmait les soupçons de la famille, en plus de forcer les policiers à appréhender Poirier, qui fera deux déclarations selon lesquelles sa motivation première était d’obtenir une voiture récente.
Poirier a témoigné pour sa défense, mais le jury l’a déclaré coupable et le juge l’a condamné à mort. Il a été pendu en février 1959.

[1] Dans Haut et court, 2003, p. 107, l’auteur Alan Hustak décrit Perrault comme « un jeune homme malingre aux cheveux bruns et aux yeux endormis.  Une fine moustache donnait à ce fils d’ouvrier né dans l’est de Montréal un petit air sophistiqué.  Il souffrait d’une difformité à la poitrine, un sternum protubérant.  C’était un étudiant en-dessous de la moyenne qui avait quitté l’école en huitième année ».
[2] Alan Hustak donne une autre variante de cette annonce, mais essentiellement semblable : « Recherché : Homme célibataire avec voiture modèle récent, libre pour longs voyages, six cents dollars par mois plus prime, dépenses payées.  Faire parvenir adresse, téléphone, année et modèle du véhicule, Boîte 244, La Presse ».
[3] La sœur de Perreault avait gardé la facture, ce qui a plus tard permis d’identifier les boutons de manchette.
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