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1930, 29 septembre – Arthur Nantel, 54 ans

Meurtre par passion – Arme à feu (calibre .12)

L’Annonciation – 2 SC

Édouard Thomas dit Tranchemontagne, pendu; Mme Nantel, acquittée.

Au cours de la soirée du 29 septembre 1930, vers 23h15, Arthur Nantel, un restaurateur de 54 ans de L’Annonciation, s’est dirigé vers son écurie afin de nourrir ses chevaux. Il venait tout juste de fermer la caisse de son restaurant. En fait, il avait laissé l’argent sur la table puisqu’il prévoyait s’absenter une dizaine de minutes tout au plus. Dès son entrée dans l’écurie, un coup de feu a claqué et l’homme a été atteint d’un projectile au milieu du dos, entre les épaules. Sa mort a été instantanée. Des voisins qui ont entendu la détonation se sont empressé d’accourir sur les lieux. Entretemps, l’épouse de Nantel avait envoyé quelqu’un voir ce qui se passait puisque son mari semblait s’attarder auprès de ses chevaux. N’avait-elle pas entendu le coup de feu?

Le décès a été constaté sur place par le Dr Côme Cartier. L’enquête du coroner a ensuite été dirigée par le Dr Lachapelle, qui a constaté que le projectile était ressorti par l’avant du corps, à la base du cou. Le vol ne semblait pas être le mobile du crime; il fallait donc chercher ailleurs. Quoique personne n’avait vu le meurtrier, on avait entendu un crissement de clôture derrière la grange, ce qui laissait entendre que le meurtrier s’était enfui dans cette direction, soit celle du chemin de fer qui passait à quelques arpents de la maison des Nantel. D’ailleurs, on a découvert des pistes qui ont confirmées l’hypothèse, de même que des douilles de calibre .12. Les journaux ont spécifié que le couple Nantel avait un enfant adopté et qu’en plus de son restaurant la victime « exerçait en outre dans le village et la région le métier de charlatan. »[1] Selon les premières rumeurs, la vengeance serait la cause du meurtre. Le détective Hector Dorais a été dépêché sur les lieux.[2]

Édouard Thomas alias Tranchemontagne a été arrêté et accusé du meurtre, de même que l’épouse de la victime. Selon l’enquête, il apparaissait que les amants avaient voulu se débarrasser du mari gênant. Le procès de Thomas a eu lieu les 10 et 11 février 1931 à Mont Laurier devant le juge William Patterson. Selon la théorie de la Couronne, il s’agissait d’un triangle amoureux puisque les deux accusés auraient comploté pour organiser le meurtre de Nantel. Thomas a été reconnu coupable et le juge a fixé son exécution au 22 mai 1931.

Mme Nantel, sa supposée complice, a subi son procès immédiatement après. Malgré les objections de Me Monette, l’avocat de l’accusée, la Couronne a appelé le condamné à mort à venir témoigner. La comparution de Thomas « fut très banal[e] : il nia une partie de la confession qu’il avait faite aux détectives et déclara qu’il ne pouvait se rappeler du reste. Il admet avoir dit au détective Jargaille qu’il avait tué Nantel avec un fusil du calibre 12, que ce fusil lui appartenait. Dans sa confession, il déclarait qu’il avait parlé à Nantel dans la cour avant de le tirer : à la boîte au témoin, il dit ne pas s’en souvenir et que ce n’est que le matin, quand sa mère l’a éveillé, qu’il s’est souvenu qu’il avait tiré sur Nantel. Thomas déclare que Mme Nantel lui a laissé entendre qu’elle aimerait à se débarrasser de son mari. Elle me disait : « Fais-le conduire, saute en bas; il se tuera en capotant ». Elle me répétait souvent : « J’espère que son cheval va le ruer et le tuer ». Il y avait souvent des querelles entre les époux Nantel, et deux mois avant le meurtre, Mme Nantel lui aurait dit : « Si je pouvais me fier au docteur, je l’empoisonnerais ». »[3]

Malgré ces éléments à charge, la veuve Nantel a été acquittée. Le 22 mai 1931, Édouard Thomas était pendu à la prison commune de Mont Laurier. « Il a gravi d’un pied ferme les marches de l’échafaud après avoir passé la nuit en prières. »[4] Accompagné de l’abbé Léon Verschelden, ses dernières paroles ont été : « Jésus, Marie, Joseph. » Comme le voulait la coutume, le drapeau noir a ensuite été hissé sur la prison.


 

[1] La Patrie, 30 septembre 1930.

[2] La Patrie du 30 septembre 1930 spécifia qu’il s’agissait du 9ème meurtre commis à l’extérieur de Montréal dans la province depuis la nomination du chef Lalonde le 1er mars 1929.  On présenta ensuite un résumé de plusieurs de ces cas.

[3] L’Avenir du Nord, 20 février 1931.

[4] La Patrie, 22 mai 1931.

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