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1960, 7 août – J. David Laycock



Homicide par négligence criminelle – Véhicule automobile

Cap-de-la-Madeleine, route 138 – 1 SC

Camille Doyon, un mois de prison et amende de 300$

            Le 7 août 1960, Camille Doyon, qui habitait au 167 Maufils à Québec, a été impliqué dans un violent accident de la route au Cap-de-la-Madeleine, à l’intersection des rues Sainte-Madeleine et Notre-Dame.  La collision a d’ailleurs causé la mort de J. David Laycock, de Sainte-Marthe du Cap.  Doyon, qui se trouvait au volant d’une Cadillac, a été accusé de négligence criminelle pour avoir conduit à « une vitesse excessive, dans une courbe et en montrant une insouciance déréglée et téméraire à l’égard de la vie et de la sécurité d’autrui », peut-on lire dans le dossier.

            Le 17 mars 1961, c’est devant le juge Léon Girard que comparaissait Doyon. Me Jules Biron occupait pour la Couronne alors que Me Claude Bisson représentait les intérêts de l’accusé.  Le procès n’a fait appel qu’à seulement quatre témoins.  Le premier se nommait Gabriel Lachance, un photographe de la Sûreté provinciale de 34 ans qui s’était chargé de prendre les photos sur la scène de crime au cours de la soirée du 7 août, et aussi le lendemain matin. Les plans rapprochés des deux voitures impliquées ont été immortalisés au garage Charles Turcotte du Cap-de-la-Madeleine. On y reconnaissait la Cadillac de 1956, immatriculée T-9802, ainsi que la Buick de 1955 appartenant à la victime.

            Sur la photo P-6, on apercevait le détective Gilbert qui montrait le lieu précis de la collision à l’aide de sa main droite.  Sur la chaussée, on voyait toujours des traces de freinage.

            Le témoignage de Mme Thelma McCormick s’est déroulé en anglais.  La femme de 28 ans, qui habitait au 2385 de la rue DeGanne à Trois-Rivières, a confirmé que le jour du drame elle se trouvait avec son mari, Donald McCormick, ainsi qu’Adam Laycock et Jeffrey Laycock.  Thelma était assise au centre, sur la banquette arrière.  C’est Jeffrey qui conduisait.

            Peu avant l’impact, elle avait vu une voiture foncer en leur direction.  Elle ne gardait toutefois aucun souvenir de la collision.  Par ailleurs, elle a été incapable d’estimer leur vitesse mais dira que « nous allions très lentement, parce que nous nous apprêtions à faire un virage serré ». Leur véhicule se trouvait évidemment dans la voie de droite. Ils étaient sur le point d’arriver à leur embranchement et la manœuvre pour tourner n’avait toujours pas été amorcée. Leur véhicule se dirigeait vers l’est, vers Québec.  À cet endroit, elle a été incapable de se rappeler si la ligne médiane était pointillée ou double.  Toutefois, elle a situé la collision vers 3h30 ou 4h00 de la nuit, ajoutant qu’il y avait du brouillard.

            Thelma avait brièvement perdu conscience suite à la collision, en plus d’être blessée aux côtes et aux orteils. Évidemment, elle a dû confirmer le décès de Jeffrey Laycock.

Puisqu’elle arrivait encore à se rappeler du son produit par le clignotant, ce détail signifiait que Laycock n’avait pas été négligeant et qu’il avait signalé son intention prochaine de tourner à gauche.

            Quant à la vitesse de l’autre voiture, Thelma parlera de « très rapidement ».  « Il n’était pas là et l’instant d’après il était là ».

            Le certificat de décès de Jeffrey Laycock a ensuite été produit en preuve.

            Contre-interrogée par Me Claude Bisson, Thelma dira que cette nuit-là ils revenaient de Saint-Louis de France, où ils avaient veillé chez des amis.

