Homicide conflictuel – Arme à feu
Montréal, cinéma le Capitol - 2 SC
David Albert De Leon, condamné à mort, sentence commuée.
Le crime qu’on a qualifié de meurtre le plus spectaculaire de l’histoire de Montréal s’est produit le 26 juin 1966. Wayne Hudlin, un jeune homme de race noire, habitait au 3484 Durocher. Deux semaines plus tôt, il avait connu une dispute avec un autre jeune homme noir du nom de David Albert De Leon, qu’il aurait mordu au cou. Peu après, De Leon se procurait un revolver de calibre .22, apparemment pour atténuer sa crainte envers Hudlin. De plus, De Leon fréquentait une jeune fille de race blanche, Lucille Charrette, 21 ans, qui habitait avec un autre noir du nom de Raymond Flint, 19 ans.
Le 26 juin 1966, De Leon s’est rendu au cinéma le Capitol, dans l’ouest de Montréal, avec sa copine. Lorsqu’il a remarqué la présence de Hudlin, assis par terre à l’arrière de la salle, De Leon a envoyé Lucille demander à Flint de lui amener son revolver de calibre .22. Ce soir-là, on présentait le film Duel at Diabolo, ce qui a fait dire à Allô Police que « les vedettes sont James Gardner et Sidney Poitier. Le scénario raconte l’antagonisme acerbe d’un noir et d’un blanc. » Vers 18h15, le rythme du film s’est transformé avec une scène sentimentale, créant un silence dans la salle. Au même moment, Lucille et ses deux copains se sont levés pour se diriger vers l’arrière, dérangeant ainsi quelques spectateurs dans leurs déplacements.
En arrivant à la hauteur de Hudlin, toujours assis, l’un des deux noirs a sorti un pistolet de calibre .22 pour tirer sur lui, sans le moindre motif apparent. Tandis que cette détonation saisissait tous les cinéphiles, cinq autres coups de feu ont retenti. Hudlin s’est écroulé, mort. Il avait été atteint de cinq projectiles dans la région du cœur. La sixième balle l’aurait touché à l’épaule. La panique s’est emparée de toute la salle. Lucille en a profité pour sortir et attendre ses deux copains sur le trottoir. Ceux-ci ont d’abord grimpé jusqu’au troisième étage avant de redescendre par l’escalier de secours. C’est là que la police a plus tard retrouvé l’arme du crime. Puisqu’un témoin les avait aperçus, les deux fautifs ont finalement choisi de se livrer aux autorités.
Selon les policiers, le mobile du crime s’expliquait par la dispute survenue une quinzaine de jours plus tôt. Depuis, les deux individus se tenaient sur leurs gardes. David Albert De Leon n’avait apparemment pas digéré cette agression. « Hudlin n’était pas un inconnu de la police de Montréal, puisqu’elle l’avait arrêté en 1963 pour attentat à la pudeur, et en 1965 pour flânage [sic] la nuit. »
Lors de l’enquête du coroner, qui s’est tenue devant Me Laurin Lapointe, la seule explication donnée par De Leon et son complice a été de dire que « nous voulions voir la fin du film. » De Leon, Flint et Charrette ont été accusés de meurtre qualifiés et envoyés subir leur enquête préliminaire. De Leon180 a dû subir son procès le 7 avril 1967 à Montréal devant le juge Peter V. Shorteno. Reconnu coupable, son exécution a d’abord été fixée au 16 juin 1967 avant que sa peine soit finalement commuée en emprisonnement à vie. Quant à Charrette et Flint, « la sentence de la Cour est la suivante : Les accusés passeront une journée en cellule; chacun d’eux fournira dès ce jour et sans frais un cautionnement personnel de $500 de garder la paix durant deux ans. D’ici deux ans, ou jusqu’à son mariage – si tel mariage était célébré auparavant – Lucille Charrette aura l’obligation, tous les six mois, à compter de ce jour, de me fournir un rapport écrit, contre signé par ses parents, en marge de son comportement dans la société. Il en sera de même quant à Raymond Flint, sauf que le rapport devra m’être fait par la John Howard Society à qui je demande de garder l’accusé sous son aile protectrice. »181
Comments