1924, 8 septembre – François-Xavier Beauvais
- 13 déc. 2024
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Homicide commis lors d’un vol – Arme à feu
Verdun – 1 SC
William George Watkins alias Davies, condamné à mort, sentence commuée; Alfred Deschambault, condamné pour homicide involontaire; et Sidney Harrison.
Le 8 septembre 1924, vers 21h00, quatre jeunes hommes marchaient en direction de la petite épicerie située au 4359 chemin La Salle, à Verdun. Dans le logement adjacent, Mme Beauvais, qui était en train de bercer son bébé, s’est dirigée dans la cour arrière pour dire à son mari, François-Xavier Beauvais, que des clients l’attendaient. Celui-ci a donc laissé le tas de planches qu’il était en train de classer pour venir à son commerce.
Une minute plus tard, alors qu’elle était retournée bercer son enfant, Mme Beauvais a sursauté en entendant claquer trois coups de feu. Les quatre jeunes hommes ont pris la fuite en sautant dans une voiture sedan de marque Ford avant de prendre la direction de Montréal. Mme Beauvais s’est précipitée vers le commerce, où elle a découvert son mari, une main sur sa poitrine ensanglantée et une autre sur le comptoir en guise d’appui. Après lui avoir dit que ce n’était rien de grave, il s’est dirigé vers le téléphone avant de s’effondrer. Une vingtaine de minutes plus tard, il rendait l’âme sans jamais avoir repris conscience.
Les autorités ont fini par procéder aux arrestations de William George Watkins, Alfred Deschambault et Sydney Harrison. C’est en présence d’un sténographe que Watkins a confessé son crime devant le juge Amédée Monet. Son procès, ainsi que celui de Deschambault, s’est déroulé au palais de justice de Montréal du 4 au 6 mars 1925 devant le juge Charles A. Wilson. Me Walsh occupait pour la Couronne alors que les accusés étaient défendus par Me Alban Germain. Harold Baker, qui s’était trouvé sur les lieux du braquage, a avoué s’être opposé à ce hold-up, tout comme Deschambault. Quand Me Germain lui a demandé pourquoi il n’avait rien fait pour empêcher le drame, Baker a tenté cette réponse : « je ne voulais pas les laisser seuls. D’ailleurs, ils m’avaient dit de rester là. »
Pour la défense de Watkins, Me Germain n’a fait comparaître qu’un seul témoin, sa mère, Mme William McDonald. Aucune défense n’a été présentée pour le co-accusé. La mère de Watkins a dit de son fils qu’il avait travaillé pour la marine canadienne. « J’avais alors cinq enfants », dit-elle. « Je ne pouvais jamais venir à bout de George. Tout ce qu’il touchait, il voulait en faire des explosifs. Il prenait des bottes métalliques ou en fer blanc pour y mettre du charbon allumé ou un explosif quelconque. Il avait un jeune ami qui possédait deux revolvers. Une fois, à l’angle des rues Notre-Dame et Chatham, il était monté sur le toit pour jeter des boites contenant des explosifs par les fenêtres. »[1] Bref, on comprend qu’il serait entré dans la marine pour sa fascination envers les explosifs et les canons, en plus de parler régulièrement des exploits du célèbre hors-la-loi américain Jesse James.
La mère a ajouté que son fils voulait tuer tout le monde, et que pour ce faire il avait dressé une liste de huit personnes à abattre. Il aurait menacé de tuer son demi-frère en plus d’avoir essayé de l’étrangler avec une serviette. Elle a aussi expliqué que son fils l’avait aussi menacée. « Certains jours, il était gentil, d’autres, il était incontrôlable », a-t-elle souligné. Fait étrange, elle a admis que son mari actuel (son deuxième) était constable et que celui-ci n’avait pourtant jamais signalé le cas de son fils.
Après avoir délibéré plus d’une heure, le jury a condamné Deschambault pour homicide involontaire, tandis que Watkins a été reconnu coupable de meurtre, ce qui a poussé le juge à fixer immédiatement sa date d’exécution au 2 juin 1925. Sa peine sera finalement commuée en emprisonnement à vie.
[1] La Patrie, 6 mars 1925.
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