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1961, 24 août - Gérard Bernier, policier



Meurtre par vengeance – Arme à feu (fusil de calibre .20)
Cap-Saint-Ignace (Chaudière-Appalaches) – 1 SC
Paul Bernier, une connaissance, condamné à mort, a été victime de la tuberculose avant de profiter d’un deuxième procès.
Le 24 août 1961, à Cap-Saint-Ignace, un village situé sur la route 2 près de Montmagny, l’épouse de Paul Bernier, 52 ans, venait à peine de partir en autobus pour Montmagny que celui-ci, en état d’ébriété, appelait le taxi d’Alphonse Lavoie, un ami de longue date. À l’arrivée de Lavoie, Bernier l’a invité à venir à l’intérieur. Lavoie l’a alors vu prendre une serviette rouge dans laquelle se trouvait un objet qu’il n’a pu identifier tout de suite. Dans la voiture, Bernier lui a dit « Tiens, conduis-moi chez Gérard Bernier.[1] J’aurais affaire à lui. »
Durant le trajet, il a déplié la serviette, laissant voir à Lavoie un fusil de calibre .20. Le chauffeur a tenté de le raisonner, mais la voiture se trouvait déjà devant la résidence de Gérard Bernier, un policier marié et père de deux jeunes filles de 10 et 13 ans. Celui-ci se tenait dehors, sur sa galerie. Forcé de continuer, Lavoie a engagé son taxi dans l’allée conduisant jusqu’à la maison. Sans tarder, Paul, que l’on surnommait également « Atala », est sorti pour provoquer le policier. « C’est toi qui m’a coupé », cria Paul Bernier. Gérard a répliqué : « C’est pas moi, j’étais pas en devoir à ce moment-là. » Paul, qui enrageait depuis qu’une voiture lui avait coupé le chemin, a terminé la dispute en lançant : « Si c’est pas toi qui m’a coupé, c’est toi qui en a envoyé pour me couper. »
Sur ces paroles, il a sauté sur Gérard pour tenter de le renverser et le calme de celui-ci n’a rien changé à l’altercation. Après avoir lâché prise, Paul a déclaré encore : « je vais finir par savoir qui c’est », et il est retourné dans le taxi. Encore une fois, Lavoie a essayé de le raisonner, mais Bernier l’a obligé à faire demi-tour en lui appliquant le canon de son arme contre la joue. En revenant à la résidence du policier, la bagarre a éclaté de nouveau. Cette fois, Paul « Atala » Bernier a ouvert la porte du taxi, a saisi son arme et tiré. Gérard Bernier a été tué sur le coup par une gerbe de plombs qui l’a atteint « près du nez, en bas de l’œil gauche. »[2] Lavoie prit la fuite en trombe dans son taxi, tandis que Paul Bernier s’assied tranquillement auprès du corps de sa victime.
Peu après, l’épouse du policier est apparue et Bernier lui a dit « je viens de tuer ton mari. Il est sur le perron. » Paul « Atala » Bernier « ne bougeait pas. Sous les yeux horrifiés des témoins, il avait pris place tout près du cadavre de l’agent Bernier qu’il fixait sans trop comprendre ce qui venait de se passer. Il marmottait une suite de mots incohérents et hochait la tête. Son humeur belliqueuse battait en retraite. Il ne trouvait plus de quoi l’alimenter, la nourrir, lui insuffler un regain. Tout s’était passé trop vite. »
Finalement, le tueur a fini par prendre la fuite, tandis que Lavoie s’arrêtait voir l’abbé Lamarre pour lui raconter ce qui venait de se produire. On a aussitôt contacté la Police provinciale, qui a nolisé un hélicoptère pour survoler la région. Après une brève escapade dans les bois, Paul Bernier, trempé jusqu’aux os, s’est réfugié chez l’hôtelier Robert Caron pour lui demander une chemise et un chandail. Pendant qu’il se changeait, il a dit à Caron : « tu n’entendras plus parler de Bernier. »
Le fugitif s’est ensuite rendu chez Antoine Leclerc, un voisin de l’hôtel, et à celui-ci il a raconté son crime. Cardiaque, Leclerc a fait une crise devant ce récit horrible, poussant Bernier à aller chercher Caron pour obtenir de l’aide. Puisque la respiration de Leclerc ne s’améliorait pas, on a fait appel au Dr Bélanger, et c’est à celui-ci qu’on a discrètement glissé l’information selon laquelle le meurtrier se trouvait encore dans la maison.
À l’arrivée de Mme Leclerc, celle-ci a froidement expliqué à Bernier que la police ne tarderait pas et que ce serait mieux de se rendre sans faire d’histoire, à la fois pour sa femme et sa fillette de 7 ans. Sur ces paroles, Bernier est descendu au sous-sol, où il se trouvait toujours à l’arrivée des policiers, qui l’ont arrêté sans incident. On lui a fait passer la nuit dans une cellule de Montmagny avant de le transférer à Québec, le lendemain. « Il semble qu’il ruminait son geste depuis longtemps. Il en voulait à l’agent Gérard Bernier, ce dernier ayant été forcé d’intervenir, il y a quelques mois, dans une chicane d’un caractère plutôt spécial. Paul Bernier avait battu et blessé son vieux père, un septuagénaire, au sujet du partage des biens du vieillard. »[3]
Le procès de Paul Bernier s’est déroulé à Montmagny du 11 au 14 avril 1962. Reconnu coupable, son exécution a d’abord été fixée au 14 juin 1962 avant qu’il ait droit à un second procès. En décembre 1963, on rapportait que Bernier était soigné dans une infirmerie pour tuberculose et qu’il n’était donc pas en mesure de subir son deuxième procès.

[1] Aucun lien de parenté avec Paul Bernier.
[2] Allô Police, 3 septembre 1961.
[3] Ibid.
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