1964, 3 janvier – Georges Chouinard, abbé

Homicide argumentatif – Strangulation

Sainte-Eulalie, Motel Holiday, chambre 07 – 1 SC

Réal Leclair, 20 ans, 20 ans de prison pour homicide involontaire.

            Le 3 janvier 1964, l’abbé Georges Chouinard, vicaire de Sainte-Thècle, a été retrouvé mort dans un motel de Sainte-Eulalie. Selon toute vraisemblance, il aurait été étranglé. Dès le début de l’enquête, l’inspecteur-chef L. Mélançon, « officier en charge du département des enquêtes criminelles à la Sûreté provinciale du Québec a donné des ordres sévères à tous les limiers de l’escouade des homicides de même qu’aux agents de la PP de garder le silence sur les différents développements de l’enquête. »[1]

            Par contre, les journalistes ont souligné que les policiers avaient procédé aux arrestations de trois ou quatre suspects, mais ceux-ci ont dû être relâchés après interrogatoire. Pour sa part, Le Nouvelliste avait appris que deux jeunes avaient été arrêtés, l’un à Grand-Mère et l’autre à Trois-Rivières. L’un d’eux s’appelait Claude Destrempes, 20 ans. Il s’est avéré que toutes ces informations ont été inutiles.

Au moment de l’enquête du coroner, à la fin du mois, c’est plutôt un certain Réal Leclair, 20 ans, de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, qui était visé par l’enquête. Le 31 janvier, il a été tenu criminellement responsable de la mort de l’abbé Chouinard. Toutefois, « L’enquête du coroner a été tenue à huis clos sur instruction du Dr Yvon Thibodeau, coroner du district de Nicolet. Celui-ci a précisé que cette mesure s’imposait en raison « de la nature des détails » de l’affaire. »[2]

            Lors du procès de Leclair, en novembre 1964, on a appris que la victime a été retrouvée dans la chambre no. 7 du motel Holiday. Il portait des blessures à la tête, à la figure, et ses genoux accusaient des traces d’érosions. Le crâne n’avait pas été fracturé. Par contre, il y avait des bleus au cou. Il avait été étranglé manuellement.

            Le procès a aussi permis la reconstitution des événements. Après avoir prêché la messe de Minuit ensemble, le Père Gaston Robillard a accompagné l’abbé Chouinard jusqu’à Montréal. Là-bas, Robillard l’a invité à un repas au célèbre restaurant Hélène de Champlain, en plus d’un apéritif. Chouinard a refusé, disant qu’il devait se rendre à Beloeil visiter ses parents. Craignant une tempête de neige, Chouinard n’a d’ailleurs pas traîné et il est parti.

            Vers 19h00, on a vu l’abbé Chouinard au garage Lavigne, à Sainte-Eulalie. Chouinard s’est présenté à pied en demandant à ce qu’on aille remorquer sa voiture, un peu plus loin sur la route. Mais le jeune Leclair a lui aussi fait son apparition sur place. Puisque la réparation ne pouvait se faire avant le lendemain, Chouinard a été contraint de dormir au motel. Les témoins qui ont vu Chouinard ce soir-là se rappellent qu’il avait un peu bu.

La macabre découverte a été faite le lendemain après-midi par le propriétaire du motel, Roméo Aubin. L’abbé était étendu sur un lit, recouvert seulement d’un drap. Le visage camouflé sous un oreiller. Les deux lits étaient collés ensemble, sur le bureau se trouvaient deux bouteilles de bière ouvertes.

            Leclair, qui a témoigné pour sa propre défense, a admis avoir tué Chouinard mais qu’il avait agi par légitime défense. Il a expliqué avoir rencontré Chouinard dans une taverne et qu’ils ont bu quelques bières avant de quitter et de se retrouver à la fameuse station de Sainte-Eulalie. Chouinard l’aurait invité à sa chambre, puis aurait tenté de se rapprocher du jeune homme. C’est là que Leclair a pété les plombs et qu’une bagarre a éclatée

            Réal Leclair a été reconnu coupable. On lui a donné une sentence de 20 ans de prison.

[1] Le Nouvelliste, 7 janvier 1964.

[2] La Presse, 10 février 1964.