1928, 2 juin – Alphonsine Fiset Laperrière, 42 ans
- 14 déc. 2024
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Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – strangulation – arme blanche – par incendie -surpuissance
Montréal, 147 Est rue Vitré, chambre no. 9 – 1 SC
Joseph Chabot, son mari de 38 ans, pendu.
Au cours de la soirée du 2 juin 1928, au troisième étage d’une maison de chambres à louer située au 147 Est rue Vitré, Alphonsine Fiset Laperrière[1], 42 ans, était victime de la jalousie de son mari, Joseph Chabot. Ce dernier, tantôt décrit comme un journalier ou un bûcheron de 38 ans, occupait la chambre no. 9 avec sa femme. Alphonsine était mère de cinq enfants, dont l’aîné était âgé de 21 ans. Jaloux de la présence d’un autre pensionnaire installé dans l’immeuble depuis quelques semaines, Chabot aurait menacé sa femme de la tuer. Ce samedi soir, au cours d’une dispute plus violente qu’à la normale, Chabot s’est jeté sur elle pour l’étrangler avec ses deux mains avant de lui enfoncer une lame de six pouces dans la poitrine et la gorge. Et comme si ce n’était pas suffisant, il a continué de la frapper à la tête avec une bouteille de bière. Ensuite, il l’a recouverte de papiers et autres matières inflammables pour y mettre le feu.
L’odeur de la fumée a été rapportée au propriétaire, Joseph Saint-Germain, qui s’est chargé d’enfoncer la porte pour découvrir l’horrible scène. Le cadavre était étendu sur une chaise, la tête « légèrement appuyée sur le manche du couteau que l’assassin lui a plongé dans la gorge », peut-on lire dans les pages de La Patrie. Le meurtrier a été arrêté dans la rue une quinzaine de minutes après. Conduit au poste, il a rapidement fait des aveux sans toutefois manifester le moindre regret. Il a poussé l’audace jusqu’à se dire « satisfait » de ce qu’il venait de faire. « Elle a voulu me frapper avec une bouteille de bière et pour me défendre je l’ai tuée », dira-t-il. La nuit suivant son arrestation, il a dormi d’un sommeil de plomb dans sa cellule. Par ailleurs, on a dit de lui qu’il était bègue.
Le procès de Chabot s’est déroulé du 7 au 10 novembre 1928 à Montréal devant le juge Charles A. Wilson. Le jury n’a délibéré qu’une quinzaine de minutes avant de le déclarer coupable. Son exécution a été fixée au 8 février 1929. Il serait demeuré impassible devant le prononcé de sa sentence. En fait, Chabot a conservé un incroyable sang-froid tout au long des audiences, sans jamais laisser paraître le moindre remord. Lorsque le juge lui a demandé s’il avait quelque chose à déclarer, Chabot a répondu : « je me défendais et, de plus, j’ai débarrassé la ville d’une charogne. »
Au matin du 8 février 1929, il n’y a eu aucun spectateur pour assister à la pendaison, exception faite du gouverneur de la prison Napoléon Séguin, du médecin officiel Em. P. Benoît, du shérif Omer Lapierre, du député greffier de la Couronne Jules Godin, du coroner L. Prince, et des six membres du jury du coroner. Chabot a été accompagné jusqu’à la toute fin par l’abbé Léon Verschelden. La population a appris la pendaison au moment où le drapeau noir a été hissé au sommet de la prison. Les journalistes n’ont pas eu accès.
[1] Dans La Patrie, on la nommait plutôt Yvonne Perron. Selon le même journal, cette fois à l’époque de la tombée du verdict, la victime aurait porté les deux noms. Selon le registre de l’état civil, c’est sous le nom d’Alphonsine Laperrière qu’on la retrouve, née en 1886.
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