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1926, 21 décembre – André Morrel, environ 30 ans

Homicide domestique par un ex-conjoint non suicidaire – Arme à feu (calibre .32)

Montréal, 204 avenue de l’Hôtel de Ville, No. 12/214 rue Sainte-Catherine-Est – 2 SC

Georges Merle, son rival amoureux de 26 ans, pendu; Élie Baronès, coupable d’homicide involontaire.

            Au cours de la soirée du 21 décembre 1926, Armandine Reeves (alias Irène Desjardins) est arrivée à l’appartement no. 12 du 204 avenue de l’Hôtel de Ville à Montréal. Elle venait rendre visite à Alice Cooper, la locataire des lieux. Un peu plus tard, André Morrel, le nouveau copain d’Armandine, est venu les rejoindre. Vers 23h15, deux autres hommes débarquaient sur les lieux, Georges Merle et Élie Baronès. Une querelle a aussitôt éclaté entre Armandine et Georges. Ce dernier insistait pour qu’elle revienne auprès de lui. « Tu ne resteras pas avec lui », a-t-il crié. Devant le refus de la belle, Merle s’est dirigé vers le boudoir, où se trouvait Morrel. Le jeune amant éconduit a alors sorti un revolver de calibre .32 de sa poche arrière et tira à deux reprises sur son rival.  L’un des projectiles a atteint Morrel en plein ventre, ce qui l’a obligé à s’écrouler dans un fauteuil. Rapidement, Merle et Baronès ont quitté les lieux. Le lendemain, les journaux croyaient que le complice de Merle était d’origine italienne.

            Rapidement, Armandine a trouvé un téléphone pour contacter la police. Il était 23h45 lorsque le lieutenant Desrosiers a reçu l’appel de la jeune femme, qui lui a lancé : « envoyez des constables immédiatement au no. 204 de l’avenue Hôtel de Ville. Un homme se meurt! » C’est en motocyclette que le sergent Pelletier s’est présenté sur les lieux en compagnie des agents Ward et Ratelle. Dès leur arrivée dans l’appartement, ils ont trouvé la victime étendue dans un fauteuil et ses vêtements ouverts, la perforation créée par la balle étant en évidence.  On a fait venir le Dr Smith de l’hôpital Notre-Dame, qui s’est contenté de constater le décès sur place.

            Georges Merle était âgé de 26 ans[1]. Selon La Patrie, l’assassin était bien connu des milieux policiers et interlopes. Une quinzaine d’agents de la Sûreté, agissant sous la direction de l’inspecteur Hector Mercier, ont été chargés de retrouver le suspect. Armandine Reeves a collaboré avec eux en leur fournissant les noms de Merle et de son compagnon.

        Le 22 décembre, vers 11h30, une Italienne s’est présentée présenta au bureau du chef de la Police provinciale Dieudonné Daniel Lorrain pour demander à voir le corps. Celle-ci était cependant incapable de l’identifier formellement. On a appris qu’André Morrel, âgé d’environ 30 ans, arrivait de Chicago et de Calgary.

Yvette Plante, la copine de Baronès, a aussi collaboré avec les enquêteurs, sans compter que Baronès lui-même s’est livré aux autorités. Ce dernier leur a expliqué avoir promis à Merle de lui présenter un homme capable de lui faire passer la frontière. D’ailleurs, Merle attendait toujours ce contact dans son appartement de la rue Dorchester. C’est alors que le sergent-détective Innes, se faisant passer pour cette personne ressource, s’est présenté au logement de Merle, qui a accepté de le suivre dans sa voiture. Plutôt que de le conduire vers la frontière américaine, Innes a filé directement au poste de police. Finalement, c’est dans une boîte située au-dessus du bain de l’appartement 214 rue Sainte-Catherine-Est qu’on a retrouvé l’arme du crime.

Dans sa livraison du 23 décembre, La Patrie écrivait que Merle et Baronès étaient d’origines françaises. Puisque les suspects étaient sous les verrous, le coroner McMahon a donc pu reprendre son enquête avant de les déclarer criminellement responsables de la mort de Morrel. C’est aussi par La Patrie qu’on apprend que l’une des femmes présentes sur la scène de crime avait une accusation pendante relative à une maison de désordre située rue Dorchester. L’autopsie réalisée par le Dr Wilfrid Derome a permis de retrouver le projectile dans le côté droit de la victime, que l’on croyait d’origine française ou belge. Sur lui, on a trouvé un livret de banque indiquant qu’il possédait un peu plus de 300$ dans le compte d’une banque montréalaise.

            Le procès de Merle et Baronès s’est ouvert devant le juge Charles A. Wilson au palais de justice de Montréal le 21 février 1927. Baronès a été reconnu coupable d’homicide involontaire, mais son co-accusé n’a pu échapper à la corde. Reconnu coupable de meurtre, Merle a d’abord été condamné à être pendu le 10 juin, mais il a eu droit à un sursis qui a repoussé le jour du dernier acte de cette tragédie au 5 août 1927. Une dépêche d’Ottawa est arrivée le 4 août, vers midi, annonçant que la justice allait suivre son cours.

            Fait singulier, le drapeau noir a été hissé plus tôt qu’à l’habitude, soit avant que Merle ne quitte sa cellule. Autre fait étonnant, une fois sur l’échafaud, « le condamné, voyant la corde devant lui, se la passa dans le cou d’un coup de tête sec » puisqu’on venait de lui attacher les mains derrière le dos. Toutefois, « Ellis la lui enleva. Mais avant qu’on lui passât le bonnet de batiste noir, l’abbé Verschelden courut vers l’autel chercher le crucifix qu’il fit baiser au condamné. Cela fait, le bonnet fut mis et la corde pour de bon ajustée.  Mais l’assistant d’Ellis, qui d’habitude lie les pieds des suppliciés, n’était pas là. Une fois la corde mise, le bourreau vit que les pieds étaient libres. Il s’apprêta à aller chercher la courroie, juste à la porte du balcon, mais il se ravisa, et appuya sur le déclic. Le condamné, à ce moment, détournait un peu la tête, sous le bonnet noir, comme en se demandant le pourquoi du retard, pourtant infinitésimal. Ellis ne voulut pas lui donner le loisir de bouger, et il fit fonctionner la trappe. […] À la chute dans le vide, l’abbé Verschelden donna à haute voix une ultime absolution et le bourreau fit le salut militaire.  […] Le corps, que son mouvement de nervosité avait fait tomber en tournant, se balançait à un pied et quart du sol. […]  Dans la cour, un spectateur, un vieillard, se trouva mal et on dut le transporter ».


 

[1] Georges Merle est né le 19 mai 1900.

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