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1961, 15 août - Charles-Eugène Baillargeon, 52 ans



Meurtre par vengeance – Explosifs
Saint-Pierre de Montmagny – 2 SC
Joseph Philias Oscar Létourneau, son voisin de 63 ans, condamné à mort, sentence commuée.
            Au matin du 15 août 1961, vers 7h00, Charles-Eugène Baillargeon, 52 ans, de Saint-Pierre de Montmagny, a ouvert la porte à son jeune cousin, Georges Baillargeon, 14 ans. Celui-ci lui a demandé d’aller faire un tour de Jeep afin de récupérer un harnais au bout de la terre de sa mère. Charles a accepté et, sans tarder, les deux cousins se sont mis en marche vers le garage où était entreposée la Jeep. Georges a été le premier à monter à bord, prenant place du côté passager. C’est alors qu’il a vu un objet étrange sur le siège du conducteur, au point de demander à celui qu’il surnommait son oncle, ce que c’était. Charles s’est emparé de l’objet et au même moment une violente explosion est survenue.  La tête, un bras et une partie de la poitrine de Charles ont complètement disparus sous la violence de la déflagration. On a raconté que des fragments d’os auraient percés le toit du garage avant d’être retrouvés à environ 1 000 pieds plus loin. Pour sa part, Georges a été projeté au sol. L’explosion a été entendue dans tout le village et plusieurs citoyens ont accourus sur les lieux. En apercevant le corps déchiqueté de son mari, Mme Baillargeon a manqué de perdre conscience. Le médecin appelé sur les lieux n’a pu que constater le décès.
            Les enquêteurs de la police ont appris que la veille, vers 20h00, c’est le fils de la victime, prénommé Michel, qui avait été le dernier à se servir de la Jeep. La remise ne verrouillait pas. Le même soir, Baillargeon, ex-sergent-major de l’armée, avait assisté à une réunion des commissaires d’école avant de rentrer à 21h30. On ne lui connaissait aucun ennemi. Selon une rumeur lancée par Allô Police, une hypothèse voulait que Baillargeon ait été impliqué dans un hold-up commis le 30 janvier dans une banque de Saint-Pierre. L’un des trois voleurs était encore au large, disait-on.
            Le chimiste de l’Institut médico-légal Bernard Péclet s’est rendu sur les lieux pour examiner les fragments de la bombe. Péclet, qui avait travaillé sur la célèbre affaire de Sault-au-Cochon en 1949, aurait confié sa conviction selon laquelle la bombe n’était pas de confection domestique. « Il s’agirait plutôt d’un engin de guerre, qui ne serait même pas fait dans les pays alliés. M. Péclet, en effet, a consulté des experts de l’armée, et ceux-ci ont déclaré qu’ils ne connaissaient pas de bombes du genre. Ils ont émis l’opinion qu’elle pouvait avoir été fabriquée au Japon, en Allemagne ou en Asie, au cours de la dernière guerre, pour être apportée au pays comme souvenir de guerre. »[1] On avançait déjà l’idée qu’il pouvait s’agir d’une mine terrestre.
            Le 28 août, les policiers procédaient à l’arrestation de J.-Philias-Oscar Létourneau, un homme de 63 ans, fabricant de générateurs de fournaises à Montmagny qui demeurait au 6 de la 6e rue à Montmagny. Malgré les premières spéculations, il semblerait que Létourneau ait lui-même fabriqué l’engin dans son sous-sol. Le mobile du crime serait le suivant : « les limiers croient que l’assassin, à la mort d’un parent, s’est aperçu qu’une propriété dont il avait espoir d’hériter, était tellement hypothéquée que, en fait, elle revenait de droit à M. Baillargeon. Il serait alors entré dans une grande colère, et il aurait tenté, par l’entremise d’avocats, de reprendre ce qu’il considérait comme sien. »[2]
Le lendemain de l’arrestation, les policiers ont trouvé dans son sous-sol un cylindre de fonte. Lors de l’enquête du coroner, un dénommé Rosaire Chabot, dépositaire d’explosifs, a témoigné à l’effet qu’il avait vendu trois livres de dynamite et des détonateurs à Létourneau. Ce dernier avait prétexté vouloir s’en servir pour la pêche. Puisque Létourneau était venu faire son achat en vélo, Chabot lui avait conseillé de ne pas mettre la dynamite et les détonateurs (caps) dans la même poche.
            Le procès de Létourneau s’est déroulé à Québec du 30 avril au 11 mai 1962 devant le juge Antoine Lacoursière. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 10 août 1962 avant que sa peine soit finalement commuée en emprisonnement à vie au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.

[1] Allô Police, 27 août 1961.
[2] Allô Police, 10 septembre 1961.

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