Homicide argumentatif – Arme à feu
Montréal, 9 rue Sainte-Cécile – 1 SC
Sebastiano Areno, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.
Le 6 mars 1915, Andrea Dominico[1] a été abattu dans une maison de pension située au 9 rue Sainte-Cécile à Montréal. On l’a rapidement transporté à l’hôpital, où il est mort quelques minutes plus tard. Les journaux ont transmis le nom de l’assassin comme « Areno Sam Bastiano », qui a été arrêté dans une petite chambre où il se cachait depuis le meurtre. Il n’a offert aucune résistance face aux policiers et il a été conduit au poste de police no. 24, après quoi une voiture de patrouille l’a emmené au bureau du chef Charpentier. La presse a mentionné qu’il s’agissait du quatrième meurtrier épinglé par le détective Janvier Nassa au cours des deux dernières années.
Areno a été décrit comme un homme âgé dans la quarantaine et habituellement très doux. « Il tient une salle de pool au no 9 rue Ste-Cécile, tandis que sa femme s’intéresse à la maison de pension. »[2] L’enquête du coroner McMahon s’est ouverte au matin du lundi 8 mars, au terme de laquelle Sebastiano a été tenu criminellement responsable. Le premier témoin, le lieutenant Savard, a raconté avoir découvert la victime mortellement blessée au côté par « une balle de fusil », sans oublier que la femme de l’accusé avait fait une crise d’hystérie à l’arrivée des policiers.
Les autres pensionnaires ont corroboré le témoignage d’un certain Cariato, qui a déclaré : « j’ai vu l’accusé quelques minutes avant la tragédie en état d’ivresse et tenant un fusil dans ses mains. Il avait voulu auparavant battre sa femme et son fils. » La victime lui avait dit de rester tranquille en s’interposant pour éviter le pire. « C’est bon, c’est bon », aurait répondu Sebastiano. « Je m’en vais et demain tu seras le maître ici. » Les témoins, ne voulant pas s’en mêler, étaient retournés à leur chambre avant d’entendre, quelques minutes après, une détonation.
Le jour même de l’enquête du coroner, Sebastiano a été officiellement accusé de meurtre devant le juge Saint-Cyr. Son procès s’est déroulé devant le juge Cross, à Montréal, du 4 au 6 octobre 1915.[3] La Patrie semblait d’avis que le juge a erré en déclarant : « il y a quelque temps, un homme, accusé d’homicide était acquitté en cette Cour. Cependant, il était évident que cet individu, par une négligence coupable, avait frappé un citoyen à mort, en menant sa voiture. La justice, n’a-t-elle pas été frustrée? Eh bien, j’attire votre attention sur ce fait pour que justice complète soit rendue dans la cause présente. »
La difficulté de trouver certains témoins – on en retracé un à Brooklyn, un second en Beauce et un troisième à La Tuque – a retardé quelque peu le déroulement du procès. L’arme, un fusil double canon, a été déposée en preuve par le greffier. À l’origine, une seule des deux cartouches retrouvées dans les chambres de l’arme avait été utilisée. Les médecins légistes, les Dr McTaggart et Wilfrid Derome, ont expliqué que l’autopsie démontrait de manière évidente que la blessure avait été causée par « une cartouche chargée au plomb et tirée presque à bout portant. »
Le témoin Giuseppe Cariato a affirmé : « je vins, un soir, après l’ouvrage, prendre mon souper chez l’accusé. J’étais son pensionnaire. Quand son garçon arriva, le père le gronda et s’avança pour le giffler [sic]. Alors le défunt s’est mis entre les deux pour empêcher la correction. »[4] Areno aurait alors répliqué que « puisque c’est lui qui est le maître de ma maison, reste, moi je m’en vais. » Le meurtre s’était produit peu de temps après.
Antonio Bifano a décrit le caractère de la victime comme « très excitable », car il avait connu plusieurs démêlés avec Areno. Questionné par Me Bruneau, il a expliqué être sorti de sa chambre dès le coup de feu pour constater qu’Areno avait un fusil dans les mains. Sans hésiter, Bifano l’avait désarmé. Aucune dispute n’a été entendue avant le meurtre, exception faite de quelques « paroles amères » lancées à propos du fils d’Areno.
Reconnu coupable, l’exécution d’Areno a immédiatement été fixée au 17 décembre 1915. Le 11 décembre, sa sentence a été commuée en emprisonnement à vie au pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul.
[1] André Damici, selon La Patrie.
[2] La Patrie.
[3] Dès le premier jour des audiences, La Patrie écrivait maintenant le nom de la victime ainsi : André Domenico.
[4] La Patrie, 4 octobre 1915.
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