1928, 29 septembre – Rose-Anna Paquette, 31 ans
- 15 déc. 2024
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Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – arme à feu (revolver calibre .32)
Montréal, 2089 rue Saint-Hubert – 1 SC
Ernest Messier, son ex-conjoint, pendu.
Rose-Anna Paquette, 31 ans, habitait au 2089 rue Saint-Hubert à Montréal depuis environ une semaine. Le 29 septembre 1928, vers 18h30, Ernest Messier[1], 35 ans, s’est présenté à cette adresse. Il a été reçu par le voisin Édouard Tremblay, qui lui a expliqué que Rose-Anna n’était pas encore rentrée. Alors que les deux hommes discutaient tranquillement, Rose-Anna est arrivée pour se joindre à eux. Soudainement, Tremblay a vu la jeune femme lever une main en guise de protection. Au même moment, un coup de feu retentissait et Rose-Anna s’écroulait en disant « ah mon Dieu! ». Ce furent ses dernières paroles.
Le premier policier arrivé sur les lieux a été le constable Riel, qui avait entendu le coup de feu alors qu’il dirigeait la circulation au coin des rues Sherbrooke et Saint-Hubert. Le cadavre de Rose-Anna était étendu sur le trottoir et Messier se tenait dans le cadre de porte. Lorsque Riel lui a demandé pourquoi il avait fait ça, Messier aurait répondu : « je viens de la tuer, elle est morte, c’est fait, c’est fait ». Riel a donc procédé à son arrestation avant de le conduire au poste no. 4.
L’enquête du coroner Lorenzo Prince a permis d’apprendre que c’est un dénommé Aimé Laviolette, du 4151 rue Saint-Denis, qui avait vendu l’arme à Messier pour la somme de 6.50$, l’après-midi même du meurtre, vers 16h00. Celui-ci a affirmé sous serment que Messier lui avait demandé un revolver pour se défendre contre deux jeunes qui avaient voulu s’attaquer à lui. L’enquête policière a ensuite permis d’apprendre que la victime portait aussi le nom de Paquin. Elle et Messier auraient demeurés ensemble durant 5 ans. Une semaine avant le drame, une querelle avait éclatée, apparemment au sujet d’un autre homme, ce qui avait causé la séparation. Messier a avoué aux enquêteurs avoir commis son crime par jalousie.
L’autopsie a été réalisée par le Dr Wilfrid Derome, qui est parvenu à déterminer que la balle « avait traversé la poitrine du côté gauche et qu’elle avait été se loger dans le côté gauche, entre la huitième et neuvième côte. Le revolver était de calibre .32. »[2] Selon lui, la mort avait pratiquement été instantanée, d’autant plus que la bouche du canon se trouvait à environ 20 pouces de la victime au moment du tir. Reconnu criminellement responsable à la fin de l’enquête du coroner, Messier a immédiatement été amené par les policiers.
Le procès de Messier s’est ouvert au palais de justice de Montréal le 27 mai 1929 devant le juge Charles A. Wilson. La défense, représentée par Me Lucien Gendron, a plaidé la folie. Pour ce faire, on a appelé comme témoin le Dr Daniel Plouffe qui a expliqué que l’individu « sain d’esprit peut avoir une impulsion irrésistible ou une impulsion résistible : la première n’entraîne pas la responsabilité, la seconde l’entraîne. Elle entraîne la responsabilité à des degrés divers il est vrai, même chez un individu atteint de maladie ou d’aliénation mentale, car il y a des degrés dans la folie comme dans toute autre maladie. Ce sera aux jurés de dire dans quelle mesure il y a impulsion ou aliénation mentale. »[3]
Le jury a décidé de ne pas adhérer à la théorie présentée par la défense et c’est sans broncher que Messier a reçu le verdict de culpabilité, rendu après une quarantaine de minutes de délibérations. Au matin du 30 août 1929, les journalistes n’ont pu assister à son exécution. On leur a offert l’accès seulement après que Messier eut été déclaré mort à 8h07. « L’honorable M. Napoléon Séguin, gouverneur de la prison de Bordeaux, a déclaré qu’Ernest Messier avait été un prisonnier modèle pendant les onze mois qu’il a été sous sa garde. Le condamné à mort avait déclaré quelque temps avant sa mort : « je suis fier de pouvoir payer ma dette à la société. J’ai agi dans un moment d’énervement. Je regrette l’action que j’ai commise et je me suis préparé à mourir ». »[4] La messe du condamné a été célébrée par l’abbé Léon Verschelden.
[1] Messier habitait au 1243 rue Labelle à Montréal au moment du crime.
[2] La Patrie, 1er octobre 1928.
[3] La Patrie, 28 mai 1929.
[4] La Patrie, 30 août 1929.

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