Homicide commis lors d’un vol – Arme à feu
Saint-Sulpice – 1 SC
Patrick Delorme, Murdoch Allan, 19 ans, et Roméo Lacoste, pendus.
Après avoir semé la terreur à L’Assomption, des bandits que la police recherchait depuis une semaine ont immobilisé leur voiture chez Alcide Payette[1], un cultivateur de Saint-Sulpice, vers 1h00 dans la nuit du 17 août 1917. Ceux-ci se sont introduit dans la maison pour encercler le lit de Payette et, à la pointe du revolver, l’obliger à révéler où il cachait son argent. Lorsque Payette a baissé les bras, l’un des intrus a fait feu, l’atteignant à la poitrine. Affolé, Payette s’est élancé hors de chez lui, ses assaillants à ses trousses. Quatre autres coups de feu ont été tirés en sa direction.
L’instant d’après, les voleurs se sont tournés vers l’épouse de Payette, qui leur a remis une somme évaluée à 15$. Ils ont aussi cambriolé les parents de Payette, mais dans ce dernier cas on n’a déploré aucun geste de violence. En quittant les lieux, Les suspects se sont dirigé vers Berthier avant de repasser par Saint-Sulpice et finalement prendre la direction de Montréal. « Les criminels qui ont opéré cette nuit à Saint-Sulpice sont les mêmes dont les crimes ont semé, en ces derniers jours, la terreur dans toute la région et notamment à L’Assomption où ils ont pénétré la nuit le revolver au poing et masqués chez deux cultivateurs : MM. Landry et Foucher. Loin de les intimider, les recherches dont ils se savaient évidemment l’objet de la part de la police ne semblent n’avoir eu d’autre résultat qu’accroitre leur audace. »[2]
L’affaire est apparue si grave que Me J. E. B. Normandeau, un criminaliste bien connu qui passait son été à L’Assomption, a demandé au député Walter Reed de s’adresser au Procureur Général à Québec pour obtenir l’aide des détectives de la Police provinciale. Pour sa part, La Patrie a souligné qu’après l’agression Alcide Payette a reçu les soins des docteurs Byron et Latour. Malgré cela, il a succombé à sa blessure.
Toujours selon le même journal, il y avait des liens à tisser avec le vol d’un riche cultivateur nommé Toussaint Dubois de Chambly et une autre affaire survenue dans la nuit du 3 au 4 août, à la suite de laquelle on avait découvert des carcasses de vaches. On les avait froidement abattues pour repartir avec leurs peaux. Peu de temps après, la police a procédé aux arrestations de trois individus : Patrick Delorme, Murdoch Allan et Roméo Lacoste. Allan n’avait que 19 ans. Delorme, alias Jean-Baptiste Lemay, s’est soudainement transformé en accusateur devant le juge Lanctôt, jetant le blâme sur ses complices.
Leur procès s’est ouvert le 29 septembre 1919 au palais de justice de Montréal devant le juge J. Alfred Désy. Au cours de la soirée du 2 octobre, les membres de la Cour se sont déplacés sur la scène de crime, où ils ont été reçus par la veuve de la victime. Le lendemain, celle-ci a été le dernier témoin entendu par la Couronne. La défense a présenté une théorie selon laquelle Delorme était quelqu’un de gentil et que c’est Lacoste qui avait tiré le coup fatal sur la victime.
Malgré tous ces efforts, les trois hommes ont été reconnus coupables. Le 23 janvier 1920, à 7h44, Allan et Delorme sont montés ensemble sur la machine de mort. Contrairement à son compagnon d’infortune, Delorme avait fait une crise d’hystérie la veille, au point où on lui avait administré des calmants. Ils ont été pendus simultanément. À 8h05, c’était au tour de Lacoste. On venait de procéder à la première triple exécutions dans les annales de la justice québécoise.
[1] Selon d’autres comptes rendus, le nom de la victime était Aristide Pelletier.
[2] La Patrie, 17 août 1917.
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