Meurtre motivé par les gains relatifs aux assurances ou à l’héritage/Homicide domestique par une conjointe – empoisonnement (arsenic)
Sherbrooke – 1 SC
Béatrice « Madame Ludger » Chapdelaine, sa femme de 32 ans, condamnée à mort puis acquittée; Gédéon Bernard, 5 ans pour complicité.
Le 6 mars 1932, c’est dans un hôpital de Sherbrooke qu’est décédé le chauffeur de taxi Ludger Chapdelaine. Il avait été admis deux semaines plus tôt pour des douleurs à l’estomac. Sur son lit de mort, il a accusé sa femme de l’avoir tué, mais celle-ci a répondu en riant. C’est grâce aux soupçons entretenus par son frère Élie qu’une première enquête de coroner a été tenue. Toutefois, celle-ci a conclu à une mort naturelle. Par la suite, le médecin légiste Rosario Fontaine a insisté pour dire qu’il avait détecté des signes d’empoisonnement. Grâce à lui, l’enquête s’est rouverte, au point de procéder aux arrestations de Béatrice Bernard Chapdelaine, la veuve de 32 ans, ainsi que le frère de Béatrice, Gédéon Bernard. La veuve aurait ensuite avoué aux policiers avoir donné de l’arsenic à son mari parce qu’il y avait une police d’assurance vie de 2 500$[1] Gédéon Bernard se serait chargé d’acheter le poison, prétextant vouloir l’utilisier pour vermifuger des chevaux[2].
Lors du procès, en décembre 1932, les aveux de l’accusée ont été admis en preuve. Elle a d’ailleurs été reconnue coupable et condamnée à être pendue. En janvier 1933, son frère a été condamné à 5 ans de réclusion pour complicité. En janvier 1934, Béatrice a eu droit à un deuxième procès au terme duquel elle a été condamnée à nouveau. La Cour Suprême a ordonné un troisième procès, qui s’est tenu en janvier 1936 à Québec. Au moment de la plaidoirie, l’accusée a perdu conscience, exactement comme elle l’avait fait lors de son second procès. C’est sous les applaudissements qu’elle a été acquittée.
[1] Daniel Proulx, Les grands procès du Québec, 1996, p. 119-128.
[2] Pratique soi-disant courante à l’époque.
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