1968, 17 juin – Jean-Yves « Fidel » Piquette, 18 ans

Meurtre par compétition criminelle – Objet contondant (chaîne)

Longueuil, boulevard Taschereau - 1 SC

Jean-Marc Deniger, 19 ans, 3 ans de pénitencier pour homicide involontaire.

Quelques jours avant le drame qui a coûté la vie à Jean-Yves Piquette, un jeune homme de 18 ans, une escarmouche s’est produite entre des membres de motards criminalisés. Certains membres des Satan’s Choice et des Devil’s Disciples ont envahi la discothèque Le Caboulot, rue Saint-Denis. Il s’agissait du lieu de rencontre des Popeys. Une violente bataille a donc eu lieu ce soir-là.

Le 17 juin 1968, Jean-Yves « Fidel » Piquette, membre des Devil’s Disciple, a été poignardé à mort par des motards du club des Popeys. En fait, Piquette roulait avec deux amis lorsque cinq Popeys à moto les ont dépassés pour dresser un barrage un peu plus loin. Derrière leurs motos, les Popeys attendaient avec des chaînes dans leurs mains. Alors que ses deux compagnons faisaient demi-tour, Piquette a décidé de les affronter en fonçant sur eux. Au moment de franchir le barrage, il a cependant perdu l’équilibre et il est tombé aux mains de ses adversaires. Les Popeys l’ont roué de coups. Après un certain temps, Piquette a réussi à fuir vers des résidences du secteur. À l’hôpital, on lui a diagnostiqué une perforation des reins et du foie. Il en est décédé trois heures plus tard.

La mère de Piquette a raconté à un journaliste du Petit Journal que son fils était « un bon petit gars, pas un voyou qui pillait. Il travaillait pour une compagnie d’huile à chauffage et avait un bon salaire. Il s’était payé sa moto lui-même. C’était un fanatique de cette machine, mais pas un gars qui faisait des bêtises. D’ailleurs, il me racontait tout ce qu’il faisait, où il allait, ses idées. Il avait une petite amie, Monique, avec qui il sortait souvent. Jamais, d’après ce qu’il m’a dit, il n’a participé à une bagarre depuis qu’il fréquentait ces motards, c’est-à-dire depuis environ un an. »[1] Il étudiait pour devenir plombier.

            Au cours des heures qui ont suivies la mort de Piquette, le repaire des Satan’s Choice, situé à Saint-Valentin, a reçu la visite d’une quarantaine de motards Sun Downers, un club affilié aux Popeys. « Armés de chaînes et de fusils à canon tronçonnés, ils détruisent complètement l’intérieur du local. »[2] La première guerre entre clubs de motards au Québec semblait avoir été déclenchée.

Selon toute vraisemblance, la mort de Piquette représente le tout premier meurtre de motard à survenir en sol québécois.

Plus tard, Jean-Marc Deniger, 18 ans, affilié aux Popeys, a été accusé suite à l’enquête du coroner. En novembre 1968, il a été reconnu coupable d’homicide involontaire. Il a écopé de 3 ans de pénitencier.

Deniger s’est plus tard intégré au puissant club des Hell’s Angels. On l’a retrouvé le 6 mai 1985 troué de balles, ficelé et enveloppé dans un sac de couchage. Il parlait trop, semble-t-il.

Le crime qui a coûté la vie à Piquette a aussi permis de sensibiliser la population à une présence de plus en plus menaçante des motards criminalisés dans les Cantons de l’Est. Là-bas, leur présence commençait à nuire à plusieurs citoyens. En effet, ils pillaient, agressaient à peu près tous ceux et celles qui leur tombait sous la main.

[1] Le Petit Journal, 23 juin 1968.

[2] De Champlain, 2017.