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1912, 19 mars – Marie Yacovloff, 35 ans

Homicide domestique – Arme à feu

Montréal, 190 avenue de l’Hôtel-de-Ville – 1 SC

Sylvio Yacovloff, son beau-frère de 23 ans, condamné à mort, sentence commuée.

            Dans l’après-midi du 19 mars 1912, dans une chambre de l’immeuble du 190 avenue de l’Hôtel-de-Ville à Montréal, une dispute est survenue entre Marie Yacovloff, 35 ans, également connue dans son entourage sous le nom de Marie Tremblay[1], et son beau-frère Sylvio Yacovloff, 23 ans.[2] Les deux partageaient cet appartement depuis quelques mois. Au cours de la querelle, Sylvio a sorti un revolver et a tiré une balle dans l’abdomen de sa belle-sœur. Il a ensuite pris la fuite chez son frère Berri, où les policiers Charbonneau et Cowan ont procédé à son arrestation au cours de la soirée. La victime a été transportée à l’hôpital Notre-Dame et le lendemain matin les médecins informaient les policiers que Marie n’en avait plus que pour quelques heures. Le juge Lanctôt s’est alors rendu à son chevet en compagnie d’un sténographe officiel afin de recueillir ses dernières paroles, mais celle-ci a refusé d’identifier son agresseur en disant : « maintenant que le mal est fait, je désire que celui qui m’a tiré ne soit pas inquiété. »[3] Elle s’est éteinte deux jours plus tard.

            Le procès de Yacovloff, né au Canada d’un père russe et d’une mère canadienne française, s’est ouvert le 12 juin 1912 au palais de justice de Montréal devant le juge Gervais. Les audiences n’ont duré qu’une seule journée, ce qui a toutefois été suffisant pour dévoiler le mobile du crime : Sylvio était amoureux de sa belle-sœur et avait apparemment prémédité son geste. Le jury l’a reconnu coupable et la date d’exécution a été fixée au 20 septembre 1912. Le condamné a écouté la sentence de mort « sans sourciller », selon le journaliste de La Patrie, qui a comparé son attitude arrogante à celle d’un précédent condamné : « on se rappelle que rendu au pied du gibet, Crevola abandonna son cynisme pour devenir le plus piteux exemple de la peur qu’on ait encore vu chez un condamné; on dût le porter à l’échafaud. » Contrairement à l’avis du journaliste, qui aurait bien aimé tester le courage de l’assassin devant l’échafaud, le 13 janvier 1913 la peine de Yacovloff a été commuée en emprisonnement à vie au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul. On l’avait finalement déclaré « irresponsable. »[4]

            Dans Le Devoir du 7 août 1912, on peut lire que « la conduite de Yacovloff, coupable du meurtre de sa belle-sœur, énerve beaucoup ses géoliers [sic]. Le jeune meurtrier chante et danse tout le jour et il ne cesse de narguer ses gardiens sur les délais apportés à son exécution. »

            Dans Le Devoir du 14 novembre 1924, on apprend que « Sylvio Yacovloff, forçat du pénitencier de Saint-Vincent de Paul, est mort hier d’une fracture cranienne [sic] qu’il s’est infligée en tombant sur un calorifère du pénitencier.  Depuis longtemps Yacovloff provoquait un autre forçat nommé A. Snee en lui prodiguant les noms les plus insultants. Mercredi dernier, Snee, à bout de patience, a donnée [sic] une poussée à Yacovloff qui, en tombant sur un calorifère, s’est fracturé le crâne.  Le coroner MacMahon a tenu une enquête hier sur cette affaire et le jury a déclaré qu’il n’y avait pas de crime. »


 

[1] Dans le document de Gadoury et Lechasseur on l’identifie comme « Louise Tremblay ».  Au moment de couvrir le procès, en juin, La Patrie désignait maintenant la victime sous le nom de « Louisa Tremblay ».

[2] Selon Gadoury et Lechasseur il avait 25 ans.

[3] La Patrie, 20 mars 1912.

[4] Bossé et Bouchard, Bordeaux, l’histoire d’une prison, 2013, p. 100.

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