Infanticide par un meurtrier d’âge adulte – arme blanche (couteau)
Westmount – 1 SC
Thorvald (ou Thornwald) Hansen (ou Hanson), inconnu de sa victime, pendu.
Au cours de la soirée du 26 octobre 1901, vers 20h00, Éric Elyne Marotte, un jeune garçon âgé de 7 ou 8 ans, marchait sous une pluie abondante pour revenir au domicile de sa grand-mère. C’est à ce moment qu’il a été assailli par un homme. D’une main, son agresseur l’a agrippé au cou, tandis qu’il se servait de l’autre pour fouiller ses poches et lui prendre quelques sous. C’est pour faire taire ses cris que « le monstre », tel que l’a qualifié le journal La Patrie, a sorti un couteau pour lui enfoncer dans la gorge.[1] Lorsque l’enfant a cessé de bouger, son agresseur a pris la fuite.
Vers 23h00, le chef de la police de Westmount, John Harrison, a été alerté. Il s’est immédiatement rendu sur les lieux pour constater que, finalement, le corps de l’enfant venait d’être transporté chez les parents. Éric Marotte, sans vie, était étendu sur une table et Harrison a pu constater que la plaie à la gorge avait été faite par un instrument tranchant.
Le lendemain, un homme d’origine danoise, Thornwald Hansen, s’est présenté à la police en avouant être le meurtrier. Voici le résumé de ses aveux selon le journal La Patrie : « Il y a deux mois, je quittais le Danemark, ma patrie, pour me rendre à Québec. J’ai fait le voyage à bord du steamer Lake Ontario. Arrivé à Québec, j’ai réussi à me trouver de l’emploi à l’hôtel Frontenac. Je lavais la vaisselle. Il y a trois jours, je vins à Montréal dans l’espérance de trouver une situation plus rémunératrice. J’avais en portefeuille la somme de dix dollars. En débarquant, je fis la connaissance de deux individus et je passai deux heures dans une taverne, à boire et à m’amuser. Hier, je constatai avec un vif regret que je n’avais plus le sou. Et pourtant une soif horrible me torturait. Et personne pour me donner le verre de liqueur qui m’aurait calmé. Il était environ huit heures, samedi soir, j’errais à l’aventure dans le haut de la ville, m’efforçant de découvrir un moyen de trouver de l’argent. Tout à coup, je vois venir à ma rencontre un bambin de 8 à 9 ans. Comme il passait à mes côtés, j’entendis le son argentin des pièces de monnaie qui résonnait dans le gousset du bambin. Je me lançai à la poursuite de l’enfant et lui demandai son argent. Il refusa net. Je le saisis à la gorge avec ma main gauche, puis je lui enfonçai deux fois mon couteau dans la gorge, étouffant ainsi les cris de terreur qu’il poussait. En un instant, j’avais fouillé les poches de l’enfant. Je comptai cinquante centins. Laissant là ma victime, je courus à la première buvette apaiser la soif ardente qui me dévorait. En chemin, j’avais jeté le couteau dont je m’étais servi pour commettre mon crime. Depuis que j’ai quitté la buvette, j’ai marché continuellement jusqu’à ce que je sois venu me livrer à la justice. »[2]
C’est devant une « assez grande affluence de spectateurs » que le procès de Hansen se s’est tenu le 1er avril 1902 à Montréal, devant le juge Wurtele. On a décrit l’accusé en ces termes : « c’est toujours la même figure pâle, aux traits flétris, les yeux hagards et sans autre expression que celle de l’ennui et de l’abrutissement. Il ne porte ni faux-col ni cravate, ses habits sont sales et usés. Tout dans sa contenance, indique que l’on est devant un homme que l’alcool a tué, et qui ne sent plus rien, ni l’énormité de sa faute, ni la grandeur du châtiment qui le guette ».
En dépit des efforts de son avocat, Me D. Mathieu, Hansen a été reconnu coupable. On l’a pendu le 13 juin 1902.
[1] « Le meurtre du jeune Marotte, L’assassin Thornwald Hansen subit son procès devant la Cour du Banc du Roi », La Patrie, 1 avril 1902, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[2] « Le meurtre du jeune Marotte, L’assassin Thornwald Hansen subit son procès devant la Cour du Banc du Roi ».
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