Meurtre par vengeance – Arme à feu (carabine calibre .22)
Montréal, rue Saint-Louis - 1 SC
Maurice Cadieux, 17 ans, procès avorté pour aliénation mentale.
Le 17 avril 1961, Maurice Cadieux, un adolescent de 17 ans, se promenait avec un copain à l’angle des rues Rachel et Henri-Julien, à Montréal, avec un long paquet rectangulaire sous le bras, lorsqu’il a attiré l’attention de deux policiers patrouilleurs. À leur demande, il a déballé le paquet et ainsi révélé une carabine de calibre .22 et plusieurs munitions. Cadieux a expliqué aux policiers qu’il revenait d’une pratique de tir derrière la croix du Mont-Royal, mais les agents ne l’ont pas cru et ils l’ont conduit au poste.
Sachant que tout effort fourni jusqu’à maintenant pour réhabiliter le jeune délinquant n’avait donné aucun résultat, le juge John Long n’a pas voulu le garder. Le 18 avril, il comparaissait cette fois devant le juge Lagarde, qui l’a remis en liberté en attendant son enquête préliminaire. Le 25, à la date de sa comparution, Cadieux était absent.
Le 1er mai, on l’a retracé et ramené devant le juge Fontaine. Cette fois, on l’a gardé en cellule. Mais le 3 mai, le juge Lagarde a tranché sur le fait qu’il n’y avait pas matière à faire un procès. Il a donc relâché Cadieux, qui a insisté pour qu’on lui redonne sa carabine. Le lendemain, il retournait dans les rues de Montréal avec son arme.
Ainsi, le 5 mai, le destin a mis le jeune Cadieux sur la route du policier Marcel Lacombe, 44 ans et père de trois enfants. Ce dernier faisait partie de la police municipale depuis 20 ans. Sa carabine en main, toujours dissimulée dans une boîte rectangulaire, Cadieux s’est introduit dans le poste de police de la rue Saint-Louis par une porte de garage. « En sortant de l’ascenseur, au cinquième étage, le jeune homme se présenta au comptoir où le constable Claude Fortier lui demanda ce qu’il voulait. Cadieux demanda à voir les deux policiers qui l’avaient arrêté le 9 avril dernier – les sergents-détectives Jacques Cinq-Mars et Jean Beaupré. Alors le jeune homme sortit vivement une carabine de calibre .22 de la boîte qu’il portait et la pointa en direction du constable Fortier. À ce moment, deux policiers du poste no 1, qui étaient en train d’écrouer un détenu, ont aperçu Cadieux et ont sauté sur lui pour le désarmer. L’agent Lacombe était occupé dans un autre coin de la pièce à inscrire le nom d’un détenu sur la liste d’écrou. Comme il s’approchait pour prêter main forte à ses confrères, un coup de feu éclata. Atteint en pleine poitrine, il s’écroula. Peu après, Cadieux était maîtrisé. »[1]
Lors de son procès pour meurtre, en octobre 1961, on a appris que Cadieux avait déjà lancé une boutade selon laquelle si on le revoyait dans le milieu des tribunaux ce serait pour une affaire d’homicide. Et c’est précisément ce qui s’était produit. Le procureur de la Couronne était Claude Wagner, alors que l’accusé était représenté par Me Raymond Daoust. Ce dernier a finalement obtenu un ajournement de la Cour pour permettre que son client soit rencontré par des experts psychiatres. Un mois plus tard, les journaux annonçaient qu’il n’y aurait pas de suite au procès et que Cadieux prenait plutôt la direction des hôpitaux psychiatriques pour une période indéterminé.
Cadieux a été libéré en 1972. Il s’est marié et est devenu père de deux enfants. En octobre 1983, il a cependant renoué avec la violence, en tuant un autre policier du nom de Davie Utman, à Nepean, près d’Ottawa, en Ontario. Il a même assisté aux funérailles de sa victimes et c’est après la cérémonie qu’il a saisi le téléphone afin de se dénoncer.
Peu après ce deuxième meurtre, Cadieux a confié à des journalistes : « Je comprends que les policiers réclament la peine de mort, mais je n’approuve pas les arguments qu’ils avancent. J’ai personnellement tué de sang-froid. À l’époque, la pensée de la peine de capitale ne m’aurait aucunement empêché d’agir. Les policiers m’auraient tout simplement rendu service en m’abattant sur les lieux. [...] Lorsque je suis entré dans ce poste de police pour tuer, je n’étais pas vraiment un représentant de la race humaine. Je n’étais qu’une arme mortelle. J’étais si plein de rage et de haine que j’étais prêt à tirer sur n’importe qui. Rien n’avait de signification pour moi. Vous devez apprendre à vous apprécier vous-même avant d’aimer les autres. »
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