Meurtre par vengeance – Arme à feu
Shawville, Estrie – 2 SC
Michael « Mike » Murphy, 50 ans, acquitté.
Le 21 avril 1910, vers 23h00, huit jeunes ont quitté le village de Shawville, en Estrie, pour marcher en direction de la cabane que partageait Michael Murphy et sa femme depuis environ deux ans. Les jeunes hommes se sont alors moqués de celui que Le Devoir a décrit comme un bohémien. Ils ont même poussé l’audace jusqu’à lancer des pierres dans les fenêtres. Soudainement, Murphy est sorti et a tiré trois coups de fusil sans toutefois atteindre qui que ce soit. Les tirs ont cependant été suffisant pour faire fuir les plaisantins.
Une heure plus tard, les jeunes ont vu Murphy arriver sur eux avec son fusil dans les mains. Trois membres du groupe – Shaw, Turner et Armstrong – ont pris la fuite à travers champ. Green, McNeely et Smiley se sont cachés dans une remise située près de la route. Quant à Harry Howes et William Dale, qui se trouvaient plus près de Murphy, ils se sont mis à courir autour de la remise. Murphy s’est rapidement approché d’eux – moins de 15 pieds – avant de les abattre d’un seul coup de fusil chacun. Ensuite, Murphy a ouvert la remise en disant : « je vais en finir avec toute la bande. » Il a épaulé son fusil, mais seulement pour se rendre compte qu’il n’était plus chargé. Il s’apprêtait à s’en servir comme d’une massue lorsque les jeunes se sont élancés sur lui pour finalement le désarmer.
Au cours de l’enquête du coroner, Murphy, décrit comme un homme d’environ 50 ans, a déclaré que l’arme était partie toute seule et qu’il avait été entraîné par les jeunes. Quant aux six survivants, ils ont admis avoir lancé des pierres dans les fenêtres de la cabane de Murphy mais que cela était seulement pour se divertir. De plus, ils ont entendu la femme de Murphy dire à son mari : « charge bien ton fusil et tire. » L’autopsie a déterminé que le corps de Howes a été percé de 40 plombs et celui de Dale par quinze. On raconte qu’une foule de curieux a visité les lieux de la tragédie.
En mai 1910, Murphy a été acquitté du double meurtre, ce qui a indigné la population. Toutefois, il a aussitôt été arrêté car « À la suite d’une assemblée d’indignation des citoyens de Shawville contre le verdict d’acquittement prononcé par le jury, le maire Wilson, William Elliot et George Wainman, se rendirent à Bryson, et firent arrêter Murphy sur l’accusation d’avoir fait des menaces de destruction du village de Shawville. Cette arrestation cause une sensation à Bryson. »49
En juin 1910, Murphy a été accusé de parjure après avoir témoigné au procès de sa femme, Anne Murphy, accusée elle aussi d’avoir participé au double meurtre.
La Presse, 22 avril 1910.
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