            Le témoin suivant était Raymond Clavet, 29 ans, employé d’abattoir demeurant au 442 de la 8ème rue dans le quartier Limoilou à Québec.  Celui-ci a affirmé avoir vu Camille Doyon dans l’après-midi du 6 août 1960 vers 15h00.  Doyon était venu le chercher chez lui en voiture et Clavet avait monté avec lui pour faire un tour.

-        Il demeure où?, questionna Me Jules Biron.

-        Sur la rue Beaufils. Au 167 rue Beaufils à Québec.

-        Vous êtes allé chez lui pour quoi faire?

-        On voulait aller à la plage des Laurentides.

-        Y êtes-vous allés?

-        Oui.

-        Est-ce que vous avez acheté quelque chose avant de vous rendre à la plage des Laurentides?

-        Une caisse de vingt-quatre Dow [bière québécoise].

Accompagné du frère de Doyon, les deux hommes s’étaient rendus à la plage des Laurentides. Ils y étaient restés jusqu’à 17h30 ou 18h00. Par la suite, Doyon avait reconduit Clavet pour revenir le chercher après le souper. À partir de là, ils se sont rendus sur la rue St-Jean afin de se promener dans Québec avant d’aboutir à la salle de danse Variété, à Lauzon. Ils y sont restés jusqu’à 1h00 de la nuit.

Les deux amis ont finalement décidé de se rendre à Grand-Mère sur un coup de tête. Mais avant, ils ont passé chez Clavet pour que ce dernier puisse récupérer son maillot de bain.

-        Qu’est-ce qui est arrivé par la suite?

-        Bien, il y avait de la brume pour monter.  Pas directement de la brume, c’est comme des nuages, par secousses.

-        Est-ce que vous avez eu un accident par la suite dans les alentours du Cap-de-la-Madeleine?

-        Oui.

-        Qui a conduit tout le long du trajet?

-        C’est lui.

Clavet jura qu’avant l’accident leur véhicule roulait à environ 50 miles à l’heure (88 km/h).  Quant aux consommations de Doyon lors de cette soirée de danse, Clavet parlera de deux ou trois petites bouteilles de bière.

-        Combien monsieur Doyon a-t-il pris de bouteilles de bière sur les vingt-quatre que vous avez achetées en plus?

-        Une couple.

-        En plus de ce que vous avez acheté et pris dans les clubs?

-        Une couple.

-        Une couple?

-        À ma connaissance.

-        Il peut en avoir pris sans que vous en ayez eu connaissance?

-        Ah, ça!  À ma connaissance, moi, il en a pris une couple.

Interrogé ensuite par le juge Girard lui-même, Clavet dira avoir eu une jambe fracturée dans cet accident. Il avait également perdu conscience, si bien qu’il s’était réveillé à l’hôpital.

Selon lui, le seul arrêt entre Québec et Grand-Mère s’est fait dans un garage pour faire le plein d’essence, mais il a été incapable de désigner l’endroit exact. Il jura qu’après leur départ de Québec leur consommation d’alcool avait cessé. En fait, leur dernière consommation remontait à la salle de danse.

Le témoin suivant a été le policier Laurent Boisvert, 44 ans, de la Sûreté provinciale, qui résidait dans le rang Red Mill.  Contrairement à Clavet, qui parlait de ligne droite, Boisvert parlera d’une courbe pour situer l’endroit précis de la collision.  À son arrivée sur les lieux, il y avait une Cadillac et une Buick 1955 accidentées. Contre-interrogé par Me Biron, il dira que la Buick avait pu freiner sur une distance de 57 pieds et ajoutera que le point d’impact s’était produit à une trentaine de pouces du côté droit de la ligne double, en direction Champlain.  Il marqua d’un « O » l’entrée du Parc Saint-Maurice.

            Au final, Doyon a été reconnu coupable de conduite dangereuse, ce qui lui a valu un mois de prison, en plus d’une amende de 300$ ou de deux mois supplémentaire d’incarcération.  La justice lui imposait également une interdiction de conduire durant deux ans.

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