Homicide sans discernement commis lors d’un vol – Arme à feu
Montréal, 1112 ouest rue Sainte-Catherine, cabaret Copacabana – 1 SC
Claude Martin, 35 ans, condamné à mort, sentence commuée.
Albert Giguère, 64 ans, travaillait comme barman au Copacabana, un cabaret situé au 1112 ouest de la rue Sainte-Catherine, à Montréal. Ce pacifiste n’avait que des amis. Le propriétaire de l’établissement, un dénommé Gagnon, confiera aux journalistes qu’il considérait Giguère comme son propre père. Les deux hommes se connaissaient depuis 12 ans mais Giguère travaillait au Copacabana depuis deux ans seulement. « Il avait la réputation d’être le type parfait de ce barman, que le cinéma a caractérisé à outrance, qui écoute les confidences de tout le monde, et distribue à tout vent bons mots et réconfort. Discret, il savait écouter en silence toutes ces gens qui viennent s’attabler au bar à la suite d’une peine d’amour, de problèmes d’argent ou tout simplement afin de briser un peu la monotonie de leur vie esseulée et ennuyante. »[1]
Le lundi 5 juillet 1965, Claude Martin, un débardeur de 35 ans, s’est présenté au Copacabana vers 14h00. On l’y avait vu à quelques reprises au cours des jours précédents. La veille, on lui avait conseillé de revenir plus tard en après-midi puisque le cabaret n’était pas encore ouvert. En fait, il s’est présenté une première fois le 5 juillet avant de rebrousser chemin. La présence d’une cinquantaine de clients sur les lieux l’aurait apparemment découragé. À sa deuxième visite, il a fini par se retrouver seul au bar. Il était alors 13h55. Seul avec Giguère, il a soudainement sorti un revolver de calibre .32 pour l’obliger à lui remettre le contenu du tiroir-caisse, qui renfermait 150$. Giguère a obtempéré sans offrir la moindre résistance.
Plutôt que de fuir les lieux avec l’argent, Martin a ensuite demandé au barman de le suivre jusqu’aux toilettes, où il l’a obligé à s’allonger sur le plancher. Il l’a froidement abattu d’une balle derrière l’oreille droite. Selon une hypothèse, il aurait craint d’être reconnu par le barman. Martin était un récidiviste qui venait à peine d’être libéré de prison.
Voulant profiter de l’argent du vol, Martin s’est retrouvé le soir même sur la Main au Casino Show Bar. Ivre et impatient devant la qualité du service, il a menacé une serveuse à l’aide de son arme. Il a été arrêté et la police n’a pas tardé à faire le lien avec le meurtre du Copacabana. Le jury du coroner n’a délibéré que cinq minutes avant de le déclarer criminellement responsable du meurtre de Giguère. Le juge T.-A. Fontaine l’a ensuite renvoyé subir son enquête préliminaire.
Le procès de Martin s’est tenu du 28 mars au 1er avril 1966 à Montréal devant le juge Peter V. Shorteno. Après un verdict de culpabilité, on a fixé son exécution au 30 septembre 1966 avant que sa peine soit commuée en emprisonnement à vie.
[1] Allô Police, 18 juillet 1965.
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